Le retard dans le paiement de la pension universelle ce mois-ci provoque des grincements de dents chez les bénéficiaires. Ce n’est en effet que depuis hier que ces derniers ont pu commencer à percevoir leur pension, que ce soit par voie bancaire ou à travers les bureaux de poste, et ce, suivant un système d’ordre alphabétique. Les aînés sont catégoriques : si cette tendance se maintient, ils toucheront leur pension avec le même long délai en pas moins quatre reprises cette année.
Du fait de la décision du ministère de la Sécurité sociale visant à repousser le paiement de la pension au quatrième jour ouvrable des banques, les pensionnés percevront à nouveau leur dû en retard le mois prochain, soit le lundi 7 mars, le 1er mars étant en effet férié.
Et ce n’est pas tout, puisque le même scénario se reproduira le mois suivant, soit le 6 avril, les 2 et le 3 tombant le week-end. Enfin, toujours cette année, le 1er septembre étant également férié, les personnes âgées ne pourront toucher leur pension, souvent des fois leurs seules ressources financières, que le 7 septembre.
Au ministère de la Sécurité sociale, on explique que la décision de repousser le paiement de la pension universelle au quatrième jour ouvrable des banques fait suite à un rapport du ministère des Services financiers et de la Bonne gouvernance, et qui portait sur des paiements excédentaires de la pension effectués à plusieurs reprises. On s’appesantit cependant sur le fait que la situation devrait retourner à la normale à compter du mois prochain, car le délai pour le paiement de la pension sera de 30 ou de 31 jours.
Vijay Naraidoo, directeur adjoint de l’association Droits humains océan Indien (Dis-Moi), estime que les raisons invoquées par les autorités pour justifier cette décision ne tiennent pas la route. S’il y a eu des cas d’Overpayment, estime-t-il, « que le ministère de la Sécurité sociale récupère le paiement excédentaire, mais sans pénaliser tous les bénéficiaires de la pension ».
Il poursuit : « des pensionnés, des veuves et des handicapés attendent ce paiement pour vivre, payer leurs factures et acheter des médicaments. Je demande au gouvernement de les informer sur son système de paiement de la pension pour ne pas pénaliser les personnes âgées. »
De son côté, Maryse Couffic, secrétaire du club de troisième âge Blackburn, à Curepipe, est d’avis que les personnes âgées « ne peuvent attendre que le paiement de leur pension soit effectué au-delà du premier jour de chaque mois. Je connais une vieille dame qui a été expulsée de chez elle pour avoir payé en retard la location de sa maison. Nous ne voterons pas pour ce gouvernement une deuxième fois, car depuis 2020, les personnes âgées n’ont pas vu leur pension augmenter. Elles sont très en colère. Si on me demande de descendre dans la rue pour manifester, je le ferais sans hésitation », déclare-t-elle.
Le président de la Free Democratic Union Federation, Désiré Guildharry, trouve pour sa part cette démarche aberrante. « Si on tient en compte maintenant le paiement par ordre alphabétique, certains pensionnés risquent de toucher leur pension vers le 15 de ce mois », dit-il. Il est rejoint par son homologue du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, pour qui « la pension universelle est un droit, et le gouvernement doit respecter ce droit ».
« Le gouvernement doit ordonner à la Banque de Maurice d’user de ses prérogatives pour créditer les comptes concernés à temps. Tout est possible en ce moment, car nous vivons à l’heure de la digitalisation. Il devrait être possible pour les personnes âgées de percevoir leur pension dans n’importe quelle banque, tout comme on peut retirer de l’argent dans n’importe quelle banque à travers des ATM », souligne le syndicaliste.
Le président de la Federation of Civil Service and Other Unions, Narendranath Gopee, déplore lui aussi le retard dans les paiements de la pension. « Le gouvernement doit honorer ses dettes envers les personnes âgées. Il n’est pas normal qu’à leur âge, les pensionnés doivent attendre sept jours pour toucher leur pension. Nous insistons pour que le gouvernement applique la politique de “two clear days” avant la fin de chaque mois pour payer les pensionnes, comme c’est le cas dans la fonction publique. C’est parce que cette politique est suivie à la lettre qu’un taux de présence de 60% a été enregistré dans la fonction publique le lendemain de l’enlèvement de l’alerte cyclonique 4 », affirme-t-il. « Pourquoi ne pas avancer la date de paiement de la pension lorsqu’il y a des jours fériés et des week-ends ? » conclut-il.