«Kado Anpwazone» : désarroi dans le transport et la boulange avec les 10%

  • Les compagnies d’autobus se fient aux béquilles du GM pour survivre dans la conjoncture de crise avec le Covid-19
  • Les boulangers font état d’une baisse de 30% dans la vente du pain avec la fermeture des écoles

L’onde de choc provoqué par la majoration de 10% des prix des produits pétroliers à la pompe continue à ébranler différents secteurs du quotidien des Mauriciens. Lakwizinn du Prime Minister’s Office a cru pouvoir jouer au plus fin en tentant de bury the bad news en cette période marquée par l’ambiance festive de la fin de l’année. Mais les premières réactions, que ce soit dans le transport en commun, avec les opérateurs faisant face à de graves difficultés causées par la pandémie, et dans la boulange, devant gérer une baisse de 30% dans la vente du pain avec la fermeture des écoles, s’apparentent à un désarroi quasi total. Du côté du transport, l’on mise sur des béquilles du gouvernement en termes de soutien financier alors que les boulangers prévoient des consultations en début d’année en vue de soumettre aux autorités compétentes une demande de révision du prix du pain.
Ainsi, le prix du diesel a été majoré de 10%, le maximum, passant de Rs 37,30 à Rs 41. Une augmentation de Rs 3.70 qui n’est pas sans conséquence dans le secteur du transport en commun. Les compagnies d’autobus seront obligées à débourser de fortes sommes d’argent chaque mois afin d’assurer leurs opérations. Elles souhaitent à nouveau obtenir le soutien du gouvernement dans une situation déjà difficile depuis quelque temps pour survivre et assurer un service essentiel.

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Cette augmentation subite du prix du diesel était inattendue et a pris par surprise Uday Gujadhur, directeur général de la compagnie Mauritian Bus Transport. « Rien ne présageait une telle augmentation. Nos coûts d’opération ont connu une hausse subite. Nous devons décaisser Rs 300 000 chaque mois », dit-il.

Il ajoute que la situation de sa compagnie est déjà précaire et s’attend à ce que le gouvernement vienne à nouveau à l’aide de son entreprise mais aussi au secteur du transport en commun en général. Depuis quelques années, la compagnie fait face à une baisse drastique du nombre de passagers, et de l’autre côté les coûts d’opération sont en constante hausse.

À ces coûts viennent se greffer les salaires des employés sans compter que les pièces de rechange sont facturées en dollar, dont le taux de change par rapport à la roupie a connu une nette détérioration. « Notre seul souhait est que le gouvernement nous soutient pour que nous puissions survivre », dit-il. Il concède que cette augmentation du prix du diesel était inévitable à cause de l’évolution du cours pétrolier sur le marché international.
Uday Gujadhur ne cache pas le fait qu’une telle augmentation du diesel pourrait pousser au licenciement des travailleurs si le gouvernement n’accorde pas son soutien. « Mais si on obtient du soutien, nous ne voyons pas cette éventualité », fait-il ressortir.

Tout comme le Mauritian Bus Transport, la compagnie de transport, UBS, s’appuie à nouveau sur l’aide du gouvernement afin de pouvoir tenir le coup. Cette hausse du diesel, comme l’explique le directeur général, Swaleh Ramjane, coûtera environ Rs 18 millions mensuellement. « Le gouvernement nous remboursera l’augmentation mais de l’autre côté, nous n’avons pas autant de passagers », dit-il.

Avec la situation dans le secteur du transport, il avance que UBS a dû enlever plusieurs privilèges des employés pour joindre les deux bouts. « Mais c’est grâce aux sacrifices des employés que nous opérons sinon ce sera très difficile », fait-il comprendre. Il ajoute par ailleurs que 2021 ne se termine pas sur une note « catastrophique » » car 22 autobus de la compagnie ont pu être remplacés. Mais la menace directe du Metro Express est toujours présente pour la compagnie étant donné que l’année prochaine, Metro Express desservira Curepipe à Port-Louis.

Le soutien du gouvernement est aussi attendu par le Triolet Bus Service. Le directeur général, Viraj Nundlall explique qu’un mécanisme est déjà en opération depuis 2004 où chaque augmentation du prix de diesel est compensée par le gouvernement.
« Dans cette façon, nous ne sommes pas affectés par une hausse. Mais nous ne savons pas si nous serons entièrement compensés ou partiellement suite à cette nouvelle majoration », se demande-t-il. Dans l’éventualité que le gouvernement rembourse les compagnies d’autobus, aucun effet négatif n’est attendu.

Mais cette hausse de prix entraînera une augmentation de 10% dans les dépenses du diesel. Il précise que 25% des dépenses vont directement dans l’achat du diesel. En ce moment, il avance que la situation est catastrophique pour sa compagnie. Le Covid-19 a provoqué une baisse importante dans le nombre de passagers et la concurrence déloyale des autres moyens de transport affecte les revenus de la compagnie.

Ces deux facteurs se traduisent par une baisse de 40% des revenus. De plus, depuis 2013, le prix du ticket d’autobus n’a pas été revu. Pour lui, pour alléger la situation des opérateurs d’autobus, il faut trouver des moyens à les subventionner ou augmenter le tarif avec un contrôle strict sur la concurrence déloyale des autres moyens de transport.


Nasser Moraby : « Décision en janvier pour
une demande d’ajustement du prix du pain »

« Les membres de l’Association des Propriétaires des Boulangeries (APB) se réuniront dès janvier pour analyser la situation et décider si une demande officielle d’ajustement du prix du pain sera soumise ». C’est ce qu’affirme Nasser Moraby, président de l’APM, actuellement en voyage à l’étranger.
Par ailleurs, les membres de l’association disent que la hausse du prix du carburant va sérieusement impacter leur coût d’opération car il faudra débourser davantage et pour la livraison et pour la fabrication du pain. « La situation est pire moi. J’utilise exclusivement le diesel pour la fabrication du pain. C’est vraiment un coup de massue à un moment où la vente du pain a chuté de 30 % avec les cours en ligne pour les étudiants. Pour le moment ce n’est seulement que les subsides sur le prix de la farine qui nous maintiennent en vie », fait comprendre le propriétaire d’une boulangerie opérant à Beau-Bassin.
Un autre propriétaire de boulangerie de la capitale souligne de son côté que les hypermarchés qui fabriquent du pain mènent une concurrence déloyale à l’égard des boulangers. « Certains utilisent le gaz ménager subventionné par l’État pour fabriquer des pains spéciaux dont le prix n’est pas contrôlé. Il faut que le gouvernement mette fin à cette pratique », dit-il.
Un propriétaire de boulanger desservant la région de Triolet souligne que tous les intrants ont augmenté ces derniers temps et pour « se maintenir en opération il doit tout simplement se focaliser sur la fabrication des pains spéciaux. »


Raffick Bahadoor, Taxi Proprietor’s Union : « Un GM sans cœur ayant
oublié le petit peuple »

« C’est du jamais vu ! C’est ce qui se passe lorsque vous êtes confrontés à un gouvernement qui n’a pas de cœur. Sa seule considération est de faire de l’argent et de se préoccuper de l’économie du pays. Ce gouvernement a complètement oublié le petit peuple.
« L’année dernière j’avais fait ressortir que les chauffeurs de taxis pe voyaz dan sek. Aster-la, pe fer nou naz dan sek avek enn pwa lor nou ledo. Ce gouvernement a choisi le mois de décembre pour faire passer cette pilule, car les gens ont touché le boni de fin d’année, mais dès que la période festive va prendre fin, il est sûr que les gens réfléchiront à deux fois avant de prendre un taxi. Nos chiffres d’affaires vont chuter sensiblement si jamais, nous songeons à réajuster nos tarifs. C’est clair qu’au vu d’une telle situation les taxis travailleront tout simplement pour le compte des stations-service… Les taxis-trains vont réajuster leurs tarifs et cela va impacter le budget du petit peuple, qui économise ses sous pour acheter du pain le matin. C’est le petit peuple qui va en pâtir. Ce gouvernement a définitivement tourné le dos au petit peuple. C’est la période festive ; l’asphyxie de la communauté des taximen va commencer et la capitale deviendra une ville déserte dès 17h… »


Augmentation des prix du carburant

Combien et comment sont dépensées les sommes recueillies à travers des ‘CONTRIBUTIONS’ au Fonds de Solidarité Covid-19 et au Fonds pour l’achat des vaccins anti-Covid-19 ? Au nom de la transparence, l’État doit obligatoirement répondre !!

« L’augmentation de presque 10% des prix du carburant (essence et diesel) vient à un moment des plus inappropriés en cette veille de fin d’année surtout quand le petit peuple a survécu une année difficile à plusieurs niveaux. Si la State Trading Corporation (STC) évoque principalement la hausse des prix au niveau mondial pour justifier sa décision, il n’en demeure pas moins vrai qu’à Maurice, le carburant est le produit le plus lourdement taxé pour gonfler les caisses de l’État.
« Au débarquement à Port-Louis (coût, assurance, fret), le prix du carburant au litre est le suivant : essence – Rs. 25.66, diesel – Rs. 24.99. S’ajoute ensuite, toujours au litre, les droits d’accises : essence – Rs. 12.20, diesel – Rs. 4.70. Viennent ensuite les différentes taxes soigneusement appelées contributions . Ainsi la Road Development Authority (RDA), organisme censé assurer le maintien de nos routes en particulier, bénéficie d’une contribution de Re 1.85 (essence), Re 1.75 (diesel) toujours au litre. Trois autres contributions sont relativement pertinentes car elles visent à assurer l’accès de certains produits et denrées de base à la portée du petit peuple, dont les subsides pour le riz et la farine.
Toutefois, le gouvernement à travers le ministre des Finances impose depuis quelques longs mois deux autres contributions. Il s’agit d’une taxe directe versée au Covid-19 Solidarity Fund et une deuxième, « to finance the cost of Covid-19 vaccines ». Dans le premier cas, la taxe est d’une roupie pour l’essence et le diesel et dans le deuxième cas, la taxe est de Rs 2.00 toujours au litre pour les deux produits.
Ces contributions ou taxes rapportent donc des milliards aux caisses de l’État. Qui assure la gestion de ces fonds et comment la distribution de cet argent public est faite ? Quel est le montant de toutes ces contributions ? Au nom de la transparence et la redevabilité (accountability), l’État a un devoir obligatoire d’exposer et de justifier l’utilisation de chaque sou de cet argent public.
À notre avis, plusieurs questions se posent : pourquoi seulement les propriétaires des véhicules et les compagnies de transport public restent toujours dans le collimateur de l’État pour subir toutes ces taxes ? Est-ce que l’État ne devrait pas diversifier ses sources de revenus sans appliquer ces taxes discriminatoires sur le carburant uniquement ?
Pour ce qui des fonds de solidarité et de vaccination contre la Covid-19, l’État doit au nom de la transparence, expliquer à quelles fins ces fonds sont utilisés avec moult détails. Et comme c’est l’argent du contribuable qui finance l’achat des vaccins anti-Covid, est-ce que ce public n’a pas le droit de choisir son vaccin ? L’État doit être redevable au peuple et non pas se camoufler au nom de l’Emergency Procurement et balancer des millions à certains proches du régime ?
Nous souhaitons que le Premier ministre dans son message de fin d’année apporte un certain éclairage sur ces dépenses obscures afin de rassurer la population et aussi venir avec d’autres mesures afin de ne pas pénaliser que les propriétaires des véhicules avec la hausse abusive du prix des carburants.

Suttyhudeo Tengur
Président APEC
29.12.2021

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