LE PIB N’EST PAS TOUT… Une question de bonheur

On a noté depuis quelques décennies maintenant une sur-importance accordée à la croissance économique par des décideurs politiques, des économistes et autres personnes de la finance par le monde, et notre pays n’en est pas épargné.

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Pour les profanes, la croissance économique est la variation positive de la production de biens et de services dans une économie sur une période donnée, et l’indicateur le plus utilisé pour la mesurer est le Produit intérieur brut (PIB).

Que de polémiques inutiles et de temps perdu à ce sujet chaque année, chacun voulant être le plus apte à prévoir le taux de croissance à venir, comme si notre vie et notre bonheur en dépendaient. Hélas, on le sait trop bien que non. Il est un fait que le PIB est un indicateur insuffisant pour juger de la situation d’un pays et du bonheur de sa population.

Au fait, le problème se situe davantage sur le plan du partage des richesses. Ça ne rime à rien de toujours produire plus si les bénéfices de cette croissance ne sont distribués qu’à un nombre restreint d’individus au détriment de la masse.

L’appétit de certains à vouloir toujours davantage au détriment des autres et de notre planète n’a plus de sens. Le mot d’ordre maintenant, c’est toujours plus de productivité.

L’histoire nous montre que jusqu’à maintenant toute croissance n’a pour la plupart du temps profité qu’à un petit groupe de personnes ayant amassé de l’argent en vue de subvenir à plusieurs générations tandis qu’une majorité de personnes a, au fil des ans, vu leur pouvoir d’achat diminuer et ce fossé entre riches et pauvres s’élargir.

Un « économiste », un temps pressenti pour être candidat du Parti travailliste au No. 2 à Port-Louis, s’est fait lyncher récemment sur les réseaux sociaux en voulant à tout prix tout ramener à une question d’argent et de manque à gagner pour l’économie de notre pays suite au congé forcé dans le sillage du cyclone Batsirai, oubliant au passage perte de vie humaine et autre tragédie de se voir à la rue pour d’autres. Pas étonnant que ce soit le discours du jour: toujours plus de productivité, plus de croissance. Pour qui? Pour une poignée de personnes, toujours les mêmes, au détriment de la masse des travailleurs de ce pays qui survivent encore avec moins Rs 15,000 par mois pour beaucoup!

La Finlande – avec un PIB par tête d’habitant de 53,000 USD, soit moins de la moitié de celui de Singapour avec 108,000 USD – se trouve être pour la quatrième année consécutive à la première place des pays où il fait bon vivre.

La Chine et l’Inde, aujourd’hui la 2e et la 6e puissance économique mondiale, ne se retrouvent qu’à la 82e et 139e place respectivement de ce classement!

Au fait, on remarque sans surprise que 7 pays scandinaves se retrouvent dans les 10 premiers de ce classement.

Sanna Marin, la jeune première ministre de la Finlande, âgée seulement de 34 ans, dès installée à la tête du pays, avait proposé et fait voter que le temps de travail soit réduit à une semaine de quatre jours ou à raison de 6 heures par jour. Les raisons avancées étant entre autres que les gens passeront plus de temps avec leur famille, seront moins stressées, tomberont moins souvent malades et aussi consacreront plus de temps au bien-être et à l’éducation générale de leurs enfants avec tous les avantages liés à cela, tel que moins de délinquance, une meilleure éducation pour nos enfants et une population en meilleure santé entre autres.

On peut sans peine imaginer la réaction de nos décideurs et autres chefs d’entreprises à Maurice si jamais de telles idées étaient un jour évoquées ici.

La Finlande, il faut le souligner, fut aussi un des précurseurs en ce qu’il s’agit d’horaires de travail flexible avec une loi votée en 1996 autorisant à la grosse majorité des employées d’ajuster jusqu’à 3 heures avant ou après les heures normalement requis par leur employeur.

Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD) a déclaré récemment : « Personne ne mange le PIB….Les économies africaines connaissent une forte croissance mais ont du mal à répondre aux besoins des citoyens les plus pauvres. »

Tout ceci nous réconforte à l’idée que le PIB est un indicateur insuffisant parce qu’il ignore de nombreux éléments importants dans la vie de chacun.

Une avancée marquante pour dépasser le PIB a été la création, en 1990, de l’Indice de développement humain (IDH) qui est calculé et publié tous les ans par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). L’IDH agrège trois éléments: le PIB, l’espérance de vie à la naissance et le niveau de formation.

L’Indice du bonheur mondial (IBM) va plus loin encore! Qu’est-ce qu’un pays heureux? C’est un pays: où on vit en paix et en sécurité, où on vit en liberté et en démocratie, et où les droits de l’homme sont respectés, où on connait une qualité de vie importante, où la recherche, la formation, l’information, la communication et la culture sont partagées par tous indistinctement; où la corruption et le népotisme ne fait pas rage et où la sécurité économique et humaine existent, où la liberté, la démocratie, les droits de l’homme, la liberté de la presse, le droit des femmes, des enfants et des plus démunis sont préservés.

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