Another day in paradise…

La France a accepté de déclasser Maurice de la catégorie “rouge écarlate” à la “rouge”. Les vols ont ainsi repris entre les aéroports, permettant aux opérateurs économiques engagés dans le tourisme et aux décideurs du jour de se frotter les mains. Cette reprise assure en effet que des revenus escomptés entreront bien dans les caisses, et une partie de la reprise économique ne sera donc pas pénalisée. De quoi, certainement, pousser un gros “ouf” de soulagement, étant donné le grand nombre de compatriotes, pères et mères de famille, qui sont engagés dans ce secteur. Avec cette reprise, ils pourront subvenir aux besoins des leurs et être assurés, dans une bonne mesure, de toucher leur salaire. Depuis une vingtaine de mois, le tourisme, certainement davantage impacté que les autres secteurs de notre économie, (sur)vivait sous perf.

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Cependant, est-ce que cette bonne nouvelle méritait que Steven Obeegadoo en parle comme d’une « victoire majeure pour Maurice » ? Ce qu’il a fait à l’Assemblée nationale mardi soir quand la nouvelle est tombée. À quelle bataille fait-il allusion ? À celle des répétitifs et successifs « tou korek », serinés depuis plusieurs mois par ses collègues et lui-même, quand, en réalité « naryen napa korek » ? Au grand matraquage que lui-même, Steven Obeegadoo, ministre du Tourisme, a été faire auprès des médias étrangers, vantant une destination « relatively Covid-Safe », alors même que les services de santé du pays enregistraient encore et toujours des cas positifs dans la communauté ?

La destination Maurice est sortie d’affaires, certes. Elle peut désormais s’inscrire dans un futur, où des projets peuvent, et doivent, être élaborés pour absorber les pertes encourues par la pandémie et la crise sanitaire mondiale. Et par incidence, œuvrer vers une relance graduelle avec de nouveaux paramètres. Cela nous semble impératif, car la menace du Covid-19 et ses variants demeure comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes. La crise sanitaire mondiale est loin d’être finie, et nous n’avons aucune idée de la manière dont les choses évolueront.

Les vraies raisons de cette sortie de crise, le citoyen lambda ne les connaîtra probablement jamais. Mais une chose est sûre : il y a là beaucoup et, surtout, des implications diplomatiques, de par les excellentes relations entre nos deux pays depuis très longtemps. C’est justement pour ne pas prendre le risque de se retrouver une nouvelle fois en zone “rouge écarlate” qu’il convient de réagir promptement et pro-activement.

Depuis le premier confinement, plusieurs voix se sont élevées pour plaider en faveur de l’élaboration et la création de projets visant, d’une part, à anticiper une éventuelle nouvelle vague de Covid-19 et, de l’autre, à faire preuve de résilience. Il ne faut pas oublier que la “new normal” a banni à tout jamais le « comme avant ». Et comprendre que tout ce que nous entreprenons doit l’être avec un esprit axé vers un lendemain « avec le Covid-19 ».

Ce n’est pas par plaisir sadique ou un penchant antipatriotique, mais ne doit-on pas rappeler que la situation catastrophique dans laquelle nous sommes actuellement dans le pays, avec des pics de dizaines de morts quotidiennement, n’est ni un fait anodin, ni sorti de nulle part. C’est le résultat d’un manque de vision, d’absence de préparation et d’anticipation, et de refus de voir plus loin.

Depuis la levée du confinement l’an dernier, que ce soit sur le plan sanitaire ou pour ce qui est de l’économie du pays, plusieurs observateurs publics sont montés au créneau pour suggérer des sorties de crise. Comme, pourquoi pas, « recycler » les employés du tourisme dans des métiers de transformations de produits alimentaires, par exemple. Lalit, parmi d’autres voix, avait soufflé l’idée que les patrons d’hôtels se lancent, en parallèle avec la gestion des établissements, dans des projets de culture de denrées alimentaires, de même que des unités de transformation et de “packaging” des produits. Le but ultime étant d’assurer une autosuffisance alimentaire. Avec, éventuellement, des possibilités d’exportations sur la zone océan Indien. Cela aurait probablement beaucoup aidé et permis de ne pas licencier.

Hélas, ni ceux engagés dans le tourisme ni nos décideurs n’y ont prêté une oreille attentive. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, dit l’adage. Si tant est qu’on souhaite « another day in paradise » pour tous !

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