« Nous devons courir tous les jours pour pouvoir rentrer à l’heure au travail ou à l’école. Ce problème de transport dure depuis de nombreuses années. Nous avons alerté la National Transport Authority (NTA) pour trouver une solution, mais personne n’a réagi jusqu’ici. Finn ariv ler pou reazir », lance le conseiller Ravin Ramful. Ce dernier compte mobiliser des habitants des régions de Quatre-Sœurs, Marie-Jeanne, Grand-Sable, Bambous-Virieux, Anse-Jonchée, Providence, Bois-des-Amourettes et Grand-Port pour alerter l’opinion publique sur ce problème.
« Nou finn fatige ar ekrir let, al lor radio. Nous avons essayé tous les moyens. Nos députés sont indifférents », dit-il. Mais le conseiller du village de Grand-Sable et Petit-Sable, ne compte pas en rester là. Outre la mobilisation, il compte faire appel à toutes les forces vives de la région, aux cadres, aux parents d’élèves et à d’autres personnes affectées par ce problème pour l’aider à compiler des dossiers et connaître les raisons pour lesquelles des propriétaires de bus ne sont pas sanctionnés par les autorités lorsqu’ils font fi des lois. « Nous allons compiler un dossier entourant tous les problèmes liés au transport dans cette région et nous allons le soumettre à l’ICAC », déclare le conseiller.
En principe, 22 autobus individuels desservent la route 18 (Flacq-Mahébourg), soit 11 du côté de Mahébourg et 11 à Flacq. Et leurs propriétaires se sont regroupés au sein de la Bus Owners Association (BOA), dont le président est Anish Bisesar. « Dan 22 bis-la, ena 16 ki roule ladan. Sakenn ress dan garaz a tour de rol. Zot prezans tcheke par enn sef de gar ki asosiasion lamem inn anbose. Et le tour est joué ! » explique un habitant de Grand-Sable.
Il se dit en présence d’images de caméras de surveillance pouvant indiquer à quelle heure et combien de fois certains bus desservent la région de Grand-Sable. « Nous les mettons au défi de venir nous prouver le contraire ! » rajoute un passager de la région. À chaque fois que des officiers de la NTA se présentent dans la région, « tou korek lor larout », dit-il en dénonçant que « mais on n’a jamais entendu parler de sanctions graves contre les propriétaires. »
Anish Bisesar, président de la Bus Owners Association (BOS) de la région, n’est pas de cet avis. « Ce qu’avancent des passagers qui empruntent la route 18 est faux. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problèmes, car comme dans toutes les compagnies, nous en avons chaque jour. Mais les chefs de gare qui travaillent sur ce trajet font leur travail dans la discipline. Ils sont très sévères et n’hésitent pas à sévir et à prendre des sanctions quand il le faut », rétorque-t-il au Mauricien.
Pas plus tard que le 22 janvier dernier, Louis Mario Aristide, le président de Grand-Sable et Petit-Sable, a écrit au Road Transport Commissioner, à la National Land Transport Authority et à la Road Transport Division (RTD) du ministère d’Alan Ganoo, trop occupé avec le Metro-Express dans les villes, pour leur demander d’organiser une réunion de toute urgence entre la NLTA et les conseillers de la région « to discuss various problems that are facing the inhabitants concerning public transport services ». Il poursuit : « it is a matter of fact since the first lockdown in March 2020, the public transport services in our region has deteriorated but we have observed that the situation has worsened during the recent months. » Mais aucune réaction à ce jour, soutient un conseiller de Grand-Sable.
Certains propriétaires de bus auraient cependant changé de stratégie la semaine dernière en apprenant que la NTLA était en présence de multiples plaintes concernant le trajet Flacq-Mahébourg. « Aster zot tir bis gramatin. Zot fer enn voyaz, apre zot ferm bis dan garaz. Il n’y a pratiquement aucun autobus qui circule dans la journée et les passagers qui doivent voyager, comme les jeunes qui doivent rentrer chez eux après les heures de classes et les employés qui travaillent dans la capitale, sont pénalisés », fait-on comrendre.
Le problème de transport dure depuis de nombreuses années. « C’est un des plus gros problèmes auxquels les habitants font face dans cette région. C’est un calvaire pour les habitants qui doivent se rendre à l’hôpital de Flacq le matin pour venir voir leurs proches pour leur apporter un peu de réconfort ou de nourriture. Le bus qui quitte Mahébourg pour se rendre à Flacq n’est jamais à l’heure. Et lorsque nous arrivons à l’hôpital, il est déjà trop tard. Pa kapav rann vizit. Ler vizit fini ! » fait-on comprendre.
Des jeunes de Grand-Sable fréquentant le collège New Educational, à Bel-Air, et qui font eux aussi le trajet Mahébourg-Flacq, doivent eux aussi subir les caprices des opérateurs de bus individuels. « Il y a beaucoup de jeunes de la région qui prennent l’autobus de Mahébourg pour rentrer chez eux l’après-midi. Le bus est rempli comme un œuf. Au lieu de prendre le bus à 14h40, nous devons alors attendre celui de 15h15 et nous rentrons chez nous à 15h45. Mes parents pensent que je ne suis pas allée à l’école. Ils n’arrêtent pas de m’interroger. Zot pe pans pou aret mwa lekol », témoigne une collégienne de Grand-Sable. Et Johnny, un pêcheur retraité de l’endroit, d’ironiser : « Depi mo zanfan mo konn problem transpor isi. Monn fini finn granper, problem ankor la mem », confirme-t-on.
R. A., un haut cadre de la région, croit lui aussi qu’il faut mobiliser toutes les ressources disponibles pour découvrit les raisons pour lesquelles les propriétaires de bus de la région ne réagissent pas, « Ils n’ont pas la volonté de régler le problème dans cette partie de l’île. Certains propriétaires bénéficient-ils de protections occultes ou graissent-ils la patte de certains hauts cadres ayant la responsabilité de s’assurer que le public bénéficie d’un service de transport adéquat ? » se demande-t-il. Pour lui, l’affaire doit être portée devant le bureau de l’ICAC. « Ena angiy sou ros. Komyen letan nou bann zanfan, bann per e mer de fami, e bann travayer pou bizin sibir sa ankor ? » conclut-il.
ENCART
Des ministres sur le terrain
Plusieurs ministres – dont ceux des Finances, Renganaden Padayachy, des Infrastructures nationales, Bobby Hurreeram, et de la Santé, Kailash Jagutpal – ont effectué une visite mercredi dans le Sud. Objectif : trouver des solutions aux problèmes de transport et d’infrastructures routières auxquels sont confrontés les habitants.
Le ministre des Finances, élu dans la circonscription de Rivière-des-Anguiles/Souillac (No 13), a ainsi mis l’accent sur l’engagement pris par le gouvernement d’améliorer la vie des habitants et de faire avancer le pays. « Cette visite nous aidera à identifier et évaluer les coûts des projets routiers avant de démarrer », dit-il. Bobby Hurreeram a évoqué des projets visant à désengorger la circulation sur quelques réseaux routiers, notamment à Souillac.
Kailash Jagutpal a indiqué que le gouvernement prenait en considération les préoccupations des habitants de Surinam, Saint-Aubin, Tyack, Britannia, Rivière-des-Anguilles, La Flora et Rivière-du-Poste concernant les problèmes d’infrastructure routière. « Nous allons identifier des solutions à court terme en vue d’une meilleure fluidité et de plus de sécurité routière. es usagers de la route de la région seront connectés aux réseaux routiers. »
Les ministres étaient accompagnés de plusieurs techniciens du ministère des Infrastructures nationales et du Développement communautaire, de la RDA et de la Land Drainage Authority, ainsi que d’officiers du conseil de district de Savanne.