Covid-19 : les proches de Lovena et de Rajiv racontent leur décès

Lovena Faykoo, 34 ans, et Rajiv Gungabisson, 32 ans, sont parmi les 119 Mauriciens morts du Covid du 25 Novembre au 1er décembre 2021. Deux personnes que Scope avait accueillies dans ses colonnes il n'y a pas longtemps. Leurs proches témoignent.

Lovena Faykoo, effondrée et inconsolable, témoignait en septembre pour dénoncer la façon de faire des autorités et crier à la négligence médicale suite au décès de sa mère, Chundunnee Jokhanah, emportée par le Covid : “Je n’ai pas pu voir son visage une dernière fois à son décès parce qu’elle a été inhumée directement au cimetière de Bigara. Elle est partie sans personne à son chevet, avec ses vêtements sales, comme une pestiférée. Pour eux la personne qui meurt n’est qu’un nombre de plus. Pour ma famille et moi, c’est toute notre vie qui s’est écroulée », disait Lovena qui est décédée à son tour en novembre, emportée par le Covid

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Pour sa part, Rajiv Gungabisson, fidèle lecteur de notre magazine depuis son adolescence, avait été sélectionné, après sa troisième tentative, au concours de Star de Scope. Il avait fait la Une en décembre 2019 et nous avait parlé de ses projets de vie : “D’ici cinq ans, je me vois marié, peut-être père et prêt à assurer d’autres responsabilités au sein de mon foyer. Mais je ne compte pas précipiter les choses. Dans la vie, il faut toujours être prudent et patient.” Et aussi de son rêve d’un voyage familial en Europe pour assister à un match de son équipe, Liverpool. Mais ce ne sera pas le cas car Rajiv Gungabisson s’est éteint à 32 ans le samedi 27 novembre.

10 jours après que Mala Gungabisson a perdu son fils unique, la sexagénaire n’arrive toujours pas à croire que son bras droit n’est plus de ce monde : “Il était en bonne santé et un bon travailleur qui ne s’absentait jamais. Nou pa konpran ki finn arive”. Surtout que deux tests se sont révélés négatifs et qu’à part quelques douleurs aux reins, son fils n’a souffert d’aucun autre symptôme. Or, sur le certificat de décès, l’habitante de Forest-Side a appris que son enfant a rendu l’âme due à une infection pulmonaire. « Li mor dan mo lebra. Nou finn apel Samu me zot finn tarde pou vini.” Depuis les proches, les amis et anciens collègues de Rajiv Gunbisson ne cessent de faire part de leur tristesse et d’apporter leur soutien à la famille.

Les marques de sympathies affluent du côté de Bois Chéri aussi où Lovena Lovena Faykoo et Chundunnee Jokhanah étaient très connues. Fixant son allée, Raj Joknonah essaie de retenir ses larmes. Pas un jour ne passe sans que Raj Joknonah ne revoit les images de son aînée venant lui rendre visite : “Depuis la mort de ma femme, Lovena était comme une maman pour moi, son frère et sa soeur. Elle se faisait un devoir de venir ici tous les jours pour nous aider dans le ménage et la cuisine.” Lorsqu’il apprend que cette dernière est positive au Covid, il a remué ciel et terre pour la soigner : “Monn vey lor li 24h lor 24. Mais, à contre coeur, j’ai été contraint de la laisser partir quand son état s’est détériorée. Surtout que très peu s’en sortent vivant quand ils sont admis à ENT.” Pour ses deux autres enfants, Raj Joknonah s’oblige à rester fort, même s’il avoue que leur famille est brisée et marquée à jamais par ses deux décès en moins d’un an : “Déjà que la perte d’un proche est difficile. Imaginez vous ce que nous pouvons ressentir d’avoir perdu ses deux piliers qui étaient très complices dans la vie.” Sa tristesse se mêle aussi à la colère car les dernières paroles de sa fille Lovena dites à son époux sont “zot inn met mwa dan enn kwinn. Mo pankor gayn loxizen. Bye mo kwrar mo pe ale.” En effet, entre moins de 24  heures de son admission à l’hôpital ENT, cette dernière a rendu l’âme. La maigre consolation : “contrairement à ma femme, nous avons pu voir le visage de Lovena avant son inhumation. Elle était d’ailleurs parmi les premières personnes à  avoir fait entendre sa voix afin que les cercueils de victimes soient dotés d’une vitre. Kuma dire li ti konne li pou ale.”

La situation est loin de rassurer et encore moins d’apaiser leur deuil. A dimanche, le communiqué Covdi-19 annonçait 117 nouveaux cas détectés en 24 heures. Mala Gungabisson aussi bien que Raj Joknonah supplient les autorités d’agir afin que d’autres victimes ne viennent pas alourdir davantage le bilan déjà désastreux. De 10 décès en 2020, Maurice comptable 716 en 2021.

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