LANCÉE LE 24 FÉVRIER DERNIER : Jusqu’où mènera la guerre russo-ukrainienne ?

Dans son allocution du 24 février dernier annonçant le début de l’opération militaire russe en Ukraine, Vladimir Poutine remet en cause l’existence de ce pays en tant qu’État souverain et indépendant et dans la foulée, il égratigne Vladimir Lénine, fondateur de l’État Soviétique et son successeur, Joseph Staline tout en épargnant soigneusement le dernier président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev qui, en conséquence de sa politique de glasnost et perestroïka, provoqua finalement la désagrégation en 1991 de l’Union Soviétique en 15 États dont l’Ukraine, deuxième après la Russie en termes de démographie, potentiel économique et niveau de développement. Boris Eltsine, premier président de la Fédération de Russie de 1991 à 1999, qui créa la Communauté des États Indépendants (CEI) en 1991 entre la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie a également été ménagé, ce manifestement pour une histoire d’accommodement.

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Car, c’est en effet, à nul autre que Vladimir Poutine, ancien chef du KGB et âgé alors de 47 ans que Eltsine, souffrant d’une santé défaillante en raison, semble-t-il, de son penchant prononcé pour la bouteille et dans l’incapacité de gouverner pour terminer son second mandat, choisit d’offrir le pouvoir sur un plateau en janvier 2000 avant même l’organisation d’un scrutin populaire.

Les observateurs concernés pourraient encore longtemps polémiquer sur les motivations réelles du coup d’État manqué d’août 91 visant à renverser Mikhaïl Gorbatchev alors qu’il passait les vacances d’été au bord de la mer Noire mais toujours est-il que les réformes profondes de la société soviétique initiées en 1985 n’étaient pas au goût de tout le monde, particulièrement des conservateurs. Sous le leadership de nul autre que le No.2 du régime d’alors, Gennady Yanayev, ces derniers tentèrent en vain un coup de force pour renverser le cours des événements. En effet, par rapport aux objectifs de ces réformes que Mikhaïl Gorbatchev décrit lui-même dans son livre « Perestroïka – une nouvelle vision pour notre pays et le monde » publié en 1988, l’auteur admet aujourd’hui n’avoir pu maîtriser certaines circonstances qui avaient surgi alors avec pour conséquence ultime la dislocation pure et simple de l’Union Soviétique. En présence de plus d’autonomie administrative et économique que leur accordait Moscou, les républiques n’avaient fait que saisir la balle au bond pour ouvrir grandement la vanne de la liberté et, éventuellement, de leur indépendance. Et le remplacement de la bannière rouge frappée de la faucille et du marteau sur le toit du Kremlin le 26 décembre 1991 par le tricolore russe sous les directives de Boris Eltsine, sonna alors le glas de l’URSS, ce même si toutes les tentatives d’enlever le corps embaumé de Lénine du mausolée sur la place Rouge depuis 1924 pour l’enterrer à Leningrad, aujourd’hui Saint-Pétersbourg « afin d’accomplir ses dernières volontés », selon ses détracteurs, n’ont jusqu’ici pas abouti.

Certes, l’union des 15 républiques comportant de nombreuses sous-républiques autonomes avec des cultures, langues et traditions différentes sous l’ombrelle de l’URSS n’était guère un long fleuve tranquille. Des tensions entre républiques existaient toujours comme par exemple entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur le problème de Nagorno-Karabakh, enclave peuplée majoritairement d’Arméniens dans l’Azerbaïdjan mais revendiquée par l’Arménie et qui a été le théâtre dans le passé et récemment encore en 2020 des guerres sanglantes entre les deux voisins. Ou encore entre sous-républiques autonomes et républiques de l’Union sur la question de l’indépendance comme c’est le cas concernant la Tchétchénie, le Daguestan ou encore l’Ossétie du Nord, sous-républiques du Caucase vis-à-vis de la Russie. Mais il y avait tout de même à l’époque un organisme régulateur structuré agissant comme arbitre à Moscou pour dénouer les litiges et différends. Or, aujourd’hui, face à une ONU impuissante, la violence se multiplie dans différentes régions de la planète. Certes, il existe la Cour internationale de justice (CIJ) qui a d’ailleurs été saisie par Kiev pour obtenir la condamnation de Moscou pour crimes contre l’humanité mais que préconise justement l’Organisation dans l’immédiat pour stopper cette maudite guerre et la mort des civils incluant femmes et enfants ?

Dans le contexte actuel des relations internationales, une « perestroïka » de l’ONU est devenue hautement indispensable ; or, il est malheureux que les principaux décideurs de la politique mondiale soient ceux-là mêmes que le statu quo arrange.

                                                                                                                                      

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