Dans les eaux mauriciennes : nos coraux sous pression

Véritables protecteurs des côtes et pourvoyeurs d'habitats pour de nombreuses espèces marines, nos coraux subissent de plus en plus de pression. Un constat sur le terrain permet de voir que beaucoup ont blanchi surtout entre 2018 et 2020 alors que de nombreux sites coralliens sont eux très dégradés. Changement climatique et activités humaines mettent à mal cette forme de vie unique alors que la prolifération de son principal prédateur, l'étoile de mer couronne d'épines, représente un danger réel pour nos coraux.

Nos coraux sont en déclin depuis de nombreuses années. Certains sites bien connus sont aujourd’hui fantomatiques à l’instar du parc marin de Bue Bay offre une vue désolante, avec de nombreux coraux morts. L’épisode de blanchiment de 2018 à 2020 a été catastrophique pour ce parc marin.

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D’autres sites sont affectés par d’autres facteurs et peinent à retrouver leur foisonnement de vie d’antan. “C’est assez généralisé, beaucoup de sites ont connu de cette dégradation”, indique Nadeem Nazurally, lecturer à l’Université de Maurice en aquaculture et ocean science.

Acidification.

Au fur et à mesure que le temps passe, la pression sur ces coraux ne fait qu’augmenter. Mis à part le blanchiment causée par la montée de la température, le changement climatique occasionne également des catastrophes naturelles plus extrêmes.

“Les houles deviennent plus fortes, les coraux les brisent avant qu’elles n’atteignent nos côtes et beaucoup se cassent”, prévient Vassen Kauppaymuthoo, océanographe. Ces signes sont notamment visibles dans les lagons de Flic en Flac, Rivière Noire ou encore Pointe aux Sables. Les cyclones plus extrêmes auront aussi pour effets de dégrader d’avantage les coraux.

Mis à part les éléments naturels, l’industrialisation contribue lui aussi à la dégradation des coraux. L’air industriel et sa flambée de dioxyde de carbone, met à mal la survie des coraux.

“Nous sommes passé de 270 Particules Par Million (PPM) à 420. Ces particules se dissolvent dans l’eau acidifiant l’eau de mer et fragilisant en même temps les coraux”, fait savoir Vassen Kauppaymuthoo. Ils sont également fragilisés par les pesticides et d’autres produits chimiques qui sont appliqués dans les champs et qui atterrissent en mer après des épisodes de pluie. Ceux-là permettent aux algues de beaucoup se propager étouffant ainsi les coraux.

Sans compter les constructions mal planifiées, des systèmes de drains défectueux et la coupe des arbres qui provoquent des déversement d’eau sédimentaires dans la mer. “Ces sédiments qui se déposent sur les coraux les étouffent et les empêchent de se propager.” Le tout est agrémenté par la pollution qui est une véritable plaie.

Nadeem Nazurally vient d’ailleurs de publier une vidéo où ses acolytes et lui enlevaient du plastique biodégradable d’une colonie de coraux. “Jetés n’importe où, ces morceaux de plastique volent et atterrissent en mer. Ils étouffent le corail empêchant la lumière du soleil de les atteindre affectant ainsi la photosynthèse, essentielle à sa survie”, explique-t-il.

Invasion.

Pour ajouter à cela, la propagation rapide de l’étoile de mer couronne d’épine inquiète au plus haut point. Il ressort que certains plongeurs en trouvent une trentaine, voire une cinquantaine sur certains sites de plongés. Ces derniers se nourrissent des coraux durs et peuvent rapidement mettre en danger les colonies de coraux.

“Nous en voyons énormément actuellement. Nous pensons que c’est dû aux prélèvement des tritons par les humains. Ce mollusque est un des principaux prédateurs de la couronne d’épines. Malheureusement il y en a de moins en moins puisque des gens les prélèvent pour les utiliser comme objets de décoration”, indique Nadeem Nazurally.

Par ailleurs, de nombreux coraux sont dégradés lors des activités nautiques. Malheureusement, certains pêcheurs continuent à marcher sur eux, d’autres les abîment en tenant d’y trouver des proies alors que tout comme le snorkeling aboutit souvent au même résultat quand on ne fait pas attention.

Il est aussi triste de souligner que certains skippers continuent de jeter l’encre sur  des coraux alors qu’ils sont formés pour savoir les dégâts que ce geste provoque. Une meilleure sensibilité envers les coraux serait la bienvenue en ce temps difficiles pour les coraux.


Les coraux, une espèce primordiale pour l’océan

Les coraux jouent un rôle fondamental dans l’environnement marin. On compte à Maurice 159 espèces desquelles dépendent nombre d’espèces marines pour survivre. Quand ils se forment en récifs, ils sont des habitats primordiaux pour de nombreuses espèces, accueillant 25 % des espèces marines mondiales.

Mais même de plus petits colonies qui ne forment pas de récifs permettent à centaines espèces d’échapper aux prédateurs et offrent à d’autres à assurer la descendance. Pour d’autres, ils deviennent des garde-manger nécessaire à la survie. “Chaque espèce a son corail de prédilection. Certains coraux poussent plus vite que d’autres et peuvent devenir envahissants. Il faut faire attention à bien préserver cet équilibre quand il s’agit de mettre ne place de culture de coraux”, prévient Vassen Kauppaymuthoo.

Pour les humains, ces récifs sont tout aussi importants, car ils protègent nos côtes et leurs habitants grâce à leur rôle de brise-lames. Ils empêchent ainsi les grosses houles d’atteindre les côtes et sont responsable des eaux claires et peu profondes des lagons. De même, sans elles, nos plages de sable fin n’existeraient pas. “On aurait des plages de roche à la place”, souligne Vassen Kauppaymuthoo, océanographe.

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