Après trois mois d’attente pour la récolte des melons d’eau, les pluies torrentielles laissent un spectacle de désolation dans les plantations
Après le passage des pluies torrentielles du week-end, les planteurs de légumes font un constat des lieux dans leurs champs. C’est notamment le cas de Sheheryaal Domun, qui récupère ce qui reste dans sa plantation de melon d’eau, à Bénarès. Presque la moitié de la récolte a été abîmée par la pluie. La situation est également consternante dans les plantations de patole, de calebasse et de margoze à côté. Pour ce jeune homme de 28 ans, il faut persévérer, tout en espérant que le gouvernement donnera le support nécessaire aux planteurs pour se relancer.
Trois mois après la mise en terre des graines de pastèque, l’heure est à la récolte pour la famille Domun de Camp-Diable. Sauf qu’entre-temps, il y a eu deux cyclones et des épisodes de pluies torrentielles. Dans les plantations de Bénarès, c’est la désolation. Sheheryaal Domun, l’un des fils de Siddick Domun, qui a suivi son père dans ce métier, fait le tri des melons d’eau. « Il y en a qu’on pourra récupérer et d’autres qu’il faudra jeter. Ces pluies ont affecté considérablement la récolte. On a perdu près de 50% », déplore-t-il.
Pourtant, pour pouvoir profiter de cette récolte, sa famille a beaucoup investi. Outre le terrain loué à bail à la propriété sucrière au coût de Rs 30 000 l’hectare pour la saison, qui dure cinq à six mois, il faut aussi investir dans l’irrigation. Surtout pour les pastèques, qui nécessitent beaucoup d’eau pour croître. « Pour l’irrigation au pivot, cela coûte Rs 1 000 par arpent. On en fait un chaque semaine. Cela fait Rs 4 000 par mois. Si vous avez dix arpents, vous devez payer Rs 10 000 pour chaque séance d’arrosage. Mais quand on entre dans la période des pluies, on n’en a pas besoin. »
Avec toutes ces dépenses, les planteurs n’arrivent pas à rentrer dans leurs frais lorsque la pluie détruit les récoltes, comme c’est le cas actuellement. « Le gouvernement doit voir ce qu’il peut faire pour les planteurs. Il n’y a pas que moi. D’autres camarades qui sont dans la même situation. Tous les légumes ont été abîmés par la pluie. » Outre les pastèques, il y a des légumes comme la calebasse, le patole et autre margoze dont la récolte est compromise. « On a perdu tout le cotomili. C’est devenu noir avec la pluie. »
À 28 ans, Sheheryaal Domun a suivi les traces de son père, Siddick, en devenant planteur de légumes à son tour. Un métier qui ne le dérange nullement en tant que jeune. « Mon père est planteur depuis plus de 15 ans. Chaque année, il loue le terrain à la propriété sucrière pendant cinq à six mois pour planter des légumes. Mon frère Al Fayed et moi, on venait l’aider. C’est ainsi qu’on a fini par faire ce métier. »
S’il se dit passionné, il faut toutefois s’armer de courage et de patience pour pouvoir persévérer. « Voyez le melon d’eau, par exemple, cela demande beaucoup de soins. Il a fallu attendre trois mois pour la récolte. Entre-temps, il y a eu deux cyclones. Malgré cela, on a pu sauver la mise en achetant des produits, même un peu cher, pour aider les plantes à reprendre. Mais ensuite il y a eu les pluies torrentielles. Et c’est cela qui a fait le plus de dégâts. »
S’il avait pu faire de bonnes récoltes l’année dernière, le jeune planteur se dit inquiet pour cette année. « Depuis le début de l’année, on doit composer avec le mauvais temps. On n’a pas eu une bonne période ensoleillée, qui est très importante pour la maturité des légumes et des fruits. Le melon d’eau, par exemple, a besoin de soleil pour mûrir et avoir le bon goût sucré. Autrement, cela peut grossir sans pour autant être sucré. »
Et qu’en est-il de la vente ? Heureusement que pour le moment, avance Sheheryaal Domun, la clientèle suit. Le melon d’eau se vend à Rs 40-45 le kilo. Un fruit pèse au minimum entre 4 et 12 kilos. « Pour le moment, les gens achètent. Parfois, il y a des voitures qui s’arrêtent et viennent acheter directement dans la plantation. Autrement, on envoie à la vente à l’encan ou on contacte les marchands, qui viennent alors les prendre. »
En dépit des difficultés, le jeune homme se dit déterminé à persévérer dans cette voie. « Il y a de l’avenir pour les jeunes dans ce métier. Il n’y a pas que la pluie qui nous fatigue, il y a aussi les vols. En plus, de nos jours, les produits pour traiter les plantes sont chers. La location du terrain coûte cher également. »
À cela, il faut ajouter les efforts physiques. Dans les endroits inaccessibles aux machines, l’arrosage doit se faire à la main. « Pour cela, il faut compter 14 à 15 allers-retours pour transporter l’eau. » La journée du jeune planteur débute à l’aube dans les champs. Il y restera jusqu’au soir. « Actuellement, c’est la récolte. Il faut donc récolter, faire le tri, placer les commandes, livrer… »
La journée de travail terminée, il faut aussi s’organiser pour la surveillance des plantations. « Voler fatig nou boukou », dit-il. Avec ses proches, il doit alors s’organiser et se relayer pour passer la nuit dans la petite tente érigée au milieu de la plantation. Avec plusieurs autres planteurs à côté, l’entraide est au rendez-vous. Chacun jette également un coup d’œil chez son voisin. D’autres recrutent des personnes pour garder les plantations la nuit.
La famille Domun peut également compter sur la quinzaine de femmes qu’elle a engagée pour travailler dans les plantations. « Elles sont d’une grande aide. Elles aident à nettoyer, enlever les mauvaises herbes, mettre les produits, et ainsi de suite. Les hommes ne sont pas intéressés à faire ce boulot. »
Le jeune homme se dit déterminé à aller de l’avant, malgré les difficultés. Il espère que le temps sera plus favorable aux planteurs dans les mois à venir et, surtout, que les autorités leur apporteront le soutien nécessaire.