Les procédures pour l’octroi de 400 nouvelles cartes de pêcheurs sont en cours. Plusieurs postulants ont ainsi été appelés à suivre les cours pour la pêche hors du lagon et des tests de natation, notamment. Un exercice que beaucoup qualifient de Eye Wash de par le profil de certains candidats. De plus, les officiers des Fisheries sont contraints de signer des formulaires certifiant que des demandeurs sont engagés dans des activités de pêche, alors qu’il n’y a eu aucun suivi à ce sujet…
« Un festival pour des koler lafis et des chatwas. » C’est ainsi que l’on commente la prochaine distribution de nouvelles cartes de pêcheurs. Le gouvernement a prévu d’émettre 400 nouvelles cartes au total. On ne sait encore si cela se fera par batch mais il est certain que les procédures ont déjà été enclenchées. Raison pour laquelle ceux qui connaissent le dossier tirent la sonnette d’alarme sur les manquements et le favoritisme.
D’abord, fait-on ressortir, ces procédures sont complètement faussées car les officiers du Fisheries Protection Service (FPS) sont contraints, ces jours-ci, d’apposer leurs signatures sur les formulaires de demande, sans avoir effectué de suivi. Les conditions imposées pour l’octroi de la carte de pêcheur sont que les activités du demandeur doivent être contrôlées par le FPS pendant une période de six mois. Il doit, en outre, prouver qu’il est sorti pêcher pendant 75% des jours comptabilisés, soit en dehors des avis de mauvais temps, des week-ends et des jours fériés.
Or, tel n’a pas été le cas. Pour la bonne et simple raison qu’il y a un manque d’effectif au FPS. La plupart des postes opèrent avec deux ou trois officiers; l’un d’eux doit assurer la permanence. Celui ou ceux qui restent ne peuvent couvrir tous les débarcadères de leurs Catchment Areas. « Ils sont contraints, contre leur gré, d’apposer leurs signatures, de peur de subir des pressions ou des sanctions d’en haut, comme cela a été le cas récemment. Ils se rendent ainsi complices de la situation », fait-on comprendre.
Une autre condition qui semble avoir été mise de côté de par le profil de certains candidats qui se présentent pour les tests est le critère d’âge. Il est stipulé dans les conditions for registration, que le demandeur doit avoir entre 18 et 50 ans. Or, dans une région de l’île, une dame de 60 ans s’est présentée cette semaine à l’épreuve de natation.
« On lui a demandé de nager à une cinquantaine de mètres de la plage, alors que la carte est pour la pêche hors du lagon !» proteste-t-on.
Beaucoup d’interrogations subsistent également quant au critère d’emploi. Les conditions stipulent en effet, qu’il ne faut pas pratiquer un autre métier à part la pêche. Or, beaucoup de personnes ont affirmé avoir fait des demandes de carte de pêcheurs depuis plus de dix ans.
« Qu’ont-ils fait entre temps ? N’ont-ils aucune activité professionnelle ? La réalité c’est qu’aujourd’hui, des personnes travaillant comme chauffeurs de van ou maçons se verront octroyer des cartes de pêcheurs. Puisqu’il n’y a pas eu de monitoring, personne n’en saura rien », se demande-t-on.
Et même quand on est au courant de la situation, on ne peut rien dire, déplorent les officiers. C’est notamment le cas d’un banian habitant un village de l’Est, qui est allé faire signer son formulaire de demande sur la côte Sud-Est. Les officiers auraient reçu comme instruction de signer le formulaire car le principal concerné serait un locataire dans la région !
En réalité, dit-on, il aurait évité l’enregistrement dans son village où tout le monde sait qu’il est banian et surtout, qu’il est un agent notoire pour la majorité de la circonscription de Flacq/Bon-Accueil (No 9).
La course pour les cartes de pêcheurs a pour toile de fond les avantages comme l’allocation de mauvais temps, payé à Rs 475 par jour lorsque la mer est impraticable. Sans compter les possibilités d’emprunt à faible taux d’intérêts auprès de la Development Bank of Mauritius et les facilités Duty Free pour l’achat de moteurs.
« En gros, c’est une dilapidation des fonds publics. Beaucoup ont une carte de pêcheurs, mais restent chez eux et ne mettent jamais les pieds en mer », résume-t-on. La nouvelle procédure d’enregistrement est un exemple de plus, de cette situation. Certains attendent avec impatience de voir la liste officielle des nouveaux bénéficiaires, afin de vérifier, qui sont les Genuine Fishermen.