Christina Chan-Meetoo : le 21 février, « un événement doublement symbolique »

Christina Chan-Meetoo, Senior Lecturer du département des médias et communication à l’Université de Maurice, et qui a dirigé la publication sur la vie et l’œuvre de Joseph Réginald Topize, dit Kaya, sortie en 2020 sous le titre Kaya : ant sime lamizer ek sime lalimier, estime que le décret d’une journée nationale du seggae, un 21 février, est « doublement symbolique ». D’une part, c’est la date de décès du chanteur Kaya à Alkatraz et, d’autre part, elle coïncide avec la célébration de la Journée de la langue maternelle, dont la sienne était le créole. Une langue que Kaya a toujours valorisée à travers son art.

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Sollicitée par Le Mauricien, Christina Chan-Meetoo affirme que « le symbolisme est très fort ». Elle ajoute que « c’est un événement symbolique à forte charge émotionnelle ». Elle explique ainsi que la date du décès de Kaya a été choisie pour cette commémoration parce que « c’est celle dont les gens se souviennent », ajoutant : « C’est une date associée aux émeutes et aux circonstances de ce décès, qui n’ont pas été élucidées jusqu’ici. Beaucoup ne savent pas que Kaya est né en août. »

Elle estime qu’il s’agit d’un « symbolisme fort » parce que Kaya, dit-elle, « a marqué l’histoire de la musique locale » et « était attaché à sa langue maternelle, le créole ». Ainsi, constate-t-elle : « Il reprenait des thématiques chères à Bob Marley, qu’il chantait, pour valoriser la descendance africaine victime de discrimination et d’inégalité des chances. Il les valorisait à travers une reconnaissance de la contribution des descendants d’esclaves dans la construction de l’identité nationale, et dont on ne parle pas beaucoup. Kaya a réussi à permettre à ce peuple de célébrer la valeur de cette identité. »

Elle fait aussi comprendre que Kaya est un narrateur musical. Sans s’attaquer à la question de savoir s’il est ou non l’inventeur du seggae, elle affirme qu’il y a « un consensus autour du fait que ce soit lui qui ait structuré et vulgarisé » ce genre musical. « Les gens y ont répondu positivement, rappelle-t-elle, et Kaya a amené le seggae au-delà de nos frontières ».

Christina Chan-Meetoo ajoute que Kaya est également un « narrateur langagier, maniant la langue de manière tout à fait désarmante et poétique ». Évoquant toute la réflexion de Kaya derrière son travail d’artiste, elle poursuit : « Il avait une grande dextérité avec les mots. » Avant de conclure que l’artiste aimait aussi apprendre à lire et avait un répertoire riche en termes de références.

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