Cette troisième décennie du 21e siècle passera sans doute dans l’histoire du pays comme la plus meurtrière, résultant de la pandémie occasionnée par le coronavirus. Il n’y pas de quoi s’en réjouir !
Si l’année 2020 est passée avec son lot de maladies et de morts de la pandémie depuis qu’elle a éclaté en cette année (2020), voilà qu’elle resurgit en 2021 avec autant sinon plus de violence, mettant à mal notre service de santé, quoi qu’on en dise en haut lieu, de notre capacité de faire face à la situation. Un simple fait le prouve – la mortalité qui a presque doublé d’une année à l’autre. Et c’est assez bien inutile la parade consistant à argumenter que la mortalité au kilomètre carré chez nous a été comparativement (l’OMS dixit) chez nous que dans les autres îles du sud-ouest de l’océan Indien et dans nombre de pays développés. Et que dire de la gestion de la pandémie ? Comme cela a été le cas l’année dernière, elle a été entachée d’irrégularités, même si on attend toujours les conclusions des enquêtes initiées pour y faire la lumière.
Mais ce n’est pas seulement sur le plan sanitaire que la confusion la plus totale a prévalu. Quid du politique ? Le transfugisme est demeuré le cancer tant pour les partis politiques au pouvoir que pour les partis de l’opposition parlementaire. La fin du “crossing of the floor” n’est manifestement pas pour demain. Dans le secteur éducatif, la classe en présentiel a été une fois de plus mise à l’écart au profit des cours en ligne, ce qui a été en défaveur des enfants issus des familles vulnérables incapables de se doter des outils technologiques à cet effet.
Au chapitre de la consommation, les bouleversements dans la production de denrées alimentaires et l’augmentation vertigineuse du fret ont causé une hausse dramatique du coût de la vie, ce qui a contraint le gouvernement à subventionner les prix d’un certain nombre de denrées essentielles à la hauteur de Rs 500 millions. Mais avec l’envolée du prix de l’essence en cette fin d’année, l’effet cascade va réduire davantage le pouvoir d’achat des Mauriciens et davantage les plus démunis. Au chapitre législatif, le gouvernement est venu de l’avant avec des amendements très controversés apportés à l’Independent Broadcasting Authority Act, parmi un visant à faire pendre sur les radios privées une épée de Damoclès en réduisant de trois ans à une année leur permis d’opération) et des projets de loi (par exemple, l’Offshore Petroleum Bill) qui ont mis à mal la santé démocratique et l’intégrité écologique du pays qui vont à l’encontre des accords que nous avons signés dans le cadre de la COP26.
Toutefois, il est salutaire que le pays puisse envisager un rebond de l’économie avec la réouverture des frontières et la reprise dans le secteur de l’industrie manufacturière, le secteur de la construction jouant un véritable rôle de locomotive. Enfin, la tant attendue sortie de Maurice de la liste grise de la FATF est chose faite alors que les autorités se préparent à la prochaine étape – soit l’enlèvement de Maurice de la Black List de l’Union européenne, faisant d’elle une ‘clean financial jurisdiction’ en matière de lutte contre le blanchiment de fonds et le financement du terrorisme. La question sera d’actualité dès ce premier mois de 2022.
Enfin, l’année 2021 a été marquée par la disparition de sir Anerood Jugnauth, qui a marqué de son empreinte son primeministership dans le pays avec des réalisations certaines sur le plan économique, le développement du pays et son flair politique, mais aussi quelques revers retentissants comme l’affaire « démon », dont on aura vécu un remake le jour de Noël avec la censure du discours du Cardinal Piat, et les Amsterdam boys. Chacun se souviendra de la détresse de son épouse Lady Sarojini lors de ses obsèques officielles.