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Affaire Lutchigadoo : Le témoin Ania confronté à ses versions contradictoires

Me Glover, SC : « Pa rakont zistwar. Mo pou fini par demann ziz donn ou enn warning, ou reponn zis seki ou anvi reponn ou »

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Le témoin vedette : « Mo ti dan enn sityasion de panik. Mo ti traumatize »

Le Star Witness, Frédérick Ania, a été confronté à ses versions contradictoires par Me Gavin Glover, Senior Counsel, qui assure la défense du trafiquant présumé, Kusraj Lutchigadoo. C’était à la reprise du procès intenté à celui-ci pour avoir tenté, le 27 février 2018, de prendre possession d’une importante quantité de drogue, dont la valeur marchande est estimée à Rs 33 millions. L’avocat de Kusraj Lutchigadoo a entamé le contre-interrogatoire de ce témoin vedette. Cet exercice qui pourrait s’échelonner sur plusieurs jours vu la décision de la défense de décortiquer les 19 dépositions consignées par la police de ce témoin, bénéficiant de l’immunité du Directeur des Poursuites Publiques (DPP).

Me Glover maintient ainsi que le témoin « ne dit pas la vérité ». « Dapre ou bann depozisyon, ou dir tou se ki ou finn dir se vre », a déclaré l’homme de loi en début de l’audience. Le témoin devait répondre par l’affirmative. Il a alors fait ressortir qu’une charge provisoire de « aiding and abetting the author of a crime » avait été logée contre lui à son arrestation, le 27 février 2018, et que cette accusation avait été rayée le 28 juin suivant. Une nouvelle charge avait ensuite été logée puis à nouveau rayée le 3 mai 2021.
« Vous avez eu un traitement différent de la police depuis. Ou pa ti dan kaso », ajoute Me Glover, SC. Frédérick Ania a expliqué que la police l’avait transféré de la prison pour le mettre dans un endroit qu’il « ne peut divulguer pour des raisons de sécurité ». Ce à quoi l’avocat a rétorqué : « Ou ti ena bann lavantaz, fami kapav vinn get ou, tou sa ! »

« Pa rakont zistwar »

Me Glover est revenu sur la journée du 27 février 2018, date à laquelle le témoin devait livrer le colis de drogue à un certain Keshav Rasurm. « Ou dir ki ou finn ale lor 2e e 3e etaz MauBank pou rod Keshav Ramsurn me zame finn trouv li. Tou dimounn kone pa ti ena Keshav Ramsurn laba, paski zame ou finn liv li parsel dan MauBank. Ou ti pe al Blue Tower sak fwa. Kifer ou pa finn dir sa bann lapolis la ? » lui a demandé Me Glover. « So ladres ti MauBank. Mo pa ti kone kot li travay », fait comprendre le témoin.
Me Glover a ensuite attiré l’attention de la Cour sur le fait que, du 31 décembre 2017, date à laquelle le témoin dit avoir fait la connaissance du dénommé Keshav Ramsurn, et ce, jusqu’au 27 février 2018, il y a eu « d’innombrables échanges d’appels et de messages » entre les deux hommes. Il maintient en outre que, quand le témoin était en compagnie de policiers pour faire la livraison à la MauBank, celui-ci « savait très bien » que Keshav Ramsurn ne s’y trouvait pas, mais qu’il avait alors préféré ne rien dire à la police. « Tou dimounn realize ki Keshav Ramsurn pa travay MauBank. Na pa donn repons ki ou anvi done. Parsel-la ti dan ou lame e ou konn sa dimounn-la. Ou bien ou kone ki ti pe pase parski ou ti apel Saheer Lalmohamed pou dir li ki lapolis pe swiv sa parcel-la », a demandé l’homme de loi..
Fédérick Ania devait alors revenir sur sa version pour expliquer qu’il avait parlé à Keshav Ramsurn avant de parler à Saheer Lalmohamed pour lui dire que le paquet n’était pas avec lui. « Pa koumans sanz koze. Pa rakont zistwar ek mwa. Eski ou ti informe Keshav Ramsurn ki parsel-la ti ek ou ? » a insisté Me Glover.

« Sime traver »

Tout au long de son contre-interrogatoire, et confronté à de nombreuses reprises à ses versions et autres « incohérences » contenues dans ses dépositions, le témoin s’est contenté à chaque fois de répondre qu’il était « paniqué » ce jour-là et qu’il vivait « des moments traumatisants ». Il ajoutera « zame mo finn pas par enn problem koumsa dan mo lavi. Mo ti gayn enn per ble ! »
Me Glover est revenu sur des détails pour faire la démonstration que le témoin ne disait pas la vérité, en l’occurrence que ce dernier avait appelé Keshav Ramsurn avant 12h30, alors que ses relevés téléphoniques démontrent au contraire qu’aucun appel n’a été passé. De même, il lui avait transmis un message à 13h36 pour l’informer qu’il retournait en compagnie de policiers pour la livraison.
« Ou ti telman panike ki a 13h36, ou pe gayn letan avoy mesaz pou dir ki gard ek ou, ou pe vini. Extra panik sa ! » a poursuivi Me Glover, avant de mettre en garde le témoin en soulignant que « ou ena sa labitid pran sime traver-la sak fwa ki mo kwins ou lor enn kestion. Mo pou fini par demann ziz donn ou enn warning. Ou reponn zis seki ou anvi reponn ou ! » Après quoi Me Glover a rappelé les devoirs du témoin de se plier aux conditions du DPP pour répondre à toutes les questions.

ID Card et signature

L’avocat de Kusraj Lutchigadoo a aussi contre-interrogé le témoin sur les précédentes livraisons effectuées à Keshav Ramsurn. Il a ainsi fait comprendre qu’il existe des procédures au sein de la compagnie DHL, et que parmi elles se trouve l’obligation pour le client de présenter sa pièce d’identité et de signer les formulaires requis avant que celui-ci puisse prendre livraison de son colis.
Frédérick Ania avait en effet affirmé n’avoir jamais demandé de pièce d’identité à Keshav Ramsurn, ni même n’avoir jamais vérifié sa signature. « Avec le volume de travail par jour, nous n’avons pas le temps de demander la pièce d’identité. Je n’avais pas vérifié la signature non plus », a-t-il concédé .
Il ressort qu’une première fois, Keshav Ramsurn avait signé en tant que Benoît et une autre fois du nom de Akash. Ces détails auraient échappé au livreur. « Ou byen kapav kokin dimounn alor parski ninport ki sanla kapav vinn pran enn parsel. Pena kart idantite, pena verifikasion signatir », a alors fait remarquer Me Glover.
Le contre-interrogatoire du témoin reprend aujourd’hui. Kusraj Lutchigadoo est défendu par Mes Gavin Glover, Senior Counsel, Yanilla Moonshiram et Shakeel Mohamed, et Pazany Thandarayan, avoué. Il est accusé d’avoir tenté, le 27 février 2018, de prendre possession d’une importante quantité de drogue, dont la valeur était alors estimée à Rs 33 millions.

La poursuite est représentée par Me Rehnu Gowry-Bhurrut, Assistant DPP, assistée de Mes Bhavna Bhagwan et Seegobin.

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