Tigann, la comédie musicale à l’affiche au Caudan Arts Centre le week-end dernier, a été bien au-delà de toutes les promesses annoncées autour de ce projet 100% local. L’adaptation du roman Tigann – Traverse enn fam dan divan kontrer, de Melanie Pérès, a définitivement marqué les coeurs et les esprits. Elle a surtout réussi à susciter l’émotion avec son authenticité.
Rien n’a été laissé au hasard. Le temps s’est écoulé sans qu’on ne s’en rendre compte. Du début à la fin, la voix et l’interprétation de Tigann par Quincy Ramsamy ont capté l’attention et fait ressentir une à une les épreuves endurée par cette fille. Inceste, viol, violence contre les femmes, entre autres thèmes ont été abordés. Sans tabou. Sans retenu. Sans fla-fla. Chacun des personnages a permis aux spectateurs de s’imprégner de cette réalité. De la voir de pleine face. Car, même si le rire et des anecdotes bien de chez nous étaient de la partie, le vrai message de cette comédie musicale n’était nullement maquillé. Tigann voulait briser le silence. Cette réalité présente dans l’actualité, des choses qui se passent dans notre quotidien, mais qui sont souvent étouffées. Cette traversée en émotions avec Tigann ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. Tigann a encore des choses à dire.
Outre d’avoir fait honneur au créole Tigann a été l’occasion de redécouvrir des sonorités modernes et classiques du patrimoine mauricien. Des compostions jouées en live et sur scène entièrement écrites par Mélanie Pérès et l’auteur,compositeur et le musicien Yann Payet dont une version retravaillée de La Rivière Tanier, ainsi que des inspirations musicales des Chagos, a également trouvé une place prédominante dans le spectacle.
Les scènes se sont entremêlée à la perfection. En quelques secondes, on passe du fou rire aux larmes dans ce spectacle où l’on navigue sur un flot d’émotions opposées.
Que ce soit le texte en passant par la composition musicale ou la mise en scène, Tigann est la preuve que Maurice regorge des talents capables de réaliser et de produire des créations dans un esprit décalé et d’une grande envergure. De surcroit, ces jeunes portant haut la main Tigann montrent qu’il n’est pas nécessaire de copier et de suivre tout ce qui se fait hors frontières. Et Jimmy Veerapin de Culture Events & Production, ainsi qu’Ashish Beesondial et son équipe du Caudan Arts Centre, qui ont cru en Mélanie Pérès et Yann Payet méritent d’inciter d’autres à croire davantage au local. La demande est là. Les trois représentations ont été sold out. Les talents sont là. Il suffit d’y croire et les permettre de concrétiser leur projet.
A. R-M