Le gouvernement a pris la décision d’instituer une enquête préliminaire sur le naufrage du pétrolier battant pavillon mauricien au large de La-Réunion jeudi de la semaine dernière, soit lors du passage de l’intense cyclone tropical Batsirai.
Cette enquête sera présidée par le capitaine Hubert Noël, Principal Nautical Surveyor, et aura pour assesseur le capitaine Asiva Coopen, Deputy Director of Shipping du ministère de tutelle. Entre-temps, le capitaine du Tresta Star, Muntasir Al Mamun, ne cesse de remercier Dieu d’être toujours en vie, ainsi que son équipage, après que le naufrage de son bateau jeudi de la semaine dernière, en plein cyclone Batsirai, sur les rochers du Tremblet, à La Réunion. « Nous avons eu peur pour notre vie », déclare-t-il au téléphone à Le-Mauricien.
Avec neuf membres de son équipe, le capitaine est rentré à Maurice avant-hier. Tous dix sont en auto-isolement au Seamen Hostel, après que l’un d’eux ait été testé positif à l’aéroport international SSR. Un autre membre de l’équipage est resté à l’île sœur, n’ayant pu embarquer du fait d’un résultat positif au Covid.-19
« Dieu merci, nous sommes en bonne santé », dit encore le capitaine. Ce Bangladais ne souhaite cependant pas trop évoquer l’incident où le Tresta Star a été pris en plein cyclone avec, en sus, un problème sur le moteur du bateau. « There was a natural disaster. It’s out of our control », dit-il. Ce dernier explique qu’il avait quitté Port-Louis le 2 février dernier pour s’abriter au large en compagnie de 11 membres d’équipage. Sauf qu’un problème de moteur est arrivé, poussant le pétrolier à dériver vers le large.
Muntasir Al Mamun ne souhaite pas donner plus de détails à ce stade, car il sera interrogé par le département Shipping du ministère de l’Économie bleue bientôt. Cependant, il soutient que d’autres problèmes ont surgi et que l’équipage a navigué à l’aveuglette, avec des vents forts et des vagues de plus de dix mètres. C’est finalement dans l’après-midi du 3 février qu’il a pu envoyer un message de détresse aux autorités réunionnaises.
Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) de La Réunion a alors sollicité l’assistance du patrouilleur Osiris II et de deux navires marchands pour aider l’équipage du Tresta Star, qui courait un grand danger. Malheureusement, ils n’ont pu approcher le pétrolier, car les conditions en mer étaient alors très mauvaises. Finalement, le bateau a fini par s’échouer sur les rochers. « Nous avons attendu que les sauveteurs viennent nous sauver. C’était très difficile », confie Muntasir Al Mamun.
Malgré cela, l’équipage a réussi à garder son sang-froid, dit-il. Une opération périlleuse a alors eu lieu entre 2 et 4h le matin du 4 février pour sauver les 11 membres d’équipage du Tresta Star. Et 32 pompiers sauveteurs ont pu faire descendre les rescapés à terre en utilisant une tyrolienne. L’équipage du navire a ainsi pu regagner la terre ferme sain et sauf. « C’était un soulagement », ajoute le capitaine. « Les sauveteurs réunionnais ont sauvé nos vies. »
Pendant leur séjour forcé à l’île sœur, Muntasir Al Mamun avance que les Réunionnais ont été très accueillants. « Ils nous ont soutenus mentalement et financièrement. Je les remercie pour leur générosité », dit-il. Mais la situation, dit-il, reste « assez éprouvante » pour son équipage et lui. « Nous avons tout perdu lorsque le bateau s’est échoué. Nos vêtements et notre argent se trouvaient à bord. Nous sommes sans un sou à Maurice », dit-il.
Ses hommes et lui sont actuellement pris en charge par le Seaferers Welfare Fund. Tous dix logent dans un établissement à Mer-Rouge. Mais la situation n’est pas facile, et ils cohabitent à trois par chambre. Sans compter qu’ils ont à manger que du pain et du beurre. « Nous ne nous plaignons pas. Mais la situation est difficile pour nous en ce moment. Nous comptons sur la générosité des Mauriciens », dit-il.
Muntasir Al Mamun explique que son équipage et lui souhaitent rentrer dans leur pays natal. « Nos familles nous manquent. C’est à cause d’une calamité naturelle que nous nous retrouvons dans cette situation. Mais c’est le risque du métier. » Il ajoute ne pas avoir encore pris contact avec la haute commission du Bangladesh à Maurice, qui ne l’a d’ailleurs pas contacté non plus, dit-il. Il compte aussi donner tous les détails au département Shipping sur ce naufrage.
Le capitaine lance un message aux Mauriciens et aux autorités : « Nous voulons rentrer chez nous au plus vite. Il faut que les autorités respectent nos droits fondamentaux en termes de bien-être. Nous ne savons pas comment nous allons faire pour repartir chez nous, mais je sais que les Mauriciens sont par nature très généreux. S’il vous plaît, aidez-nous ! »
—————————
Début des investigations à bord
L’opération de pompage a débuté jeudi sur le Tresta Star, où le carburant a été transféré par hélicoptère sur le remorqueur Vasileios. Ainsi, les investigations dans les parties immergées du navire ont pu débuter vendredi. Sans compter que le Salvage Master va constater l’état de la coque pour proposer des solutions de colmatage.
Entre-temps, le nettoyage des déchets sur le navire se poursuit. Les pneus, cordages et pots de peinture, entre autres, sont évacués par hélicoptère dans de gros sacs. Cet exercice se poursuivra ce week-end.