Roder bout

Le journalisme est l’un des plus beaux métiers que le monde connaît. Symbole même de la liberté de pensée, voire d’expression, de par ses différentes prises de position. Une presse libre et dont le but ultime est d’être capable de jouer son rôle de contre-pouvoir en toute impartialité ! Ce beau métier, qui est exercé quotidiennement depuis plus de 400 ans, s’est construit et popularisé à travers l’évolution du temps.

- Publicité -

C’est du reste grâce à la presse que le monde peut aujourd’hui retracer les grands récits de l’histoire qu’ont été les guerres mondiales, la grande dépression de 1929, tout en tenant compte des grandes épidémies qui ont tué des millions de personnes à travers le monde dont le Covid-19. Sans la révolution de la presse à l’imprimerie et aujourd’hui internet, la propagation de l’information se serait, malheureusement, cantonné à ce qui fut, un temps, aux crieurs et autres informations placardées sur les murs et les portes ! Eh bien oui, c’était bien ça, le début de la fabuleuse aventure de la presse.

Ainsi, rendons hommage à tous nos illustres prédécesseurs — les vrais — à travers le globe comme à Maurice, qui ont su donner au journalisme son vrai sens, sa vraie valeur et une identité propre à lui, basée sur les principes de la vie. Un métier non sans risque en tenant compte du nombre de journalistes ayant connu la prison, qui ont péri dans les conflits armés ou encore ont été exécutés de la façon la plus barbare qui soit. À Maurice, le métier est exercé dans un certain confort, trop même parfois, serait-on tenté de le dire. Au point où certains oublient très vite les valeurs et fondamentaux. Être journaliste, c’est avant tout un sacerdoce. Donc, il faut aimer ce qu’on fait, sans aucune arrière-pensée. Il faut être libre et capable surtout de distinguer le vrai du faux et surtout garder cette ligne de démarcation, afin d’éviter de sombrer dans l’extrême. Car le métier de journaliste, il est noble, intègre et tourne singulièrement autour d’un élément fondamental qu’est cette plume tant redoutée.

Cette plume, ô combien puissante, et qui fait notre force. Le quatrième pouvoir comme on le dit souvent après le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Malheureusement aujourd’hui, cette plume a, en cours de route, perdu de sa vertu ! Au point où les intérêts personnels semblent avoir pris la mesure du bon sens, de l’intégrité et de la crédibilité.

Certains « mercenaires », à la solde de ceux qui dirigent, pensant que tout est permis, notamment celui de ternir plus de quatre siècles d’histoires d’un trait de… plume de façon très peu conventionnelle pour ne pas dire honteuse ! Pourquoi s’orienter dans ce sens ? C’est sans doute la question que vous vous posez à l’heure de parcourir ces quelques lignes. Tout simplement pour défendre cette plume sacrée, voire sacrosainte, et conserver la dignité qui lui est sienne. C’est un devoir de mémoire de le faire surtout en constatant ce qui se passe autour de nous au fil du temps.

Il est même très important de le faire maintenant, afin de démontrer que la presse libre existe toujours et continuera à exister. Même si le métier de journaliste est constamment menacé, voire persécuté, par un pouvoir planétaire symbolisant, ce que nous appellerons désormais la « mondialisation de la dictature ».

D’ailleurs, ce qui se passe à travers le monde et à Maurice est très grave. C’est la raison pour laquelle chaque goutte pertinente de l’encre de cette plume compte et doit pouvoir exprimer une pensée intellectuelle sincère, libre et pure. Malheureusement, la façon dont certains traitent l’information nous laisse très souvent perplexe. Au lieu de jouer pleinement leur rôle de contre-pouvoir, certains, aux aguets, trouvent toujours moyen à venir défendre ceux qui pourtant « pe fane ».

Et ça, c’est très inquiétant et dangereux pour la profession. Aussi bien que les « roder bout » qui sont de plus en plus nombreux sur la place publique. Toujours très complaisant, quitte à dénaturer complètement les principes de la profession. Sans compter ceux qui portent plusieurs chapeaux et dont les faits et gestes font rougir.

Ce qui nous gêne surtout, c’est cette démarche peu orthodoxe à vouloir toujours mettre les bâtons dans les roues. Non pas pour dénoncer les abus, mais pour apporter de l’eau au moulin de ceux qui bafouent pourtant les règles et les principes de la bonne gouvernance. Comme trouver aussi moyen de venir contrarier la diffusion d’une information, voire d’une critique, reposant pourtant sur des faits établis. N’hésitons pas à le dire, la profession commence à souffrir d’un manque de crédibilité. Heureusement pas à tous les niveaux. Heureusement aussi qu’on retrouve toujours aujourd’hui des personnes de bonne conscience, de discernement et qui n’ont certainement pas les mains liées pour des raisons évidentes. La question qu’il faut désormais se poser, c’est pourquoi et comment en sommes nous arrivés là ? La réponse est toute simple : tout comme la société civile, certains se laissent trop facilement influencés par ce que nous considérons des futilités et très souvent difficilement refusables ! Et ça, c’est vraiment dommage ! Certes, on ne naît pas journaliste, mais on peut le devenir avec le temps. À force de travail, de rigueur et de discipline, on parvient à faire avancer des situations. Notre satisfaction: celle de défendre la vérité, voire la démocratie. Sommes-nous aujourd’hui tous capables d’en dire autant ? Serons-nous en mesure de marcher la tête haute après une longue carrière et de jeter, avec fierté, un coup d’œil dans le rétroviseur ? À chacun de se remettre en question et de se demander surtout s’il est digne de tenir la plume !

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour