S.W. Bio Processors Ltd, Puffer, Maurice, mon éco-guide et Sealife Organics, primés par le jury lors de l’appel à projets de l’ambassade de France/La Turbine
Avec un appel à projets et la sélection de dix participants, l’ambassade de France avec la collaboration de la Turbine, incubateur d’entreprise du groupe ENL, s’est donnée pour ambition de mettre du vent dans les voiles dans le secteur de l’économie bleue. Ainsi, quatre projets, mettant en scène différents acteurs de l’économie bleue, en l’occurrence Vincent Ah Chuen de S.W. Bio Processors Ltd, Wafiik Aumeer et Yougesh Baboolull de Puffer, Nina Dubois et Juliette Deloustal de Maurice, mon éco–guide et Yohan Gallet de Sealife Organics sont les porteurs de projets primés lors de la dernière édition du pitch final. Cet exercice avait également été étendu aux élèves du Lycée des Mascareignes et le projet Ecocéan sur la promotion d’activités touristiques responsables qui a été retenu.
«Le programme a duré deux mois et s’est fait avec la collaboration de l’ambassade de France à Maurice et la participation de l’Economic Development Board et du Mauritius Research and Innovative Council. Le but étant de promouvoir l’innovation autour de l’économie bleue et d’encourager les entrepreneurs pour qu’ils développent et exposent leurs idées. Ce programme leur a permis d’avoir accès à des investisseurs potentiels, à un réseau, à un site d’expérimentation et à des ateliers pour peaufiner leurs projets professionnels », déclare Diane Maigrot, directrice générale de la Turbine.
Les projets sélectionnés sont axés sur trois thématiques : l’alimentation, la pharmaceutique et le bien-être. Les participants ont eu des outils, ont appris des méthodes et des connaissances qui les ont aidés à bien définir leur mission, leur vision ainsi que leur Business Plan. La Turbine s’est appuyée sur l’expertise de ses coaches qui jouent un rôle prédominant et « apportent un support primordial pour un entrepreneur qui se lance ».
L’économie bleue désigne l’ensemble des activités économiques qui sont liées aux océans, aux mers, aux littoraux qui respectent les droits humains et l’environnement. Cela inclut des activités classiques comme la gestion raisonnée des pêches, l’aquaculture durable, le transport maritime vert, les ports, le tourisme durable mais également les domaines émergents comme les énergies renouvelables, les services écosystémiques marins, la désalinisation entre autres.
« L’ambassade de France à Maurice a travaillé avec la Turbine sur des projets avec le format start-up. On a demandé à la Turbine d’organiser le programme et nous avons mis à la disposition de la Turbine, un expert, Jean Baptiste Routier, également membre du jury, un spécialiste sur cette thématique. Nous voulons soutenir des projets de l’économie bleue qui nous paraissent prometteurs. Depuis longtemps la France soutient l’économie bleue à Maurice via l’Agence française de développement. Avec ce présent projet, on peut très bien imaginer qu’il y ait des partenariats avec des opérateurs français. Ces start-up peuvent très bien trouver des start-up en France pour les aider ou collaborer en France », rajoute Muriel Piquet, directrice de l’Institut français de Maurice.
Le jury était constitué de Nassima Sadar Gravier de Mo Angels, d’Archana Audit de l’Economic Development Board, d’Emmanuelle Roque de l’Ifremer, de Vickram Bissonauth du Mauritius Research and Innovative Council et de Jean Baptiste Routier, consultant. « Nous avons eu la chance d’avoir des candidats passionnés et passionnants. Nous avons été agréablement surpris par la diversité des projets. Il y a beaucoup d’idées et l’économie bleue suscite beaucoup d’énergie. Enfin au niveau mondial, on s’intéresse à la mer et aux activités marines. La grille d’évaluation était très claire. Il fallait les noter sur des indicateurs, l’originalité de l’idée, la solution apportée au problème présenté, la faisabilité économique, est-ce que la concurrence avait été étudiée et la compétence des porteurs de projets. Le jury est composé d’un panel de compétences assez large. J’espère que les consommateurs défendront aussi les projets déjà présents », précise Emmanuelle Roque en passant en revue les différentes de ce programme.
Les gagnants et leurs projets
S.W. Bio Processors Ltd engagée dans
la culture et transformation des algues
Vincent Ah Chuen de S.W. Bio Processors Ltd a décroché le premier prix pour son projet dans la culture des algues. Comme il l’a fait ressortir lors de sa présentation, Maurice souffre par manque de ressources terrestres et cela entraîne une forte dépendance sur l’exportation.
Son projet vise à utiliser la zone économique exclusive de Maurice pour produire un aliment, sain, riche en vitamines, minéraux et oméga-3. Il se propose de cultiver, récolter et transformer ce produit de la mer qui sera destiné aux hôtels et restaurants haut de gamme ainsi qu’à la population dans son ensemble et également les végétariens.
Grâce à une équipe de professionnels, ils s’assureront de la qualité du produit sur toute la chaîne de production et réduiront l’empreinte carbone. Les produits porteront le label Made in Moris et participeront à la sécurité alimentaire de la nation.
Vincent Ah Chuen compte développer son entreprise, se tourner vers l’exportation et le secteur pharmaceutique. « Mon équipe a travaillé très dur ces trois derniers mois. Ce n’est pas la destination qui compte, c’est le voyage. Le coaching et le suivi ont été d’un excellent niveau et on a rencontré des amis. Je ne savais pas que ça existait », explique le gagnant qui a raflé le premier prix.
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Puffer, un robot sous-marin pour récolter de précieuses données
Réunir la robotique et l’intelligence artificielle. Une idée ingénieuse qui leur a permis de décrocher le deuxième prix. Wafiik Aumeer et Yougesh Baboolull ont retenu l’attention du jury avec leur projet Puffer.
Il s’agit d’un petit bateau muni d’un logiciel développé par les deux jeunes hommes, qui va naviguer de manière autonome dans l’océan pour prendre des photos, récolter des données tels que le pH, la salinité, la température de l’eau et surtout analyser la santé des coraux. 75 % des récifs coralliens à travers le monde connaissent un blanchissement et à Maurice, on estime ce chiffre à 50 et 60 %.
L’écosytème marin est détruit à une vitesse alarmante et des espèces envahissantes telles que la couronne d’épine accentue le problème. Les scientifiques marins sont souvent impuissants face à l’ampleur des dégâts. Puffer les aidera à baliser une plus grande partie du lagon en moins de temps, détecter les espèces de coraux dans l’océan, identifier où se trouve la couronne d’épine et le taux de blanchissement.
« Grâce à la Turbine, nous avons développé une méthodologie qui nous a permis de nous structurer et de savoir comment attirer un investisseur. On s’est rencontré presque toutes les semaines, et on a eu des ateliers en ligne. Pendant toutes les sessions, on a bu de l’information. On a rencontré des experts qui comprennent exactement ce dont les start-up ont besoin et ils nous expliquent clairement dans quelle direction on doit aller. Aujourd’hui, nous avons une structure et nous sommes plus confiants pour aller vers les investisseurs », explique Wafiik Aumeer.
Maurice, mon éco-guide, une application favorisant le tourisme durable
Leur application leur a valu le troisième prix. Maurice, mon éco-guide est une application qui permet de découvrir Maurice et ses trésors marins, tout en ayant un impact positif sur l’environnement. Cette application s’adresse particulièrement aux touristes qui recherchent une plateforme mettant en avant des activités durables disponibles à Maurice et qui leur permet de réserver en ligne.
Les opérateurs touristiques ne sont pas formés actuellement pour proposer des activités durables et cela projette une mauvaise image de la destination. L’application aidera également les opérateurs à être plus visibles et d’interagir avec leurs clients. Nina Dubois et Juliette Deloustal estiment que leur application peut toucher 30 % des 2 millions de personnes visées incluant les touristes et les Mauriciens. Elles misent sur un investissement fort destiné surtout à l’outil digital pour limiter les ressources humaines et la gestion de la hotline.
« Le prix que nous avons gagné, c’est la cerise sur le gâteau. Nous étions déjà gagnants d’avoir pu participer à ce programme. En suivant ces ateliers, nous avins appris beaucoup de choses, rencontrer des gens super et un écosystème d’entrepreneurs. Nousespérons pouvoir trouver des financements et mettre le projet en route. Le plus gros est à venir, » concèdent-elles.
Sealife Organics, pour des fertilisants à base d’algues
Transformer les goémons en compost. Tel est le projet de Yohan Gallet. Il a décroché une troisième place ex aequo. Yohan Gallet s’est lancé dans cette entreprise en 2020 et produit actuellement 10 à 15 tonnes de compost par mois destiné aux individuels, agriculteurs, pépinières et grandes surfaces.
Aujourd’hui, l’idée est de grandir et de pouvoir produire 3000 tonnes de compost en 2022. Un financement conséquent est nécessaire pour l’achat de machines, recruter une équipe fiable et investir dans la recherche. Sealife Organics travaille actuellement sur un engrais liquide à base d’algues et des granulés composés d’algues et de fumier pour enrichir la terre.
Son entreprise vise à récolter une ressource facile à trouver sur nos côtes sans endommager l’environnement. « On a eu des ateliers très enrichissants. J’ai appris énormément et même si j’ai fait des études de business cela m’a recadré un peu. Je n’aurais jamais pensé présenter un projet comme ça devant une audience et un jury », souligne Yohan Gallet.