Covid-19 oblige et surtout le respect des conditions sanitaires, le Thaipoosum Cavadee a été célébré, hier, dans des conditions exceptionnelles dans l’île. Ainsi, les Mauriciens de culture tamoule ont marqué cette importante fête religieuse dans la simplicité et dans une ardeur passionnée pour rendre hommage au dieu Muruga, second fils du dieu Shiva.
C’est la cérémonie Korvil Vallam qui a été privilégiée à la place de la grande procession du Cavadee dans tous les korvils sans exception. Un changement majeur agréé afin d’éviter la transmission du virus. Le Korvil Vallam signifie tout simplement faire le tour du korvil. Traditionnellement, le Thaipoosum Cavadee est rythmé de défilés spectaculaires de dévots dans différents points de l’île avec des chants pieux et prières.
En outre, la tradition visant à transpercer les joues et la langue avec des aiguilles d’argent, symbolisant le vœu du silence est exceptionnellement remplacée par le port du masque sanitaire pour éviter toute transmission de la maladie et la distribution de l’Anadanam, ce repas végétarien sacré destiné aux dévots et des disciples fervents a été interdit pour limiter dans la mesure du possible les risques potentiels liés à la pandémie.
Très tôt hier matin, en ce jour de Thaipoosum Cavadee, le temple Sockalingum Meenachee Amen Kylasson, route Nicolay, Port-Louis, haut lieu de cette célébration religieuse, affichait une ambiance particulière, mais empreinte de solennité. Dans la brume de ce mardi matin, des cavadees de différentes formes ornés de fleurs et des pots en cuivre remplis de lait (Paal kodam) portés spécialement par les dames sont alignés sur le sol dans la grande cour du korvil. Devant chaque Cavadee et Paal Kodam des camphres brulés, des bâtons d’encens, des limons et des noix de coco étaient disposés sur des feuilles de banane. Les bâtons d’encens et la fumée dégagent un parfum magique comme offrande au dieu Muruga. Les dévots sont revêtus des habits de couleur fuchsia et portent des masques sanitaires de la même couleur, arborant la lance de dieu Muruga offerte gratuitement par le Hindu Maha Jana Sangam en vue de se protéger contre ce virus.
Alors que les fidèles se recueillaient, un très beau spectacle s’est formé dans le ciel avant que la première lueur du jour levant ne se faufile à travers la montagne Pieter-Both pour baigner le korvil et ses dévots d’une douce lumière. Un moment intense quand ce zèle ardent animé par cet ardent sentiment religieux était dans l’âme de chaque dévot (Baktems). La célébration de la fête Cavadee a été organisée très tôt le matin avant le lever du soleil.
La cérémonie Korvil Vallam, qui ne comprenait que quelques cavadees et avec un nombre plus élevé de Paal kodam, avait débuté vers 6h dans la grande cour du korvil par groupe de 50. Tel a été le cas dans les autres lieux de culte concernés à travers le pays. La préoccupation de la distanciation sociale au sein des groupes prévaut de manière évidente.
Cette petite procession est précédée par le Radam, un char fabriqué spécialement pour promener la statue du dieu Muruga, accompagnée d’un groupe de musiciens (Morlon) entonnant des chants pieux. La cérémonie religieuse Korvil Vallam était autorisée à faire seulement trois tours de la grande cour extérieure et un seul tour de la petite cour du korvil, la pénitence étant toujours dans l’intention de se faire pardonner ses péchés.
Avant de terminer le pèlerinage pour pénétrer à l’intérieur du korvil, les dévots ont traversé le bassin (Kulam) pour se laver les pieds. Des groupes de dix fidèles pour une dizaine des minutes ont été autorisés à l’intérieur du korvil pour déverser ce sombou de lait sacré attaché à leur cavadee sur la statue du dieu Muruga pour le glorifier et en demandant sa protection contre la pandémie de Covid-19. Le pèlerinage du Thaipoosum Cavadee a pris fin vers 7h30.
Pour la Thaipoosum Cavadee, hier, les artères, faisant partie du trajet d’habitude emprunté par les dévots, étaient désertes. Sauf quand de temps à autre, des pèlerins isolés défilaient tranquillement avec leurs cavadees sur les épaules. Les badauds et les amateurs de Dilo Mor et Panokon n’ont pas été de la célébration.
Idem pour les pompiers, qui d’habitude chaque année animaient la manifestation en rafraichissant les pieds des pèlerins sous cette chaleur estivale tout au long du trajet du Sud au Nord de la capitale. La circulation routière était normale pendant que la cérémonie religieuse se déroulait tranquillement avec un nombre restreint des personnes à l’intérieur du temple Sockalingum Meenachee Amen Kylasson dans le respect des conditions sanitaires.