Les travaux de la Court of Investigation sur le naufrage du MV Wakashio sont donc terminés, à en croire le président Abdurafeek Hamuth, qui souligne qu’ « il n’est pas important d’insister pour appeler ceux qui tombent malades, car le panel dispose de suffisamment d’éléments pour échafauder un rapport complet. Une fois terminé, il sera remis au ministère de la Pêche, comme le recommande la Merchant Shipping Act. » Retour sur les faits saillants de ces séances qui se sont déroulées à l’ancienne Cour suprême.
Séance du 4 février 2021
« Le capitaine n’a pas respecté le plan de voyage initial »
C’est un témoignage qui accable le capitaine du MV Wakashio, Sunil Kumar Nandeshwar. Celui de son N°2, le Chief Officer Subodha Janendra Tilakaratna, qui n’a pas lésiné sur les détails durant les travaux de la Court of Investigation qui se sont déroulés au cours de la semaine écoulée. « Le capitaine n’a pas respecté le plan de voyage initial. Ses décisions constituent la cause principale du naufrage », a fait ressortir le Chief Officer, qui a admis avoir menti dans une déposition officielle faite à la police selon laquelle le naufrage serait dû au mauvais temps. « J’ai menti à la demande du capitaine », souligne-t-il.
Séance du 23 février 2021
« Impossible de le remorquer compte tenu de la taille du navire »
Le Port Master,Benoît Barbeau a souligné lors de son audition que « le port dispose d’une flotte de quatre petits remorqueurs et quatre autres remorqueurs d’une capacité oscillant entre 30 et 70 tonnes, mais qu’ils sont exclusivement dédiés au port. » Le Port Master a précisé que « le jour du naufrage, le commissaire de police m’a appelé pour me demander s’il était possible d’utiliser un des remorqueurs pour enlever le MV Wakashio. C’était malheureusement impossible compte tenu de la taille du navire. Aussi longtemps que le navire est à flot, un remorqueur du port peut le tirer, à condition qu’il n’ait pas échoué. »
Séance du 3 juin 2021
Kauppaymootoo critique Ramano
L’océanographe Vassen Kauppaymoothoo a déclaré qu’ « en tant qu’ancien consultant au ministère de l’Environnement, j’ai proposé mon aide, mais personne ne m’a contacté pour donner mon avis ni siéger dans les comités constitués à cette catastrophe. » Pour étayer ses dires, il a fait mention de plusieurs messages qu’il aurait envoyés au ministre Kavy Ramano à propos d’un risque de fuite d’huile dès le naufrage du vraquier, mais ses craintes ont été considérées comme une réaction exagérée.
Séance du 7 juillet 2021
Donat acculé
« Le directeur du Shipping, Alain Donat, m’a informé que les risques de fuite d’huile étaient minimes. » C’est ce qui ressort du témoignage, mercredi, du directeur p.i. du ministère de l’Environnement, Shiv Seewoobaduth.
Séance du 30 juillet 2021
« Vous mentez ! »
Les PC Ujoodha, Jagarnath et Sujeebhun ont été soumis à un feu roulant de questions de la part du panel sur les incohérences notées dans leurs témoignages en mai. « Vous n’avez effectué aucun appel, entre 18h05 et 20h20, pour signaler la présence du vraquier dans les eaux territoriales, contrairement aux déclarations que vous avez faites sous serment en mai », a lancé Jean-Mario Geneviève à l’endroit du PC Ujoodha, qui était en poste au moment du naufrage. Décontenancé tout au long des audiences, ce dernier a eu toutes les peines du monde pour nier les faits. Au même titre que le PC Sujeebhun, qui a déclaré, au final, qu’il ne se souvenait ne plus de rien, car les faits, dit-il, remontent à plusieurs mois !
Séance du 27 janvier 2022
« Impossible d’éviter la catastrophe … »
Le panel a, pendant plus de deux heures, auditionné le Salvage Master néerlandais Robert Van Gelder par visioconférence depuis Londres. Ce dernier a tenté de justifier l’échec de son équipe à éviter que ne se produise la catastrophe écologique du oil spill en s’appuyant sur l’absence à Maurice de bateaux et de remorqueurs conformes pour stabiliser ce type de vraquier et effectuer correctement l’exercice de pompage. Son récit corrobore ainsi avec le témoignage de son collègue Chris Bos, qui avait affirmé, le 25 novembre dernier, que « si les deux remorqueurs, qui ont des tirettes de borne de 200 tonnes, étaient là dès le premier jour, le MV Wakashio aurait certainement été renfloué. »