L’année dernière, au plus fort de la vague de covid, onze patients dialysés qui suivaient leur traitement à l’hôpital de Souillac, décèdent en quelques jours de covid, suscitant toutes sortes de questionnements. Est-ce que les malades ont attrapé le virus à l’endroit même où ils venaient se faire soigner et qui doit être, par définition médicale, exempt de toute possibilité de contamination ? Les questions des parents des défunts ont obligé le ministère de la Santé – dont on sait, depuis, que les responsables ne sont responsables de rien – à ouvrir une enquête. Un Fact Finding Committee est institué pour faire la lumière sur les circonstances entourant la mort des onze patients dialysés. L’enquête durera une année avant que le comité ne dépose son rapport. Un rapport qui ne sera pas rendu public, a décrété le ministre de la Santé. Pourquoi nomme t-on un FFC pour ne pas publier ses conclusions ? Ce refus de rendre publiques les conclusions oblige à se poser la question suivante : qu’est-ce que le ministère tente de cacher ? En parlant d’enquête, on attend toujours les résultats de celles ouvertes sur les achats de médicaments et matériaux médicaux pendant la première vague du covid, dont les vendeurs étaient des copains et proches du pouvoir qui avaient connu une transformation professionnelle extraordinaire. Du jour au lendemain, ces quincaillers, vendeurs de poissons et autres gérants d’établissements hôteliers étaient devenus des importateurs de médicaments et d’équipements médicaux agréés par le ministère de la Santé. Au niveau des enquêtes concernant le ministère de la Santé, on se demande où en est celle sur l’acquisition du fameux molnupiravir dont un million de comprimés furent achetés pour Rs 80 millions, à un prix bien plus élevé que celui du marché. Mais il ne faut pas attendre des conclusions rapides dans ce dernier scandale, l’enquête ayant été confiée à l’ICAC qui prend son temps et qui a, paraît-il, une formule pour laver plus blanc que les meilleurs marques de lessive. Espérons que le bureau de l’Audit aura pu faire son travail et obtenir les dossiers pour éclairer le public sur les opérations douteuses du ministère de la Santé.
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On l’avait dit et écrit à la ministre de la Sécurité sociale : faire payer les pensions après la fin du mois est une source de complications pour les personnes du troisième age. Pour beaucoup d’entre elles, cette pension sert à regeler les dépenses courantes et importantes : le loyer, l’électricité, l’eau et, ce qui reste, pour faire les provisions et le bazar. Depuis des générations, les salaires et les pensions sont payés à la fin du mois ou au tout début du suivant et il n’y avait aucune raison de changer un système qui fonctionne. Il paraît que certains fonctionnaires technocrates ont trouvé qu’il était possible qu’en raison de la mort d’un pensionnaire, sa pension soit quand même payée. Au lieu de mettre au point un mécanisme pour faire rembourser QUELQUES pensions de trop, ils ont préféré payer plus tard TOUS les pensionnaires. Résultat, une vague de protestations et de récriminations qui ont obligé les ministres et députés, pris à parti, à réagir. Pas mal de pensionnaires leur ont rappelé qu’ils ont été élus grâce aux voix du troisième âge – alléché par une promesse électorale – et ont menacé de se souvenir du mauvais traitement subi pour les prochaines élections. Du coup, la colère des vieux a été entendue et le système qui avait fait ses preuves rétabli. Est-ce que la ministre de la Sécurité sociale n’aurait pas fait l’économie d’un rétropédalage si elle avait consulté avant de décider ?
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Pour célébrer la journée internationale de la Femme, le ministère du même nom a organisé une grande cérémonie. La ministre lut un discours pour retracer les grandes étapes de l’évolution de la Mauricienne au cours de ces dernières années. Le grand responsable de ces changements est, selon le discours du ministre de la Femme, un homme, Pravind Jugnauth, qualifié de « champion de la cause féminine. » On est habitué à ces discours ministériels dont le sujet et le héros ne peuvent être que Pravind Jugnauth affublé de tous les adjectifs qualificatifs disponibles dans le dictionnaire. Pour illustrer les étapes de l’évolution féminine, un clip produit par le ministère de la Femme fut ensuite projeté. Il mettait l’emphase sur les postes de responsabilité attribués aux femmes depuis 2014 par le pouvoir en place. On fit mention de la première Speakrine, de la Première Chef Juge, mais on oublia le plus important : la première Présidente. On peut penser ce que l’on veut d’Amina Gurib Fakim, mais on ne peut passer sous silence le fait qu’elle a été la première Mauricienne à occuper le poste de présidente de la République. Et pourtant, le ministère de la Femme n’a pas hésité à le faire. C’est ce qui s’appelle écrire l’Histoire avec une gomme élastique et c’est de la mesquinerie.
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