Le Guide - Législatives 2024

De la « démocratie » ?

Depuis la semaine dernière, la Russie a envahi militairement sa voisine, l’Ukraine. Vladimir Poutine, le président russe, a décrété que l’Ukraine étant dirigée par des fascistes et des corrompus, il avait le devoir d’envoyer ses soldats « dénazifier » le régime ukrainien. Depuis le 24 février, les villes ukrainiennes sont bombardées, incendiées et sa plus importante centrale nucléaire — qui est aussi celle de l’Europe — a été attaquée. Les villes ukrainiennes ressemblent, au choix, aux quartiers de Londres bombardés par l’aviation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale ou à une des villes de Syrie après le passage des chars de Bashar Al Assad et des avions militaires de son ami et allié Vladimir Poutine. L’objectif de l’armée russe est simple, et d’ailleurs, son président s’en vante publiquement : occuper militairement l’Ukraine, détruire ses villes en affamant ses habitants et en les poussant à prendre la route de l’exil afin de l’annexer tout simplement à la Russie. Quelle est la raison de cette annexion militaire ? Vladimir Poutine considère que l’Ukraine, étant le berceau historique de la Russie, doit revenir dans le giron russe. Pour ce faire, il a déployé une armée de plusieurs centaines de milliers de soldats qui encerclent l’Ukraine pour la conquérir, se débarrasser de ses dirigeants, démocratiquement élus, pour les remplacer par un gouvernement de son choix avec, sans doute, un nouveau nom. Autrement dit, Vladimir Poutine veut tout simplement rayer l’Ukraine et ses 40 millions d’habitants de la carte du monde.

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Si un dirigeant d’un pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine avait seulement osé menacer de se lancer dans l’annexion d’un pays voisin, l’Occident aurait immédiatement réagi. Ses pays membres se seraient levés comme un seul homme pour non seulement condamner verbalement, mais pour mobiliser leurs troupes pour empêcher l’annexion au nom de la défense de la démocratie dont ils sont les héritiers et les défenseurs autoproclamés. On l’a vu il n’y a pas longtemps au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Sud. Avant encore, c’est pour sauver la démocratie et faire reculer le communisme que le Vietnam et d’autres pays voisins d’Asie ont été envahis militairement, tout comme des pays du Moyen-Orient et d’Afrique. Certaines régions du monde continuent, des années après l’invasion et l’occupation militaire qui les ont dévastés et détruits, à payer les séquelles du prix de la protection de la démocratie. Toujours selon la version occidentale qui fait l’objet de grandes déclarations vertueuses et donneuses de leçons dans les conférences internationales.

La Russie a envahi militairement un de ses voisins, l’Ukraine, et aucun des pays de l’Occident, qui se disaient son allié, n’a réagi militairement pour défendre la démocratie dont ils se disent le gardien. L’Occident vote symboliquement contre la guerre dans les instances internationales, fait des appels à la paix et clame qu’il faut à tout prix maintenir le dialogue diplomatique avec Vladimir Poutine. Quand ici et là en Europe un ministre ou un dirigeant politique le qualifie de dictateur, il se fait ramener à l’ordre. Il ne faut pas utiliser des mots qui pourraient offenser le maître du Kremlin, d’autant plus qu’il a prévenu que si on le fâchait, il pourrait utiliser l’arme nucléaire. Tout en condamnant la démarche russe en des termes qui ne choquent pas, les pays de l’Occident ont déjà abandonné l’Ukraine à son sort. À son envahisseur. Même les États-Unis, connus pour leurs ingérences de tous ordres dans les affaires internes d’autres pays, se contentent de menaces et de soutiens verbaux. L’Ukraine se retrouve abandonnée et paye, quelque part, sa volonté d’avoir voulu adopter les valeurs démocratiques des pays occidentaux qu’il pensait être ses alliés. Il est en train de découvrir qu’en politique, les mots ont plusieurs significations selon les situations. Que ce ne sont pas les liens d’amitié ou la défense de la démocratie qui importent, mais les intérêts politiques et économiques. Pour l’Occident, ne pas mettre en colère Vladimir Poutine est politiquement et économiquement plus important que défendre les Ukrainiens qui subissent une invasion qui viole toutes les règles de la démocratie.

Et l’on s’étonnera que de plus en plus d’habitants de la planète, surtout les plus jeunes, rejettent les valeurs de la démocratie prônée par l’Occident…

Jean-Claude Antoine

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