Journée en hommage à Sona Noyan : « Un grand honneur », dit Sarita Boodhoo

La présidente de la Bhojpuri Speaking Union, Sarita Boodhoo, accueille avec beaucoup de joie la décision du gouvernement de décréter un jour de commémoration nationale en hommage à Sona Noyan, connu comme le roi du gamaat et pour célébrer ce patrimoine musical, désormais tous les ans, le 8 février. Cette date marque celle du décès du chanteur, à l’âge de 67 ans, en 2013.

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« C’est une très belle initiative et un grand honneur d’attribuer ce statut national au gamat qui, dans le temps, était mal vu par l’élite du pays, bien que très populaire. Cela lui permettra de rester vivant avec des événements réguliers, et surtout annuels qui seront organisés. On se souviendra de la grande contribution de Sona Noyan et des autres chanteurs de gamat. Les jeunes pourront l’apprendre. Sona Noyan, avec son style propre, a amené le gamat au-delà des frontières locales — l’Afrique du Sud, l’Angleterre, la France et les États-Unis », a réagi la présidente de la Bhojpuri Speaking Union.

Sarita Boodhoo souligne le gamaat est issu de la culture populaire de ceux venus de l’Inde et il s’agit d’un genre dynamique qui s’apparente à une Battle alors que le Geet Gawaï est plutôt traditionnel. « It is creative. The song is created on the spot between two groups. It is very challenging, if one can’t refute, he leaves. It is a bhojpuri folk genre », dit-elle.

Sarita Boodhoo dira qu’un gamaat qui démarrait aux alentours de 20h peut durer jusqu’aux petites heures du matin et que les gens y assistaient avec passion et émotion. Ils étaient très populaires à la veille des mariages. L’arrivée des Musical Bands a supplanté le gamaat. « Les imitations bollywoodiennes sont devenues populaires. » Elle s’est dit « convaincue qu’un jour, le gamat pourra avoir une reconnaissance internationale sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco ».

Depuis une dizaine d’années, la Bhojpuri Speaking Union travaille pour la préservation du gamat dans le paysage musical et culturel local avec pour objectif de le rendre visible, audible, respectueux et acceptable. Des initiatives ont été prises en ce sens. Celles-ci ont commencé en 2013, à la suite du départ du roi du gamaat, « qui a pratiqué cet art avec la même ferveur pendant 40 ans », par une grande soirée organisée dans son village natal, à Petit Raffray.

À cette occasion, l’ancienne rue Baitka avait aussi été surnommée Sona Noyan Lane, a rappelé Sarita Boodhoo. Et a d’ajouter que depuis la Bhojpuri Speaking Union a ouvert trois écoles de gamaat, à Souillac, Mahébourg et Rose-Belle et qu’une quatrième devait voir le jour à Goodlands. « Avec Basant Soopaul qu’on surnommait le roi du Sud, nous avions déjà réuni les chanteurs pour cela mais avec les restrictions liées à la crise sanitaire due au coronavirus, cela ne s’est pas encore fait », regrette Mme Boodhoo.

Lors d’une rencontre en marge de cette soirée hommage en 2013, Sarita Boodhoo rappelait les débuts de Sona Noyan. Issu d’une fratrie de huit enfants (ndlR : il avait trois frères et quatre sœurs), le jeune Noyan se produit pour la première fois sur scène à l’âge de 14 ans aux côtés de ses frères qui chantaient des chansons religieuses dans les baitkas. Contraint d’arrêter l’école, faute de moyens, il apprenait l’hindi dans le baitka de la localité. Il avait 18 ans lorsque son père lui offrit un harmonium. Il devait commencer à participer à des concours et rafler de nombreux prix. Petit à petit, il développe son propre style de gamat.

Ce qui faisait la force de Sona Noyan, c’était sa capacité à faire des accroches lors des soirées — soit d’interpeller l’audience ou un autre chanteur et à leur réponse, il pouvait trouver la réplique rapidement. « Il faisait aussi le “doha” (ndlr : énonciation d’une phrase philosophique avant de commencer une chanson) », note Sarita Boodhoo.

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