L’OPR et l’Alliance Liberation côte à côte le long de la route principale à Terre-Borne (La Ferme) hier après-midi
Le commissaire électoral Irfan Rahman : « Tout est sous contrôle pour le scrutin et surtout la première du dépouillement et de la proclamation des résultats le même jour »
Depuis 6h ce matin, Rodrigues a rendez-vous avec l’histoire pour élire par vote direct douze membres de l’Assemblée régionale et également six autres par voie de représentation proportionnelle. Le caractère historique de cette joute électorale se présente au niveau des procédures, car pour la première fois, le décompte des bulletins de vote se fera le même jour que le scrutin, avec la proclamation des douze élus dans les six local regions dans la soirée et la nomination par la Commission électorale après le feu vert de l’Electoral Supervisory Commission, des membres sous la PR se faisant demain matin, après analyses de la performance des différents blocs politiques. La dimension historique se dessine également sur le plan politique, avec pour la première fois depuis 45 ans, Serge Clair, leader de l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR) et le père de l’autonomie dans l’île, n’est pas candidat à une élection, laissant également la voie ouverte à sa succession en tant que chef commissaire, que ce soit à l’intérieur de son parti ou à Rodrigues également.
La clôture de la campagne pour les élections régionales a été tout en contraste sur le terrain. Dès le lendemain du Nomination Day, le samedi 22 janvier, Rodrigues avait été placée sous cloche en raison de la première vague de contamination au variant Omicron du Covid-19. Avec également l’imposition d’un couvre-feu nocturne, et ce, jusqu’à jeudi dernier et aussi le report du vote du 13 au 27 courant, les partis politiques alignant des candidats, dont l’OPR, l’Alliance Libération, menée par Franceau Grandcourt de l’Union du Peuple de Rodrigues (UOR) et le Mouvement Rodriguais de Nicolas Von Maly, ont dû revoir leur stratégie de campagne en privilégiant des interventions sur les réseaux sociaux.
Avec l’interdiction des rassemblements, les défilés de fin de campagne, dont une première sortie de l’Alliance Liberation vendredi et un match de mobilisation entre les deux principaux blocs d’hier, ont constitué la seule mobilisation des partisans avant le vote du jour. Contrairement au Nomination Day, où les partisans avaient été astreints au rationnement au carburant suite au Trochetia Covid-19 Cluster, le week-end des élections a vu les deux camps se mobilisant à fond, sillonnant tous les six local regions aussi bien que le maximum d’agglomérations.
En fin de journée, les états-majors affichaient la satisfaction en se disant confiants que la victoire est dans leur camp respectif. Force est de constater que l’alliance anti-OPR de l’opposition, comprenant l’UPT de Franceau Grandcourt, le Front Patriotique Rodriguais de Johnson Roussety et le PMSD-Rodrigues de Vincent Perrine, s’est donné les moyens pour monter un challenge d’envergure contre un troisième mandat successif de l’OPR.
Suspense du “counting”
Du côté du gouvernement régional sortant, avec le leadership de l’OPR en pleine transition, l’on met l’accent sur la fidélité de ses partisans et la campagne axée sur le fait qu’avec le PMSD au sein de l’Alliance Liberation, c’est le retour des Mauriciens aux commandes dans l’île après 20 ans d’autonomie et 45 ans de lutte pour faire respecter la dignité du Rodriguais.
Les observateurs avertis de l’échiquier politique à Rodrigues avancent que l’image des défilés des deux principaux blocs côte à côte le long de la route principale à Terre-Borne, La Ferme, à la fin d’une campagne électorale avec une absence singulière de meetings ou autres réunions politiques, constituerait tout un symbole, même si les slogans proférés en cours de route pourraient déranger.
Dans le camp de l’Alliance Liberation, l’on mise sur la jeunesse de l’île, ceux qui n’étaient pas en âge de voter lors des dernières élections régionales de 2017 ou encore les 10 000 abstentions de ce même scrutin pour faire la différence « kan kas bawt dimans tanto ». Mais la question pour les élections du jour porte sur l’incidence de ces 2 600 Rodriguais, atteints de Covid-18 qui, techniquement, ne pourront se déplacer pour exercer leur droit civique étant en isolement. « Mais qui va contrôler s’ils sont en isolement si jamais ils débarquent au centre de vote en cours de journée ? A-t-on pris des dispositions à cet effet ? » lâche le quidam du coin.
L’OPR et l’Alliance Liberation, et dans une moindre mesure le MR, n’ont que quelques heures encore, soit jusqu’à 15h, pour “gratter” sur le terrain et faire voter leurs électeurs. Après, ce sera le suspense du counting jusqu’à assez tard dans la soirée dépendant du taux de participation, qui pourrait s’annoncer comme étant robuste. La consigne aux électeurs est : le plus tôt vous allez voter, le mieux ce sera, vu que les bureaux de vote seront fermés à 15h pile.
Dans la matinée d’hier, la Commission électorale, avec en tête le commissaire Irfan Rahman, a complété les derniers préparatifs avec des briefings des polling clerks et autres fonctionnaires sur les différentes étapes de la journée du scrutin et de la soirée de la proclamation. Interrogé à ce sujet en début d’après-midi, Irfan Rahman a déclaré que « tout est sous contrôle pour le scrutin et surtout pour la première du dépouillement et de la proclamation des résultats le même jour. »
Le commissaire électoral, qui exprime le souhait que l’électorat de Rodrigues saura donner l’exemple en termes de discipline, ajoute que « la pandémie de Covid-19 fait que ces élections régionales se déroulent dans des conditions spécifiques, caractérisées par un quiet mood et une effervescence à peine palpable, sauf pour cet après-midi. » D’ailleurs, en raison de la prévalence de lennmi invisib à Rodrigues, la délégation de la Commission électorale, comprenant les six Returning Offcers et les Deputy Returning Officers, les officiels de la Commission et les membres de l’ESC, accompagnant le transfert ds 32 000 bulletins de vote, sont dans l’île depuis jeudi.
L’OPR réussira-t-il son pari d’un troisième mandat successif, mais sans Serge Clair ou ce sera la première du Minority Leader sortant, Franceau Grandcourty, damant également le pion à son ancien parti, le Mouvement Rodriguais ? Premiers éléments de confirmation en fin de journée…