Médecins généralistes et spécialistes, du public comme du privé, de la vieille garde autant que la jeune génération se disent révoltés et dégoûtés par la campagne qui se déroule actuellement au sein du corps médical local, en vue des élections du Medical Council (MC). Le vote se déroulera le 19 mars dans cinq Polling Centres, contrairement aux années précédentes, soit dans les régions Nord, Sud, Est, Ouest, et Central, afin de permettre au plus grand nombre de médecins mauriciens d’élire le nouveau Board du MC.
Si cette mesure est saluée, en revanche des médecins se disent outrés par l’usage abusif des réseaux sociaux pour mener « une campagne hautement communale, et qui ne fait pas du tout honneur à la profession ». Ils dénoncent, téléphones à l’appui, des messages à caractère communal qui sont envoyés, dans le style « vote bloc lekip XXX, ou vote lekip sapo », pour dénoter la différence.
Ces professionnels de la médecine expliquent que « des clans ont été formés dans le cadre de ces élections. C’est dégoûtant et infect ! » Ce qui révulse ces médecins : « une telle pratique ne fait définitivement pas honneur à notre profession. Pire, si on se plie aux demandes de ces candidats et leurs agents… L’objectif premier est d’élire un comité pour gérer le MC.»
Dans la même veine, poursuivent ces médecins, « cela fait des années que nous décrions le fait que la composition du board du MC comprenne des « laymen »: quelle est la logique derrière cela ? Les médecins qui y siègent ne sont-ils pas des membres du public ?»
Ces médecins sont d’avis que « pour ce qui est des élections du 19 mars prochain, la Commission électorale et surtout, le commissaire électoral, Irfan Rahman, doivent être mis au courant des malpractices ayant cours en ce moment. Nous attendons que ces instances prennent des sanctions eu égard à ces membres de la profession qui ternissent sa réputation et qui n’ont aucun respect pour leurs collègues ».
Les médecins rencontrés s’interrogent sur « cette campagne malsaine, ponctuée de pratiques néfastes à la médecine, qui aurait la bénédiction du ministre Jagutpal, d’autant qu’il a été lui-même président de cet organisme. Ne devrait-il pas prendre des actions ? »
Quelques professionnels de l’ancienne garde, qui ont également souhaité dénoncer ces mauvaises pratiques électorales, soulignent qu’ils « n’ont plus de courage à continuer à lutter. Il y a trop, beaucoup trop d’ingérences dans le Medical Council. Nous avons demandé, depuis plusieurs années d’ailleurs, que cette instance soit un organisme indépendant et neutre, afin qu’il soit respecté comme il se doit.
Mais on ne nous a jamais écoutés. Aujourd’hui, avec la crise de confiance qui frappe quasiment toutes nos institutions nationales, au tour de la médecine de voir sa crédibilité voler en éclats, si on laisse faire ces élections dans pareilles conditions ».
Des médecins font aussi remarquer « l’inégalité et l’injustice des critères des élections comme la nécessité d’élire six médecins du privé (trois généralistes et trois spécialistes) et huit du public (quatre généralistes et quatre spécialistes). « Nous appartenons tous au même corps médical national. Pourquoi cette discrimination et ce désir à peine voilé de Downgrade ceux pratiquant dans le privé ? Est-ce pour s’assurer que le ministre et le régime en place aient toujours le dernier mot dans tous les cas de figure ? »
Ces professionnels disent « rejeter totalement ce type de telles pratiques! Nous avons la confiance et l’estime de la population. Nous refusons de nous abaisser à un tel niveau, uniquement par soif de pouvoir ».