(Tir croisés) Cannabis thérapeutique : au-delà des idées reçues, quels avantages ?

Utilisé pour ses qualités antalgiques depuis des millénaires en Inde et en Chine, le cannabis est capable, d’après plusieurs études, de soulager plusieurs personnes souffrant de maux divers allant de douleurs chroniques aux problèmes gastriques en passant par l’Alzheimer. Pourtant, les idées reçues et les craintes liées à la légalisation du cannabis médical sont encore tenaces chez beaucoup. En effet, nombreux sont ceux qui confondent le cannabis médical et le cannabis récréatif. Mais, sur le plan purement thérapeutique, quels sont les avantages que sa légalisation pourrait avoir sur la santé ? Le Dr Vinod Ramkoosalsing, psychiatre, est entièrement en faveur de l’introduction du cannabis thérapeutique. « C’est un médicament extraordinaire qui marche très bien dans certaines maladies. Il faut que la population puisse en profiter », dit-il, tout en précisant qu’il « faut bien sûr prévoir un cadre légal approprié ». Au-delà du cannabis médical, le médecin trouve aussi des avantages au cannabis récréatif. « Nous espérons que les idées changeront et que le cannabis récréatif pourra être dépénalisé pour diminuer la consommation de drogues synthétiques ». Toutefois, nuance-t-il, « il ne faudrait pas que les jeunes de moins de 20 ans consomment du cannabis à but récréatif ».

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Kunal Naïk, psychologue et addictologue, souligne l’importance que le cannabis médical soit libéralisé et rendu accessible en pharmacie, même sous ordonnance médicale. « Depuis les recommandations de l’OMS à la Commission on Narcotic Drugs, le CBD est censé ne plus figurer sur la liste des drogues dangereuses. On aurait dû permettre aux opérateurs d’importer des produits CBD dont le taux de THC est contrôlé et très minime. Tout comme les médicaments à risques d’addiction comme la morphine, le Valium, il devra y avoir un contrôle. Il devrait y avoir une libéralisation des produits à base de CBD qui peuvent être en vente en pharmacie (huile, comprimés etc.) pour qu’un maximum de personnes puisse en bénéficier ».

De son côté, Amit Bhakirta, CEO d’Anneau, société de services financiers, fait valoir que « l’écosystème commercial du cannabis, dans certains grands pays développés et en Afrique, a été conçu non seulement avec l’industrie du cannabis médical mais aussi avec les industries récréatives et de consommation auxiliaire, y compris le secteur manufacturier ». Il ajoute que l’ouverture de cette industrie « a sorti des millions de personnes de la pauvreté, permis à des centaines d’autres de devenir des entrepreneurs et des millionnaires prospères, tout en aidant un certain nombre d’États et de pays à améliorer leur situation fiscale et leurs systèmes médicaux et socio-économiques ». Pour lui, le cannabis médical ne constituerait pas une menace pour le secteur pharmaceutique car « il s’agit de produits complémentaires et non concurrents ». Au contraire, fait-il voir, « les grandes sociétés pharmaceutiques du monde entier ont déjà adopté cette nouvelle industrie et forgent leurs capacités de recherche et développement et de distribution autour ».


DR VINOD RAMKOOSALSING (Psychiatre):
« Le CBD, un médicament extraordinaire »

En décembre 2020, les Nations unies, suivant les recommandations de l’OMS, ont reconnu officiellement l’intérêt thérapeutique du cannabis. Depuis, à Maurice, un comité médical a été mis sur pied par le ministère de la Santé pour se pencher sur la possibilité d’introduire le cannabis médical. Êtes-vous pour le cannabis thérapeutique ?

Bien sûr, pour moi, c’est un médicament extraordinaire qui marche très bien dans certaines maladies. Il faut que la population puisse en profiter. Cela peut être efficace dans plusieurs cas, notamment pour soulager des douleurs chroniques. D’après des études aux États-Unis, avec le cannabis médical, les gens prennent moins de Paracétamol qui se vend sans ordonnance. Le Paracétamol est toxique pour le foie. Aussi, les gens prennent-ils moins d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens qui peuvent susciter des problèmes gastriques et abîmer les reins. Vu que ces médicaments se vendent sans ordonnance, les gens achètent sans connaître les effets secondaires. À la longue, ils peuvent développer une insuffisance rénale et aller jusqu’à la dialyse ou transplantation rénale. Le médicament fonctionne d’autre part bien chez les cancéreux qui font la chimiothérapie en augmentant leur appétit. Cela ralentit aussi les cellules cancéreuses. Le cannabis médical agit aussi contre les troubles du sommeil.

Tous ces bienfaits ont-ils été prouvés par des recherches ?

Oui, depuis plus d’une dizaine d’années, il y a des médicaments qui sont prescrits en Angleterre et dans certains pays d’Europe.

Vous êtes donc pour le cannabis thérapeutique surtout ?

Le cannabis thérapeutique dans un premier temps, ensuite, nous espérons que les idées changeront et que le cannabis récréatif pourra être dépénalisé car la drogue synthétique tue. C’est un gros fléau qui fait des ravages actuellement. Cette drogue est très accessible, environ Rs 100 une dose. Donc, pour diminuer la consommation de drogues synthétiques, le cannabis récréatif pourrait aider. Il faut bien sûr prévoir un cadre légal approprié. Par exemple, pour moi, il ne faudrait pas que les jeunes de moins de 20 ans consomment du cannabis à but récréatif.

Dépénaliser le cannabis récréatif ne reviendrait-il pas à ouvrir la porte aux drogues dures ?

Non, ce n’est pas vrai. 95 % de ceux qui prennent des drogues dures comme l’héroïne ont fumé du cannabis mais 95% des fumeurs de cannabis ne basculent pas vers l’héroïne. En 2016, l’ONG Pils avait commandité une étude sur la consommation du cannabis récréatif à Maurice. Sur un échantillon de 600 personnes, ce qui est assez représentatif, ils ont vu que 16% des sondés anonymes ont admis consommer du cannabis le mois précédent l’étude. Je pense qu’il doit y avoir plus, certaines personnes ayant pu ne pas admettre en consommer. Si on fait le calcul : 16% de notre population de 15-65 ans, environ 60 000 personnes, en ont donc consommé. D’après la Rapid Situation Analysis qu’on avait fait pour l’héroïne, on a eu un chiffre de 15 000-20 000 personnes. Donc, si tous ceux qui consommaient le cannabis devaient progresser vers les drogues dures, on aurait dû avoir 60 000 toxicomanes à l’héroïne. Ce qui n’est pas le cas. Par ailleurs, au niveau de la méthadone, qu’on a commencée en 2006, il y avait à un moment 6 000 à 7 000 personnes qui en prenaient. D’après les études, 50% des héroïnomanes ne sont pas intéressés avec la méthadone. Ils aiment consommer de l’héroïne. Donc, on a 6 000- 7 000 qui ne sont pas intéressés avec la méthadone.

Le patient qui a recours au CBD, ne risque-t-il pas de devenir dépendant aux doses et en avoir besoin de plus en plus au fil du temps ?

Pour les médicaments, il y a déjà des doses spécifiques. Même au niveau thérapeutique, il faut qu’il y ait un contrôle. Il existe déjà des médicaments qui donnent de la dépendance comme les benzodiazépines (Valium, Mogadon etc.) mais qu’on utilise.

Quel type de contrôle pourrait-on mettre en place ?

Avant, il y avait un peu de laxisme mais depuis la Commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Lam Shang Leen, on est venu avec une nouvelle prescription à trois copies pour les médicaments à risque d’addiction. Une copie reste à la pharmacie et une copie avec le patient et une copie que tout médecin doit retourner au ministère. Il y a eu des médecins qui prescrivaient beaucoup de Valium etc. et ils ont été convoqués par le ministère. Il faut qu’il y ait un contrôle strict. S’il y a des abus venant de médecins, il faudra des sanctions. Il ne fut pas le cas des Blue-Eyed Boys.

Que faut-il prendre en compte d’un point de vue légal ?

En ce qui concerne le cannabis récréatif, on attrape des personnes avec 4 ou 5 poulias de cannabis et ils sont poursuivis, sanctionnés et récidivent. La carrière de ces jeunes est fichue. Ils n’ont pas de certificat de moralité. Dans les prisons, il y a peut-être plus de 50% qui y sont pour avoir consommé du cannabis. Un prisonnier coûte Rs 700 par jour aux contribuables. Si on dépénalise, il n’y aura pas tout cela. Les policiers ne perdraient pas leur temps à survoler tel endroit en hélicoptère. Cela a un coût. Si on laisse les consommateurs mettre en terre deux plants de gandia, il n’y aura pas tout cela. D’autre part, il y a des trafiquants qui s’enrichissent du cannabis. Si on dépénalise, il n’y aura pas tout cela.

En conclusion ?

Le cannabis médical est un bon départ. Il faut que les dirigeants, surtout les administrateurs changent leur mentalité. On n’est plus en 1950. Beaucoup de ces décisions sont prises par les administrateurs. Même au niveau des Technical Committees, il y a des administrateurs qui ne connaissent rien à la médecine ! Même pour la méthadone – j’étais responsable pour le lancement en 2006 – les administrateurs avaient une peur terrible pensant que les gens allaient mourir avec la méthadone. Mais, la méthadone ne tue pas. C’est l’héroïne qui tue par overdose. Après le cannabis médical, j’attends la dépénalisation du cannabis récréatif. 20-25% de la population ne vont pas dans les hôpitaux publics, donc il faut que le cannabis médical soit dans le privé aussi.


KUNAL NAIK (Psychologue, addictologue) :
« Libéraliser les produits à base de CBD »

En décembre 2020, les Nations unies, suivant les recommandations de l’OMS, ont reconnu officiellement l’intérêt thérapeutique du cannabis. Depuis, à Maurice, un comité médical a été mis sur pied par le ministère de la Santé pour se pencher sur la possibilité d’introduire le cannabis médical. Êtes-vous pour le cannabis thérapeutique ? Pourquoi ?

Définitivement. Il y a plusieurs études qui ont montré que le cannabis médical est efficace contre plusieurs pathologies dont l’Alzheimer, le VIH/Sida, l’épilepsie, le glaucome, les spasmes musculaires, les douleurs chroniques sévères, le rhumatisme etc. Cela peut aussi aider ceux qui ont des vomissements après leur traitement de cancer. De plus, cela peut augmenter l’appétit de ces derniers. Certaines personnes en phase terminale de la vie ont besoin de médicaments comme la morphine, lesquels réduisent leur degré de lucidité. Le cannabis médical, lui, a moins d’effets secondaires et la personne reste lucide et peut profiter des derniers moments avec sa famille.

Certaines études ont montré que le CBD (cannabidiol) peut réduire les manques à l’héroïne chez ceux qui veulent arrêter avec cette drogue. Il y a encore d’autres études qui sont en cours et qui seraient susceptibles de montrer d’autres avantages.

En déclassant le cannabis des drogues les plus dangereuses, les Nations unies ont toutefois précisé que « bien qu’un traitement sûr et efficace dérivé du cannabis ait été mis au point, le cannabis lui-même continue de présenter des risques importants pour la santé publique et devrait continuer à être contrôlé dans le cadre des conventions internationales sur le contrôle des drogues ». Comment mesurez-vous les risques de dépendance ou autres risques pour la santé à travers l’introduction du cannabis thérapeutique dans le pays ?

Il ne faut pas mélanger le gandia (cannabis) que fument certaines personnes avec le cannabis médical. Le gandia qu’achètent les gens à Maurice en se faisant ruiner – Rs 1500 environ par gramme, c’est en fait des feuilles dont le taux de THC (tétrahydrocannabinol, la substance réputée pour ses effets psychotropes) n’est pas contrôlé. Le cannabis médical, lui, est un médicament contrôlé. Le niveau de THC et de CBD est contrôlé dépendant des conditions qu’on veut traiter. Certaines pathologies nécessiteront plus de THC, qui est un anti-inflammatoire naturel, d’autres nécessiteront plus de CBD. Par ailleurs, dans le cannabis, le CBD est comme un agent qui régule l’effet du THC. C’est pourquoi on dit que le cannabis est bien moins dangereux que les autres drogues. Bien sûr, il faut un contrôle. Il y a une éducation thérapeutique qui doit marcher de pair avec l’introduction du cannabis médical. C’est comme les autres médicaments. On le prend, ensuite, on fait une pause.

Le patient ne risque donc pas de devenir dépendant aux doses et avoir besoin de plus de doses au fil du temps ?

Non. Le médecin contrôlera les doses. Le cannabis médical vient sous forme de pilule, d’huile… On élimine donc les risques existants liés au fait de fumer le cannabis. Il n’y a aucun effet semblable à quand on fume le cannabis. Il sera important que les médecins reçoivent une formation.

Parmi les pays qui ont voté contre cette déclassification, le Chili a fait valoir qu’« il existe une relation directe entre l’utilisation du cannabis et l’augmentation des risques de souffrir de dépression, de déficit cognitif, d’anxiété, de symptômes psychotiques, entre autres.

Il ne s’agit pas ici du cannabis médical. On parle ici de consommation de cannabis en vente et dont le taux de THC n’est pas contrôlé. Quand on en fume énormément, il peut y avoir des risques. De plus, certains consommateurs avaient déjà des pathologies qu’ils ignoraient, lesquelles ont surgi quand ils en ont consommé. Au Chili, on n’a pas le droit de vendre du cannabis mais on a le droit de planter du cannabis chez soi si on a envie de fumer.

Êtes-vous pour le cannabis thérapeutique uniquement ou aussi pour le cannabis récréatif ?

Je suis aussi en faveur du cannabis récréatif. Il y a plusieurs études qui ont montré que le cannabis n’est pas aussi dangereux qu’on le croyait. Même le taux d’addiction est très bas en comparaison à d’autres substances.

Un des aspects fondamentaux de l’introduction du CBD serait l’encadrement légal de l’utilisation du cannabis à Maurice. Quels sont les problèmes juridiques qui risquent de se présenter et quels sont les points à prendre en compte pour éliminer tout risque de mauvais usage ?

La Pharmacy Act devra être amendée de même que la Dangerous Drugs Act. Tout comme les médicaments à risques d’addiction comme la morphine, le Valium, il devra y avoir un contrôle. Il devrait y avoir une libéralisation des produits à base de CBD qui peuvent être en vente en pharmacie (huile, comprimés etc.) pour qu’un maximum de personnes puissent en bénéficier. Depuis les recommandations de l’OMS à la Commission on Narcotic Drugs, le CBD est censé ne plus figurer sur la liste des drogues dangereuses. On aurait dû permettre aux opérateurs d’importer des produits CBD dont le taux de THC est contrôlé et très minime. Même s’il faut la prescription d’un médecin, le patient peut se procurer le produit en pharmacie. Cela fait longtemps que j’ai milité pour la légalisation du cannabis parce que c’est une mesure permettant d’éradiquer la drogue synthétique à long terme. Je milite pour que le cannabis soit légal et contrôlé pour les adultes responsables et non pour ceux en dessous de 21 ans. Au Canada, par exemple, il est très difficile de vendre du cannabis aux plus jeunes car il y a des amendes énormes : 12 000 dollars si une personne a vendu le cannabis à un jeune, enlèvement du permis de conduire.

Par ailleurs, c’est une opportunité de diversification économique. On peut même produire le cannabis médical et faire un secteur de recherches. Maurice pourrait devenir un tremplin dans la région. Les universités existantes dans le pays pourraient faire des recherches sur le cannabis médical.


AMIT BAKHIRTA (CEO d’Anneau) :« L’industrie a
sorti des millions
de personnes de la pauvreté »

En décembre 2020, les Nations unies, suivant les recommandations de l’OMS, ont reconnu officiellement l’intérêt thérapeutique du cannabis. Depuis, à Maurice, un comité a été mis sur pied par le ministère de la Santé l’an dernier pour se pencher sur la possibilité d’introduire le cannabis médical à Maurice. Outre l’aspect thérapeutique, quel est le potentiel économique que pourrait représenter une telle industrie ?

L’écosystème commercial du cannabis, dans certains grands pays développés et en Afrique, a été conçu non seulement avec l’industrie du cannabis médical – bien que beaucoup aient commencé avec elle, en premier lieu, mais aussi avec les industries récréatives et de consommation auxiliaire, y compris le secteur manufacturier. Le potentiel économique est donc sensiblement matériel, surtout compte tenu du fait que l’alignement éventuel de notre industrie du cannabis récréatif et de la consommation, avec les pratiques et les tendances internationales, fournira un rajeunissement indispensable de nos secteurs du tourisme et du divertissement intérieur, de la fabrication (importations et exportations) et de la consommation. L’effet multiplicateur, surtout en termes d’image de marque de pays progressiste et ouvert, est encore plus important. En effet, alors qu’une nation souveraine devrait avoir des stratégies à court terme pour ce pilier clé de cette économie mauricienne, elle devrait aussi et spécifiquement, mettre en place une image avant-gardiste et jeune pour attirer nos clients et visiteurs de demain. La jeune industrie de demain sera plus ‘mondiale’, éco-consciente et technologiquement informée. Dans ce monde technologique et culturel en constante évolution, notre destination doit briller.

La topographie et le climat de Maurice sont-ils propices à la culture du cannabis ?

Oui. Ils le sont sans aucun doute. Et tout comme c’est le cas pour le bon vin, les fromages et autres intrants gastronomiques, le sol et la biosphère du produit contribue à représenter les nuances des produits consommables qui en émanent. Une pomme cultivée aux sommets du monde, dans l’Himalaya, n’aura pas le même goût qu’une pomme des belles vallées d’Afrique du Sud. Cependant, ce qui est plus intéressant, c’est que la culture, avec les avancées technologiques et ses caractéristiques de rendement élevé, est susceptible d’être cultivée en interne, à l’hydroponique. Et donc, cela limite le besoin d’immenses espaces de terre, d’eau et d’autres intrants.

Les anti-CBD ne seraient-ils pas offusqués d’entendre parler de culture de cannabis qui peut vouloir dire pour eux ouvrir les portes à la drogue… Comment combattre les idées reçues ?

Les philosophes essaient souvent de souligner la nécessité pour les masses de transmuter de leurs croyances préconçues – très souvent, basées sur de simples idées non empiriques – à une connaissance réelle, qui est factuellement empirique. Le monde évolue très vite et nous aussi, d’ailleurs. Il ne s’agit pas de combattre des idées, il s’agit de faire le travail pour que nos générations futures vivent dans une nation progressiste, prospère et souveraine du XXIe siècle. Mais encore : comment guérir les ‘croyants’ de leurs croyances pour aller vers la connaissance ? Nous n’en avons plus besoin. L’évolution et le progrès sont déjà là.

A-t-on des statistiques de pays s’étant lancés dans l’industrie du cannabis et l’impact sur leur économie mais aussi sur le taux de mauvaise utilisation du cannabis ?

Oui, on a des statistiques officielles des pays développés, incluant les États-Unis, le Canada et l’Union européenne. L’ouverture de cette industrie a sorti des millions de personnes de la pauvreté, permis à des centaines d’autres de devenir des entrepreneurs et des millionnaires prospères, tout en aidant un certain nombre d’États et de pays à améliorer leur situation fiscale et leurs systèmes médicaux et socio-économiques.

Le cannabis en tant qu’industrie devrait atteindre les 166 milliards USD en 2025 en termes de vente mondiale. Dans la plus grande économie du monde, la plante devrait contribuer environ 80 milliards de dollars d’ici 2030. L’industrie canadienne du cannabis a représenté 14,256 milliards de dollars au Produit intérieur brut du pays en décembre 2020 selon les derniers chiffres publiés par Statistique Canada. Ce marché devrait se développer à un taux de croissance annuel moyen de 26,7 % entre 2021 et 2028.

Le marché européen du cannabis devrait connaître un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 67,4 % pour atteindre 3,2 milliards d’euros d’ici 2025, selon un nouveau rapport de Prohibition Partners. Le marché africain du cannabis légal pourrait quant à lui valoir plus de 7,1 milliards de dollars par an d’ici 2023.

Pensez-vous que des lobbies venant de compagnies pharmaceutiques qui verraient dans le CBD une menace à leurs profits sur les médicaments tels le Doliprane, le Panadol etc. pourraient être un obstacle à la concrétisation d’une industrie du cannabis à Maurice ?

Non. Pas du tout car il s’agit de produits complémentaires et non concurrents.
Les grandes sociétés pharmaceutiques du monde entier ont déjà adopté cette nouvelle industrie et forgent leurs capacités de recherche et développement et de distribution autour de l’industrie.

La multinationale de la bière et fabricant de Budweiser, Anheuser-Busch In Bev, le plus grand producteur de bière au monde, a conclu un partenariat avec Tilray en décembre 2018. Les deux entreprises investiront jusqu’à 50 millions de dollars pour faire des recherches sur les boissons non alcoolisées contenant du THC et du CBD au Canada. Tilray a signé un partenariat mondial avec une division du géant pharmaceutique suisse Novartis AG pour développer et distribuer sa marijuana médicale dans les juridictions légales du monde entier. Au cours des cinq prochaines années, les revenus générés par le marché du cannabis médical aux États-Unis devraient presque doubler, passant de 8,5 milliards de dollars en 2020 à un peu plus de 16 milliards de dollars en 2025. Les deux géants que sont Pepsi et Coca-Cola surveillent de près l’évolution de ce marché pour le moment.

En conclusion ?

Des mesures audacieuses sont parfois nécessaires dans les moments difficiles. Alors que l’île Maurice est confrontée à de nombreuses tempêtes géopolitiques, fiscales et socio-économiques, il semble opportun d’utiliser la crise comme une opportunité pour réinventer son économie vers une prospérité durable pour les générations futures. Je citerais Wayne Gretzky : « Je patine là où la rondelle ira, non vers où elle se trouvait ».

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