Oumar Ahmed, pongiste mauricien basé à La Réunion : « Ce serait un honneur de défendre les couleurs de Maurice »

Le jeune Oumar Ahmed, né le 24 mars 1998, avait quelque peu disparu des radars. Du moins, cela faisait un moment qu’on entendait plus parlé de lui. Pongiste très talentueux, il avait notamment laissé son empreinte dans les petites catégories notamment lors des Championnats d’Afrique junior de 2015 aux côtés de Wasiim Gukhool, avec une belle troisième place. Depuis, le jeune Ahmed a découvert une autre culture en s’installant chez nos voisins réunionnais pour y poursuivre ses études, mais aussi pour s’améliorer dans sa discipline de prédilection. Il est d’ailleurs devenu, il y pas si longtemps le numéro 1 à l’île sœur. Champion de La Réunion dans la compétition par équipe en 2018, il a depuis, franchi un cap dans sa progression. Dans l’interview qui suit, le phénomène nous brosse un portrait de son parcours, ses envies, ses attentes, ses objectifs, mais aussi et surtout, cette envie de défendre les couleurs de la sélection nationale. Sans oublier sa passion pour le coaching. Avec une sincérité qui lui est propre, Oumar Ahmed nous ouvre les portes de son quotidien.

I Oumar Ahmed, c’est un nom que l’on connaît très bien dans le giron du ping pong local. Mais force est de constater qu’il a disparu des radars. Que devient-il ?

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Beaucoup pense, à tort, que j’ai déjà pris ma retraite. Hors, ce n’est pas le cas. Je me suis simplement installé à l’île sœur depuis maintenant cinq ans pour poursuivre mes études de brevet de technicien supérieur (bts) en commerce à Agepac. En parallèle, je passe mon temps à jouer au tennis de table et aussi perfectionner mon niveau de jeu.

 

I Donnez nous quelques indications sur votre parcours et votre palmarès ?

J’ai commencé le tennis de table à l’âge de 10 ans, et, à 11 ans, je suis devenu champion national dans ma catégorie. J’ai gravi les échelons sous la supervision de mon père, également mon mentor, sans oublier Rajessen Desscann (actuel président de l’Association mauricienne de tennis de table) et mon coach personnel Djamil Casoomally. En 2012,  J’ai eu l’opportunité de défendre le quadricolore lors des Championnats d’Afrique en Algérie ou j’ai pris la 7e place. Après plusieurs stages à l’étranger, notamment en Chine, en métropole et à La Réunion, je suis devenu champion de l’Océan Indien de moins de 18 ans, en décembre 2015. Et deux ans plus tard, j’ai décidé de faire mes valises et de m’installer en terre réunionnaise, après avoir obtenu un contrat en tant que pongiste dans un club. J’ai aussi eu l’occasion de poursuivre mes études en tant que responsable Club puis par la suite en tant qu’entraineur.

Le début d’une nouvelle aventure…

En effet. D’ailleurs, en 2018, dans la finale de la compétition par équipe, alors que je n’étais que le 4e de l’effectif, j’ai créé l’exploit en prenant la mesure de l’ex champion de La Réunion, 3 sets à 1. Cette victoire a fait basculer le match en notre faveur. Nous sommes devenus champion du pays par équipe en 2018. Par la suite, j’ai participé aux Championnats de France à Vittel, et effectué un stage dans le Sud du pays, plus précisément au CREPS de Boulouris à st Raphaël. Ce stage m’a permis de me perfectionner davantage et également de découvrir encore plus de style de jeu différent. 

Vous avez récemment été champion de La Réunion. Racontez-nous ?

Depuis un an, je figure parmi les trois meilleurs joueurs du pays. Mon objectif ultime est d’être le numéro 1. C’est une très belle victoire, qui vient récompenser plusieurs années de sacrifice, de persévérance, de discipline, et surtout d’entrainement intensif. Vous savez, arrivé à un certain niveau, on a souvent tendance à lever le pied, à procrastiné… mais le souvenir de mon père revient toujours dans mon encéphale. Je me souviens qu’il me répétait sans cesse qu’une fois embarqué dans un truc, il fallait que je le fasse bien, et non à moitié. Cette citation m’a marquée. Ça m’a permis de garder les pieds sur terre et aussi mon niveau de jeu.  Je remercie le club des aiglons d’orient et également le club de la cressonnière dans lequel je m’entraine actuellement.

 Que représente ce sport à vos yeux ?

Le ping pong est un sport qui m’a fait voir la vie d’un autre œil. Le fait de pratiquer cette discipline à haut niveau, me permet de garder un équilibre de vie saine, que ce soit physiquement, mentalement ou spirituellement. C’est ma passion.

Pourquoi le tennis de table, et non pas un autre sport ?

C’est mon père qui m’y a orienté étant donné que c’était une discipline sportive conviviale, et que l’on peut pratiquer en famille, quelle que soit l’heure ou l’endroit. Et c’est également un sport qui demande beaucoup d’effort physique et de concentration.

Quelles sont vos sources d’inspiration et vos idoles ?

Ma principale source d’inspiration est mon père, qui était également mon coach. Il me racontait souvent son parcours, sa manière de s’entraîner, et, de manière assez indirecte, ça m’a conditionné dès mon jeune âge, et me sert toujours, dans ma vie quotidienne. Au fil des années, j’ai commencé à pratiquer le noble art (la boxe).  Les entrainements intensifs des boxeurs, c’est d’un autre niveau. D’ailleurs, le fait de m’entraîner avec mes amis boxeurs sur l’île, me permettait de beaucoup progresser physiquement. Mon idole est d’ailleurs le boxeur Naseem Hamed (surnommé Prince Naseem), plusieurs fois champion du monde. Il avait une différente manière de combattre. C’est ce qui faisait la différence.  Pour ma part, j’ai su développer au ping-pong plusieurs styles de jeu, plusieurs manières de m’imposer indépendamment du calibre de l’adversaire. Le sens de l’analyse entre en jeu avant même que le match ne commence, chaque petit détail à son importance.

Quel type de pongiste êtes-vous ? Votre particularité…

Au tout début, mes entraîneurs me disaient que j’étais un joueur hors pair. Toutefois, j’étais loin d’être le meilleur à l’entraînement, mais en compétition, je trouvais cette faculté à gérer mon stress pour être performant.  Pour moi c’était un point positif car je voulais créer ma propre vision de tennis de table de moi-même, finalement avec beaucoup d’entrainement répétitif, J’ai su créer mon propre style de jeu avec un jeu spectaculaire de temps en temps, tout en restant agressif, surtout mettre l’analyse en avant. 

Avez-vous la sélection nationale de Maurice dans un coin de la tête ?

Bien sûr ! Ce serait un honneur pour moi de représenter mon île. Je suis à la disposition de l’AMTT, si elle souhaite faire appel à moi. Ce sera aussi l’occasion pour moi de partager mon expérience avec la délégation mauricienne, en vue des Championnat Continentaux voire même les Mondiaux. 

À l’heure actuelle, quelle est le niveau niveau d’Oumar Ahmed ? Pensez-vous êtes étoffé ?

(Rires). Je ne peux véritablement situer mon réel niveau. Mais je peux vous assurer qu’avec les nombreux français arrivés en provenance de la métropole, le niveau à La Réunion est très élevé. J’ai remporté le titre de numéro 1 à l’île sœur, j’espère maintenant être à la hauteur pour défendre Maurice. 

Qu’avez vous fixé comme objectif, à court, moyen et long terme ?

J’ai déjà atteint un objectif, celui d’être champion de La Réunion. J’ai en tête maintenant d’aider les jeunes, afin qu’ils puissent évoluer au haut niveau local, régional voire à l’international. Je tiens à préciser qu’au tout début, je bossais en tant qu’entraîneur de ping pong. Je pense que j’ai cela en moi. Je serai un bon entraîneur à l’écoute qui exploite au maximum le potentiel de ses protégés.

Avec la pandémie de la Covid-19, ce n’est pas évident pour les sportif de sortir la tête de l’eau. Comment gérez-vous cette crise sanitaire sans précédent ?

Effectivement, ce n’était pas évident. Toutefois, il faut innover. Pour ma part, j’ai commencé un programme d’entrainement sur 2 mois et cela m’a permis de perfectionner mon jeu avec du HIIT (high intensité intervalle training) à la maison, avec et sans matériel, mais aussi le jeu à blanc ou sont sollicités les déplacements, primordiale pour franchir un cap dans ce sport. Le confinement m’a aussi permis de mieux me rapprocher de mon créateur, d’avoir une routine de vie stricte et de travailler sur mon développement personnel.

Que peut-on vous souhaitez en cette année 2022 ?

(12) Que du bonheur, de rester au top de mon niveau. J’espère aussi que les jeunes prendront plus de goût à faire du sport, et que moi, à mon niveau, je sois une source d’inspiration pour eux. Un grand merci à ma mère, mes sœurs ainsi que mon frère pour leur soutien dans ma progression, au même titre que Sébastien Digard.

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