Une des caractéristiques de Pravind Jugnauth et de son équipe de communicants réside dans le fait que plus on leur prouve qu’ils ont tort, plus ils persistent dans leur erreur. C’est ainsi que pour le naufrage du Wakashio et la marée noire, provoquée par l’incapacité des institutions tombant sous son autorité directe à faire face à la situation, le Premier ministre avait sorti le ridicule « kot monn foté ? ». Qui, depuis, remplace le fameux « pas moi, li ça » de défunt son père. En dépit du fait que le voyage vers les Chagos a été tout sauf un succès médiatique, Pravind Jugnauth – et son équipe – continuent à essayer de justifier cette opération qualifiée, selon les moments, d’expédition scientifique, d’expression de la détermination mauricienne pour reprendre l’archipel ou d’acte pour défier les colons britanniques. En jouant au Commander in Chief menaçant la perfide Albion de front, Pravind Jugnauth a mis de côté un fait avéré : pour pouvoir naviguer dans les eaux des Chagos, le navire de croisière affrété par Port-Louis avait demandé et obtenu l’autorisation de Londres ! Après la volée de bois vert méritée reçue suite à sa déclaration selon laquelle la presse mauricienne n’a pas suffisamment couvert le dossier des Chagos, au lieu de se faire oublier, Pravind Jugnauth a tenu une autre conférence de presse, vendredi. Toujours sur l’’expédition qui a été, selon lui, un franc succès. Visiblement mal à l’aise, il a essayé de justifier le coût de l’expédition mal organisée par ses supposées retombées médiatiques. L’expédition aurait fait la une de BBC Afrique et touché et conscientisé plus de 10 millions de téléspectateurs britanniques. Le Premier ministre mauricien n’a pas révélé quel est l’institut de sondage qui lui a communiqué le chiffre qu’il a cité. Il a donné l’assurance que les articles qu’un journaliste américain, faisant partie des invités, compte publier sur l’expédition auront également une audience internationale. Ce qui nous mène au constat suivant : le gouvernement mauricien est convaincu que quelques représentants de la presse internationale triés sur le volet – sur quels critères et par qui ? – sont plus capables de publier des informations sur le dossier Chagos que la presse mauricienne. Et c’est le chef de ce gouvernement-là qui ose parler de décolonisation !
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Est-ce que les autorités dites responsables de la surveillance de nos côtes et du port, en l’occurrence la Mauritius Port Authority et les garde-côtes – tous deux chapeautés par le PMO – n’ont rien appris du naufrage du Wakashio et de ses conséquences ? La réponse négative à cette question a été donnée par le triple naufrage qui a eu lieu, en début de semaine, au large de Pointe aux Sables, à quelques milles nautiques du port. Trois naufrages en une seule journée et au même endroit. Un record à inscrire dans le Guiness Book of Records. Trois bateaux de pêche taïwanais drossés sur un banc de sable par les houles post cycloniques alors qu’ils étaient dans les eaux territoriales mauriciennes, donc techniquement sous la surveillance des gardes-côtes et de la Mauritius Port Authority. Comme pour le naufrage du Wakashio, les deux autorités dites responsables de la surveillance de nos côtes et du port se renvoient la balle en jouant au « pas moi ça, li ça ». Après la catastrophe du Wakashio, la commission d’enquête a révélé à quel point les gardes côtes et le port avaient été incapables de faire face à la situation. À quel point les protocoles n’avaient pas été respectés et les outils de surveillance mal ou pas utilisés. Ce qui avait conduit au naufrage du Wakashio et au déversement de ses cales dans le lagon qui a conduit à la marée noire. Et malgré ces faits avérés, le port et les garde-côtes reprennent pour le triple naufrage la refrain du défunt père du PM « pas moi ça, li ça ». En attendant qu’une enquête soit ouverte – par le PMO ? –, le fait brutal est que trois bateaux de pêche se sont échoués à quelques miles du port et qu’ils avaient dans leurs cales de quoi provoquer une autre marée noire. Jusqu’à quand est-ce que les institutions mauriciennes continueront à dysfonctionner sans que ceux qui ont la responsabilité de les gérer prennent les mesures qui s’imposent ? Selon les mauvaises langues, la priorité du moment à la MPA n’est pas la gestion du port, mais la bataille au niveau des membres de la direction pour faire partie de la délégation qui doit aller visiter l’exposition de Dubai ! Alain Malherbe, spécialiste du port, a raison : Port-Louis est gérée comme le gouvernement gère le pays !
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