Michaël Augustin et John Roy Spéville, deux habitants de Bambous, âgés de 27 ans et 31 ans respectivement, accusés de vol avec violence sur des employés de la Corporation Nationale de Transport (CNT), ont été arrêtés la semaine dernière par les hommes du Detective Inspector Thandrayen de la Field Intelligence Unit sous la supervision du surintendant de police Sam Bansoodeb.
Deux autres suspects sont toujours recherchés. Ils agissaient en bande pour agresser les receveurs et volaient leurs recettes. Ils ont attaqué trois employés de cette compagnie d’autobus opérant sur la ligne 52. Le premier vol a eu lieu le 24 février sur le trajet Port-Louis/Geoffroy/Bambous. Les deux suspects ont avoué avoir fait main basse sur la sacoche de la receveuse après avoir pointé une arme sur elle. Ils ont comparu en Cour de Bambous
M.C. qui travaille pour le compte de la CNT, raconte que le vol avait été commis sur le trajet Port-Louis/Geoffroy/Bambous. Elle avait en sa possession les recettes recueillies plus tôt.
Les suspects avaient pris place à l’arrière de l’autobus pour se rendre à Résidence NHDC, Bambous. Ils étaient à plusieurs et rentraient chez eux après avoir pris leur dose de Méthadone. « lls faisaient du bruit et discutaient entre eux comme ils ont l’habitude de faire. » Ils se sont ensuite dirigés vers la receveuse qui a signalé au chauffeur de faire marche arrière et deux d’entre eux l’ont immobilisée pendant qu’un troisième vidait sa poche. « Zot ti vinn bien violan, zot finn arass mo cash », confie-t-elle.
Pendant la même journée, ces bandits ont attaqué un autre receveur de sa compagnie. Dans sa déposition au poste de police de Bambous, le receveur explique aux enquêteurs que deux jeunes à bord de l’autobus, à proximité du conseil de village, ont refusé de payer leurs tickets d’autobus. « Nou pou desan pli divan », ont-ils répondu au receveur. Arrivé tout près de l’école du gouvernement, le receveur leur a demandé de descendre de l’autobus. Ils ont refusé. « Nous sommes confrontés à de telles situations presque quotidiennement. La violence peut prendre plusieurs formes. Agressions verbales, insultes, agressions physiques, coups et blessures, le refus de payer le tarif exact. La violence augmente chaque jour. Le risque de violence est élevé. Nou la vi vinn sak zour enn danze », témoigne-t-elle.
Et compte tenu des risques liés au métier de conducteur et de receveur d’autobus, le receveur B, qui a travaillé pendant plus de 15 ans sur cette route, croit que les compagnies d’autobus qui desservent celle-ci doivent réfléchir sur les dispositions pour protéger les employés. Il suggère la mise en place d’une liaison permanente entre les autobus, le garage et les caméras de surveillance à l’intérieur des autobus. Il propose aussi plus de policiers là où les travailleurs du transport se font agresser, et de cibler des Black Spots, comme entre autres Bambous, Albion, Pointe-aux-Sables, Baie-du-Tombeau, Résidence Vallijee. Une présence policière dissuassive est évoquée pour assurer la sécurité du public, des receveurs et des chauffeurs. « Ti deza diskit tou sa bann mezir dan le pase. Nanyen pa finn sanze », rappelle-t-on.
Une receveuse qui a travaillé pendant de longues années pour une compagnie d’autobus est d’un autre avis. Elle ne comprend toujours pas l’indifférence de certains responsables de compagnies d’autobus après avoir pris connaissance que leurs employés ont été agressés ou ont eu à affaire à des passagers récalcitrants lors d’un trajet. « Zot bizin okouran me zot pa fer nanyen. Zot fer kouma dir nanyen pa finn arive », déplore-t-elle en lançant « faut-il qu’il y ait mort d’homme dans un autobus pour qu’ils prennent au sérieux ce qui se passe ? »
John Anseline, conseiller du village de Bambous et des habitants sont inquiets. Ils sont, en effet, aujourd’hui de plus en plus nombreux à constater une montée en puissance de l’insécurité. « La situation s’est considérablement dégradée ces dernières années », dira un autre conseiller sous le couvert de l’anonymat. « Nous notons une dégradation surtout lorsque les toxicomanes s’y mêlent. La situation peut vraiment basculer. Heureusement, la délinquance ne concerne pas l’ensemble des résidences », dit-il.
John Anseline dénonce le nombre d’agressions dans les autobus, plus particulièrement sur la ligne desservant l’Ouesr. « Quand l’argent est visible, les receveurs et les receveuses sont des proies faciles. Ena enn bann bandi ki pa oule travay, zot kontan gagn larzan fasil », s’insurge-t-il. Il plaint ces mères et pères de famille, receveurs et chauffeurs d’autobus qui doivent prendre le travail à 3h ou 4h du matin.
Le conseiller Anseline a décidé de prendre le taureau par les cornes. Il a pris rendez-vous avec les députés de la région pour qu’ils sollicitent une rencontre au plus vite au bureau du Premier ministre. « Bann madam kontroler pa kapav gagn problem souvan koumsa. On ne peut tolérer cette situation » , regrette-t-il. Outre le nombre de vols dans la région de Bambous et l’agression de receveurs et des chauffeurs d’autobus, le nombre de vol commis par des marchands de ferraille dans la localité ne fait qu’augmenter. « Ils emportent des couvertures en métal, des bouches d’égout depuis que l’interdiction concernant la vente de ferraille a été levée, comme le préconise le budget 2019/20202. Zot rant dan ou la kour kouma dir zot pe rant dan zot salon », confirme-t-il.
Pour résoudre ce problème, il faut impérativement augmenter le nombre d’officiers affectés au poste de police de Bambous et leur fournir les moyens nécessaires. « Il faut mettre fin à ce climat malsain et d’insécurité qui règne », s’appesantit-il. Il note que les habitants sont remontés. « Ne soyez pas étonnés si des habitants prennent la loi entre leurs mains pour donner une bonne correction à ces individus qui sèment le trouble dans le village », met-il en garde comme pour mieux traduire l’exaspétation et les appéhensions des habitants au titre du Law and Order.
Pour rappel, des résidents de Bambous ont accueilli en janvier dernier une compagnie privée qui avait pour mission d’écouter les doléances des habitants de cette localité. Il était question des difficultés qu’éprouvent les responsables de syndic pour gérer les conflits qui menacent la sérénité et le bien-être des habitants. D’autres problèmes ont été soulevés par les habitants : la drogue, la prostitution, les constructions illégales, l’atteinte à la propriété, la nuisance sonore et les animaux qui pénètrent dans la cour ou à l’intérieur des maisons.