Les amendements à l’IBA ont depuis mercredi force de loi. C’est quelques heures à peine après le vote par le MSM et ses laquais, mardi, que le président de la république, qui croit qu’il est encore un membre de la cuisine du Sun Trust, a donné son assentiment à un texte unanimement condamné sur le plan local et désapprouvé sur le plan international.
On ne sait pas si c’est pour justifier cette rapidité extrême à approuver le texte controversé qu’est l’IBA (Amendment) Bill mais le conseil des ministres du vendredi 3 décembre a confirmé que l’on a bien un Lucky Luke en ce moment à la State House.
Puisque, dans le communiqué officiel, il est mentionné que le président de la république avait déjà donné son assentiment au Criminal Code voté le 26 novembre et qu’il est entré en vigueur trois jours plus tard, le 29 novembre.
On dirait que Pradeep Roopun signe aussi vite qu’il avait voulu, fin février 2020, subrepticement traverser la douane de l’aéroport Lal Bahadur Shastri de Varanasi, en Inde, avec son excédent de valises. C’est après intervention des autorités indiennes qu’il a pu passer avec son excédent de bagage sans débourser la moindre roupie supplémentaire. Il était en visite privée avec sa famille quelques semaines seulement après avoir été fait chef de l’Etat par Pravind Jugnauth. Et ce n’est pas la presse mauricienne qui, malveillante comme elle est présentée, et, injuste vis à vis du pouvoir comme on le prétend à l’hôtel du gouvernement, qui avait relayé ces informations mais des médias de la Grande Péninsule connus pour leur pugnacité et leur appétit à révéler tout ce que les puissants veulent cacher.
Autant pour le président qui, pour ce que l’on a vu depuis son installation au Réduit, a résolument décidé de se cantonner à un rôle de simple exécutant des ordres du Premier ministre. Même si, ce faisant, il discrédite complètement la fonction.
Le Premier ministre lui a un agenda de plus en plus inquiétant. Avec lui, c’est clientélisme outrancier, concentration des leviers de décision entre les mains d’un petit groupe d’agents politiques et projets visant à faire taire de force toutes les voix contraires.
Il n’a aucune honte à assumer sa MBC nauséabonde et sa direction indigne. Pareil pour l’Assemblée Nationale qui est réduite à être le théâtre des bouffons du roi avec des élus qui confondent parlement et congrès partisans. Et le mauvais exemple vient du Premier ministre lui même. Les événements récents le confirment abondamment. Quel que soit le sujet, le ton de Pravind Jugnauth est toujours à la polémique. On l’a vu sur le Criminal Code (Amendment) Bill sur les Chagos. Cette opposition qu’il dénonce avait, par la voix de Paul Bérenger, pleinement soutenu le texte.
Après avoir pris ces quatre jours habituels pour pouvoir concocter une réplique, ou alors faire ce qu’il sait faire de mieux, fouiller dans les archives, il est venu avec un discours belliqueux et mesquin. Lorsqu’il n’est pas dans la petite querelle politicienne, il est dans le parallèle constant. Même lorsque celui-ci se transforme en own goal.
Son allocution de clôture sur le IBA Bill, mardi dernier, est tout à fait symptomatique de ce virus d’avoir toujours à se justifier, pas en relation à ses convictions les plus profondes ou un grand dessein, s’il en a, pour l’île Maurice mais par rapport à ses adversaires.
Il a un besoin maladif de se déterminer par rapport à ses adversaires. Si je fais ci, rien de mal, eux aussi ont fait ça. C’est ainsi que l’on peut resumer son propos. Un invariable enfantillage!
Il peut pousser le ridicule jusqu’à comparer la licence radio, ramenée à une durée annuelle, à celle du “licence of discharge of effluent in a wastewater system”. Rien que çà, comme si l’information et l’entertainment étaient dans la même ligne d’activités que la collecte des eaux usées. Il est non seulement ridicule lorsqu’il convoque le passé, il est aussi pathétique. Le Premier ministre est remonté à des faits qui datent de 2004. De cette période où il était le vice-Premier ministre d’un gouvernement qui venait tout juste de délivrer, en 2002, les trois premières licences de radios privées.
C’était la période des premiers balbutiements et des excès en tout genre, avec des attaques personnelles, communales et racistes quasi-permanentes. Oui, Paul Bérenger, alors Premier ministre, était inquiet des conséquences de ses dérapages radiophoniques mais il n’est pas venu avec un texte en urgence sans pouvoir en expliquer ni le bien fondé ni la nécessité.
Il avait fait ce qu’un Premier ministre digne de ce nom aurait de toute façon entrepris, réunir les protagonistes autour d’un table et discuter de toute la situation. Une large consultation qui avait été à la satisfaction de toutes les parties concernées et qui avait abouti à l’introduction du retardateur pour que le journaliste ou l’animateur puisse couper l’antenne en cas de propos déplacés, racistes ou diffamatoires. Lorsqu’il a fini avec le leader du MMM, il est passé à celui du PTr. Oui, Navin Ramgoolam et ses divers gouvernements, dont celui auquel a aussi participé Pravind Jugnauth, ont été coupables d’abus vis à vis de la profession. Personne n’en disconvient.
Le Premier ministre a évoqué une ébauche d’amendements préparée sous le gouvernement travailliste en 2007. Oui, mais le texte n’est jamais venu devant l’Assemblée Nationale contrairement à lui, qui, n en pleine pandémie, a pour priorité absolue de contrôler les radios. Cela doit relever d’un complexe, celui de toujours avoir besoin de se mesurer aux autres, à être dans la comparaison permanente avec ses prédécesseurs pour trouver des alibis à son incapacité à fédérer et à susciter l’adhésion.
Dans 20 jours, Pravind Jugnauth aura 60 ans. Le temps de grandir est peut être enfin arrivé. A moins que ce ne soit le père qui avait eu raison sur toute la ligne lorsqu’il est venu, à la veille des élections de 2019, révélé avoir déconseillé son fils à s’engager en politique!
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