Ah, ce satané virus ! En seulement deux ans, il en aura
fait des dégâts. Cinq millions de morts officiellement,
et plus que probablement trois fois plus en réalité selon
certains experts. Sans compter les dégâts collatéraux : crise
sociale, crise économique, perte d’emplois… Rien ne va plus,
serait-on tenté de dire. Le monde va mal, très mal. Certes,
nous avons maintenant des vaccins, de même que des
médicaments, capables de ralentir la course et l’insatiable
appétit de la « bébête ». Mais dans les faits, la planète ne
semble pas disposée de se débarrasser tout de suite de la
Covid. « Pas tout de suite », ce qui, bien sûr, ne veut pas dire
« jamais » ! D’où l’espoir nourri qu’une fois sorti de la crise
sanitaire, le monde pourra à nouveau « tourner comme avant ».
Balivernes ! Rien ne sera jamais plus pareil.
En premier lieu, rappelons à ceux qui l’ignoreraient
encore que la pandémie n’est pas arrivée par hasard, et que
le Sars-Cov-2 aura plus que certainement été communiqué
à l’homme par une espèce sauvage. Notre propension à
voyager aux quatre coins de la planète avec ce dangereux
passager clandestin aura fait le reste. Qui plus est, il est
estimé que plusieurs milliers d’autres virus tout aussi
dangereux, voire plus virulents encore, se trouvent encore
dans la nature. Autant dire qu’en réduisant l’habitat des
autres espèces, nous favorisons leur rapprochement avec
l’homme et, donc, augmentons jour après jour la probabilité
de voir émerger un nouvel « ennemi invisible ».
Nous qui avons si difficile aujourd’hui de lutter contre
une « banale » méga-grippe, imaginons alors les dégâts que
ferait un virus aussi mortel que l’Ebola doté du même
pouvoir de transmission que notre variant Delta ! Sans
compter que des millions d’autres virus hibernent encore
(tranquillement ?) sous les couches de glace et de permafrost
de nos zones froides, lesquelles, en se réchauffant,
promettent de les libérer progressivement. Autant dire que,
de ce seul point de vue viral, nous ne sommes pas sortis de
l’auberge !
Non, le monde ne sera jamais plus « comme avant » ! Et
pas seulement à cause du virus. Car un autre ennemi,
moins perceptible encore, rôde dans les parages depuis un
bon moment déjà. Des décennies pour être exact. Car oui,
le réchauffement climatique ne se voit pas. Du moins, pas
encore de manière suffisamment tangible pour que tous,
autant que nous sommes, puissent en prendre pleinement
conscience. Parce que le phénomène ne frappe pas de
manière continue, parce qu’il ne s’attaque pas encore à
toutes les régions du monde, et parce qu’il s’installe
progressivement… très progressivement. Le problème, ici,
c’est que le changement climatique est là pour durer, et
qu’il n’existe bien entendu aucun vaccin capable d’en venir
à bout pour renouer avec le « monde d’avant » dans des délais
suffisamment courts que pour que nous puissions récolter
les fruits de nos efforts. Pour peu que l’on se décide à en
consentir.
En vérité, ces deux fléaux sont intimement liés, tous deux
partageant en effet comme dénominateur commun l’humain.
Notre course effrénée au développement, à la croissance, au
« tout accessible à tous », nous aura plongés dans cette ère de
chaos. Et ce n’est hélas que le début. Car s’il est bien une
espèce plus vorace encore que le Sars-Cov-2, c’est Sapiens,
dont l’appétit ne semble avoir cette fois aucune limite.
On ne cesse de le répéter : notre système est vicié. Cette
course continuelle à la consommation n’a aucun sens en soi,
sachant que, pour vivre, l’homme n’a concrètement besoin
que de respirer, de manger, de boire et de se vêtir. Bien sûr,
il ne s’agirait pas de renouer avec l’âge de pierre, ni même
d’en revenir à une société féodale. Ce qui n’empêche pas de
s’imposer des limites. Il en serait grandement temps, non ?
Le souci, c’est que ces limites se situent bien en deçà de
notre niveau de vie actuel. Avec une question : sommes-nous
prêts à sacrifier ne serait-ce qu’une partie de nos acquis et de
notre confort de vie pour tenter de sauver ce qui peut encore
l’être ? Bien sûr que non ! Historiquement, l’humain n’aura
jamais fait de concession que lorsqu’il en aura été obligé. Au
point de devoir espérer que nos sociétés s’effondrent au plus
vite afin que nous puissions renouer avec la seule véritable
croissance qui soit source d’espérance : celle de la vie !