Christopher Jost alias The Bee Guy : un « happy-culteur » qui bourdonne avec les abeilles

Christopher Jost a abandonné le monde du deejaying pour devenir apiculteur. D'une première ruche acquise en 2017, il en compte aujourd'hui plus d'une cinquantaine. D'ici l'année prochaine, son rucher sera davantage conséquent car The Bee Guy attend une cargaison de 1 700 ruches d'Afrique du Sud. De : A.R-M.

Chaque jour, Christopher Jost fait la tournée de ses ruches. Il en possède une cinquantaine, construite à partir de bois et matériaux recyclés, dont une partie se trouve dans un espace alloué par le parc de Gros Cailloux. Les autres, actuellement chez lui à Albion, seront bientôt déplacées sur place car de nouveaux projets vont éclore prochainement. En effet, en collaboration avec l’équipe de Gros Cailloux et celle de l’Arche de Noé, le jeune homme compte ouvrir d’ici fin-mars le premier Bee School à Maurice où il proposera des ateliers éducatifs aux petits et grands : “Le miel n’est que du bonus. Mon but est avant de transmettre toutes mes connaissances apprises et de contribuer à éduquer sur le lien indissociable qui existe entre l’équilibre de notre écosystème et l’abeille à miel. Trop souvent les abeilles sont considérées comme des nuisances, des insectes à tuer par peur d’être piqué”

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Or, lui il les trouve fascinantes. Il ne lasse jamais d’observer l’interaction entre une abeille et une fleur. C’est un véritable jeu de séduction qui se joue lorsque la fleur offre son nectar à l’abeille et que l’abeille pollinise et permet à l’espèce de se développer. Un système bien rôdé qui perdure depuis des millions d’années. Ce sont autant de volets que Christopher Jost abordera lors des ateliers. Il parlera aussi du fonctionnement d’une ruche, les étapes avant de récolter le miel ou encore l’organisation des abeilles constituée autour de la reine dont le rôle est de pondre ; des abeilles ouvrières qui nourrissent les larves, construisent les alvéoles de cire et protègent la ruche; puis pour compléter la colonie, les faux-bourdons c’est à dire des mâles qui sont là pour féconder la reine.

A 31 ans, le jeune homme d’origine allemande, ne se considère pas comme un producteur de miel. Lui préfère le rôle de défenseur des abeilles et de reconstructeur de colonies d’abeilles menacées d’extinction : « Ce qui m’a motivé c’est une prise de conscience. L’envie de protéger la nature, d’en prendre soin. Toutes ces menaces qui pèse sur le monde des abeilles, et la diversité, cela me touchait.” Le lien entre Christophe Jost et les abeilles ne cesse de se renforcer au fil des années. Quant il est au contact de ses petites « protégées », rare a-t-il besoin d’un enfumoir pour s’en approcher. Il ne craint point les piqures et enfile la combinaison de protection uniquement lors de ses missions de sauvetages, pour enlever et déplacer les ruches : “Il faut toujours garder son calme. Les abeilles sont agressives que quand elles se sentent menacées.”

The Bee Guy n’est pourtant pas tombé dans une ruche quand il était petit. C’est le hasard qui l’a emmené vers ce métier pas comme les autres. Tout a débuté en Afrique du Sud où l’un de ses amis était spécialisé dans l’élevage de reines. Il commencera alors à côtoyer plusieurs apiculteurs avant de poursuivre son apprentissage par lui-même à travers des recherches “Ce n’était pas en vue d’en faire une profession. C’était par pur passion pour les abeilles. Etre apiculteur ne s’improvise pas. C’est tout un art et ça demande beaucoup d’humilité et de patience.” Il a en effet exercé plusieurs métiers avant de rejoindre le monde du deejaying. Lorsqu’il débarque à Maurice, il demeure donc derrière les platines jusqu’au jour où son voisin, qui possédait des ruches, lui propose de se lancer.

Christopher Jost s’achète sa première ruche en 2017 et depuis, il s’y consacre à plein temps : “Dès le début, je m’étais mis en tête de contribuer à la protection des colonies d’abeilles sur Maurice.” Ceci du fait que la situation des abeilles dans le monde est alarmante alors qu’un tiers de l’alimentation mondiale dépend de ces petites pollinisatrices. Le taux de mortalité reste élevé, les ruches sont désertées, les butineuses sont victimes des insecticides qui les désorientent et empêchent de retrouver le chemin de leur roche.

Même s’il n’a trouvé aucune étude faite sur les deux espèces (mauritian hybrid et l’italienne) présentes à Maurice, Christopher Jost suit de près ce qui se passe ailleurs dans le monde. Il confie à ce propos : “ Le phénomène est loin de se limiter aux abeilles sauvages, il touche aussi les domestiques. Plusieurs facteurs favorisent le déclin des abeilles comme la prolifération de nouveaux prédateurs, l’urbanisation croissante qui détruit l’habitat des insectes, l’appauvrissement considérable de leurs ressources pour s’alimenter et les parasites (varroa), sans oublier le réchauffement climatique.” Si la disparition de colonies d’abeilles l’inquiète autant, c’est que les insectes jouent un rôle majeur dans l’écosystème. Sans cette pollinisation, la liste des denrées alimentaires auxquelles nous n’aurions plus accès serait longue : “C’est inquiétant quand vous regardez ce qui peut se passer si toutes les abeilles meurent.”

Aussi lorsqu’il reçoit des appels, Christopher Jost ne refuse jamais une intervention pour enlever et déplacer les ruches à travers l’île. Après avoir vécu au Nigéria, au Swaziland, en Afrique du Sud c’est à Maurice que le jeune homme conclut avoir trouvé « ses reines”. En soulevant les cadres de ses différentes ruches, l’apiculteur ne cache pas son enthousiasme : “aussi petite qu’elle soit l’abeille est là pour nous éduquer sur notre environnement et j’espère contribuer à que les Mauriciens participent à la protection des abeilles.”

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