L’affaire commence à faire du bruit dans la ville des fleurs : une demande pour un permis de construction concernant un projet qui serait truffé d’irrégularités mais qui bénéficierait de la protection d’un personnage clé de la ville. Ce projet d’appartements est contesté par une quarantaine d’habitants. Le site en question se trouve dans un quartier sélect du vieux Quatre-Bornes, non loin de deux “star schools”.
Après moult démarches individuelles et lettres d’objection envoyées à la municipalité, une réunion a finalement été organisée à la mairie pour écouter les doléances des habitants, mais le problème n’a pas été résolu. Au contraire, les habitants se disent déçus de cette réunion, après laquelle ils ont d’ailleurs envoyé un autre courrier au Chief Executive de la ville dans lequel ils contestent formellement le projet de construction de 37 appartements, projet dont le promoteur, D.S., habitant Vacoas, semble bénéficier d’une protection bien placée. Son « protecteur » ferait tout pour faire avancer le projet. L’affaire n’est pas banale, dit-on, et pourrait même intéresser l’ICAC.
Concernant la réunion qui devait se tenir à la municipalité pour discuter de la demande du promoteur pour un BLUP (Building and Land Use Permit), les habitants déplorent le fait que le maire ait présidé la réunion « pour trouver une solution ensemble pour que le projet aille de l’avant », et non pour discuter des problèmes soulevés par le projet, laissant penser que le BLUP avait déjà été octroyé au promoteur en question. « The tone of the meeting was already set » lâchent les habitants, déçus.
Sur le site dudit projet, plusieurs éléments laissent les habitants des alentours perplexes. Deux panneaux sont plantés avec deux dates de notification différentes : 12 octobre et 3 novembre. Des photos attestant de la chose ont été montrées durant la réunion à la municipalité, mais le président de la séance n’aurait pas jugé bon d’interroger le promoteur à cet égard d’autant que ce dernier a déjà installé des matériaux de construction sur le site, ce qui ne semble pas en accord avec les règlements du BLUP.
Les habitants déplorent aussi le manque d’explications du promoteur D. S. lors de la réunion, lorsqu’il a été invité à présenter son projet mais aurait refusé de le faire. Et le maire qui présidait la séance n’a pas insisté en ce sens. Autre point de discorde, le promoteur a enregistré sa compagnie le 16 septembre et les habitants se demandent comment il a pu respecter le “planning policy guidance” du ministère du Logement qui stipule que des “proper consultations” doivent avoir lieu avec divers acteurs avant le démarrage de ce type de projets : CEB, Mauritius Telecom, CWA, etc. « Comment est-ce possible que trois semaines après l’enregistrement de la compagnie, le promoteur ait déjà eu toutes ces consultations et la validation de tous ces organismes ? » s’inquiètent les habitants.
Il y a diverses contestations liées à ce projet, dont l’entrée du complexe tenant compte de la largeur de la route à cet endroit qui est de 4,7 mètres, alors que sur le “building policy guideline”, elle est de six mètres. En réponse à ce point précis, le promoteur n’a rien trouvé de mieux à dire qu’il demandera à la municipalité d’élargir la route pour accueillir son projet… Par ailleurs, les habitants ont mis en exergue que le point d’entrée/sortie du complexe d’appartements se trouve à un endroit propice aux accidents, avec le passage de plus de 2 000 véhicules par jour.
Et, cerise sur le gâteau : lors de la réunion tenue à la municipalité, les habitants qui contestent le projet ont eu la surprise de s’entendre dire par le promoteur que la totalité des appartements du complexe ont déjà été vendus. Et lorsqu’ils ont tenté de savoir comment un projet a déjà été vendu sans le permis du conseil municipal, le promoteur a bredouillé une réponse sans queue ni tête, prétendant qu’il se référait à un autre projet ! À noter que les habitants qui contestent ce projet résident le long des rues Labourdonnais, Bernardin de Saint-Pierre et Willoughby.