Alors que 2021 tire à sa fin dans une poignée de jours, l’opportunité nous est offerte de jeter un rapide et dernier coup d’oeil dans le rétroviseur et de dresser le bilan d’une année si particulière. Malheureusement et une fois encore, tout comme 2020, la nuisance de ce virus, mortel comme handicapant, qu’est le Covid-19, a fait capoter tous les plans. Conséquence: un accès plus que limité aux compétitions internationales et ayant sérieusement compromis la performance. Ce qui est vraiment dommage quand nous savons tous à quel point les sportifs de haut niveau se nourrissent essentiellement de compétition.
Que retenir donc de 2021 dans ces conditions ? Malgré une menace persistante d’une situation sanitaire mondiale précaire, les Jeux olympiques ont pu finalement se tenir à Tokyo au Japon. Même si c’était avec un décalage d’une année. Au moins, cette fois, le Japon a été en mesure de briser ce qui était longtemps considéré comme une malédiction après les Jeux annulés de 1940 suite à un conflit armé avec l’Union Soviétique en 1939, selon les récits de l’humanité.
Ainsi, le grand regroupement de la communauté sportive mondiale a bien eu lieu. Idem pour les Jeux paralympiques. Deux compétitions au cours desquelles Maurice y était aussi présente, non pas pour faire de la figuration, mais avec des arguments et des performances à faire valoir. On en a tenu bonne note d’où la décision de rendre hommage à la performance de ces athlètes ! Eux qui, précisons-le, n’ont jamais baissé les bras, malgré le fait de s’être retrouvés coincés dans un engrenage très compliqué qu’aura été le confinement de mars et ses conséquences désastreuses directes sur la préparation.
Les finales de Noemi Alphonse
Pour le petit pays que nous sommes, éloignés de grandes nations sportives mondiales, il est clair que la tâche n’allait pas être évidente à Tokyo. Et pourtant ! Certains ont su retourner la situation en leur faveur, contrairement à d’autres qui, eux, ont déçu, n’étant même pas capable d’améliorer leurs meilleures performances personnelles ! Noemi Alphonse est justement de ceux qui ont su élever leurs niveaux, elle dont la lutte pour parvenir enfin à disputer une édition des Jeux paralympiques s’est révélée être un véritable parcours de combattant. D’abord, par ce que ses parents et elles ont enduré avec ses multiples handicaps notés à la naissance ! Sans compter ensuite les déboires avec certains de la fédération des handicapés physiques de l’époque qui, malheureusement, n’ont jamais été en mesure de reconnaître le potentiel hors normes de cette athlète.
Reste que Noemi Alphonse est demeuré comme une éponge et a transformé les coups bas en un véritable force de frappe. Sa persévérance et sa détermination ayant ensuite compléter le « travail » comme en témoigne ses performances réalisées aux Jeux de Tokyo. Certes, elle n’a pas été médaillée, mais faut-il concéder que se qualifier pour quatre finales et battre quatre records nationaux et d’Afrique en fauteuil (catégorie T54), n’est pas donné à tout le monde. Bravo donc à celle qui incarne désormais l’image nouvelle de la sportive moderne, non seulement pour ses pairs, mais aussi pour l’ensemble des sportifs mauriciens !
Merven Clair, au pied du podium !
Un autre athlète a aussi marqué 2021. Il est même passé très proche d’un exploit, aux Jeux olympiques cette fois. Le boxeur Merven Clair a, en effet, failli marcher sur les traces de son illustre aîné, Bruno Julie (-56 kg), en écrivant l’histoire, à un combat près, chez les moins de 69 kg. Malheureusement pour lui, il est tombé à une marche de ce podium. Même si les espoirs reposaient un peu plus sur les épaules de Richarno Colin (-64 kg), ils étaient nombreux à penser que Merven Clair avait aussi sa chance. Cela, en se basant sur sa montée en puissance depuis les Jeux Africains de 2019 où il avait été médaillé d’or, un mois après sa démonstration aux Jeux des Iles de l’océan Indien, à Maurice.
Sauf que le manque de préparation à l’international lui a été néfaste, en considérant qu’il n’a pu se déplacer à l’étranger que trois semaines avant d’aller à Tokyo. Ce qui n’est pratiquement rien comparativement aux Européens, Asiatiques et autres Américains, lesquels ont pu évoluer dans un environnement beaucoup moins restreint et étouffant que les locaux. Forcément, il y avait mieux à faire si les conditions ne s’étaient pas révélées aussi compliquées que cela.
Abnégation est un mot très adapté si on devait qualifier l’état d’esprit des boxeurs de la Fédération mauricienne de Boxe Savates. C’est ce qui en découle après avoir écouté leurs récits au retour de la Coupe du monde assaut et des Championnats du monde de combat tenus en juillet en Autriche. Un déplacement effectué dans des conditions extrêmes, faute d’avoir été soutenu comme il se doit par le ministère des Sports. Sans compter qu’après un périple de 22h, les quatre sélectionnés que sont Olivier Lafleur (-85 kg), Akilesh Bhantooa (+85 kg), Didier Brasse (-56 kg) et Sharone Clair (+75 kg) ont été contraints de dormir sur le canapé à la réception de leur hôtel ! Au cas contraire, il était plus que probable qu’ils passent la nuit à la belle étoile, les portes étant fermées à l’heure de leur arrivée !
Olivier Lafleur le conquérant
Malgré ce récit hors du commun, Olivier Lafleur a remporté la médaille d’or en assaut, moins de deux jours plus tard. Akilesh Bhantooa y est, lui, passé tout près de l’exploit, se contentant de la médaille d’argent. Les autres sont également retournés à Maurice avec une médaille autour du cou avant qu’Olivier Lafleur ne transforme sa médaille de bronze, aux Championnats du monde de combat, en argent cette fois. Il avait été effectivement repêché pour boxer en finale face au Français Christopher Brugiroux, à Clermont-Ferrand le 11 décembre suite au forfait de dernière minute du Serbe Marko Kovacevic.
La kick-boxing a également brillé, cette année, à la Coupe du monde en Hongrie d’abord, puis aux Championnats du monde en Italie. Cédrick Dinally (-51 kg), Warren Robertson (-54 kg) et Fabrice Bauluck (exceptionnellement en 57 kg) ont tous décroché l’or, alors qu’Annaëlle Coret (-56 kg) a obtenu l’argent. Cette dernière a ensuite récidivé avec une autre médaille d’argent en Italie. La Curepipienne, longtemps à l’état de promesse, a finalement franchi un palier en dépit d’avoir perdu par deux fois en finale. Reste que l’encadrement technique national a vu une boxeuse transformée et surtout en mesure de reproduire désormais ce dont elle était pleinement capable dans la salle d’entraînement.
En dernier lieu, on citera la médaille d’argent d’Anthony Madanamoothoo lors des Championnats du Commonwealth d’Haltérophilie, il y a à peine une semaine en Ouzbékistan. Il a réussi une performance de 135 kg à l’arraché, de 171 kg à l’épaulé-jeté et un total olympique de 306 kg lui permettant de prendre l’argent chez les moins de 102 kg. Il y également eu, cette année, la belle performance de Christopher Lagane, vainqueur en fin du Tour de Maurice après avoir pourtant remporté le Tour de La Réunion par deux fois (2017 et 2018). D’autres athlètes ont également brillé en cette année 2021 et même s’ils ne sont pas tous cités dans ces colonnes, Week-End leur dit bravo et félicitations.
Désormais, il faudra tourner la page et penser à 2022. Il faudra surtout commencer à faire l’impasse sur un Covid-19 et s’adapter à cette “New Normal” qui, en l’espace de deux ans, a imposé deux confinements à nos athlètes et une série de restrictions. Forcément que cela laisse des traces sur l’organisme et d’un point de vue psychologique également.
Efforts et sacrifices
Chapeau donc à tous ces athlètes qui ont su conserver toutes leur motivation et détermination. Chapeau aussi à ces nombreux sportifs qui travaillent dans l’ombre, au terme d’énormes sacrifices et d’efforts, mais qui, au final, ne parviennent pas à franchir un palier. Eux qui, il faut aussi le reconnaître, contribuent, à leur manière, à faire avancer leurs disciplines et le sport en général.
À ceux-là, nous leur diront de ne jamais baisser les bras. D’autant qu’ils méritent tout autant notre appréciation et surtout, le soutien nécessaire du ministère des Sports, afin de les encourager à continuer de jouer pleinement leurs rôles de “sparring partners” dans une catégorie pourtant peu revalorisante qu’est la classe régionale. Une catégorie malheureusement sous respiration artificielle en tenant compte de l’épée de Damoclès qui y est suspendu au-dessus du cou avec ce plan d’excellence présenté en 2020 — en plein crise sanitaire — et qui guette toujours !
En attendant, la rédaction sportive de Week-End souhaite à ses fidèles lecteurs et aux sportifs un Joyeux Noël et une année sportive 2022 encore plus performante que les deux précédentes.
Jean-Michel Chelvan