Les dirigeants du Parti travailliste (Ptr) ont demandé au Premier ministre, Pravind Jugnauth de ne pas fermer le Parlement dans la conjoncture politico-sanitaire.
« Face au risque que la situation sanitaire se détériore, nous nous joignons au leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, pour demander au Premier ministre de ne pas fermer le Parlement. On ne peut se permettre de rester trois mois sans qu’on n’ait de réponses au sujet de la gestion de la pandémie», a déclaré le président Parti travailliste, Patrick Assirvaden. Le chef de file du Ptr au Parlement, Arvin Boolell, a abondé dans le même sens et a trouvé « inacceptable que le Parlement reste fermé pendant trois mois ». Il faudrait trouver un moyen pour que le Parlement reprenne ses travaux bien avant mars, a-t-il dit.
S’agissant de l’inclusion de Maurice dans la liste rouge écarlate de la France concernant la pandémie de Covid-19, Arvin Boolell a dénoncé le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal pour ne pas dire toute la vérité. « Kailesh Jagutpal peut donner des informations farfelues au Parlement. Mais l’université Johns Hopkins qui dispose d’un système de collecte de données avancé estime que le taux d’incidence de comorbidités et de mortalité est plus élevé dans le monde », dit-il. Il a parlé de « négligence institutionnelle et de politique d’amateurisme ». Il a pris en exemple le fait que le vaccin Sinopharm n’est pas administré aux personnes qu’il faut.
Concernant la lutte contre la pandémie, Arvin Boolell a relevé que les autorités, dont le ministre de la Santé, étaient restées indifférentes aux propositions de la France et de la Commission de l’océan Indien (COI) d’apporter leur aide au pays. « Aujourd’hui, alors que beaucoup de pays européens dont la France ferment leurs frontières avec l’Afrique du Sud, le Malawi, la Namibie, le Zimbabwe, le Lesotho et l’Eswatini, ils ne pouvaient épargner Maurice qui a le taux le plus élevé de morbidité dans le monde », maintient-il. Il estime que le ministre des Affaires étrangères, Alan Ganoo, aurait dû initier une campagne sur le plan international et auprès de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) pour que le droit à la propriété intellectuelle soit enlevé afin de permettre la production de vaccins par tous les pays qui peuvent le faire.
Patrick Assirvaden a évoqué la lettre adressée par le ministère de la Santé à l’ambassadrice de France pour lui dire que Maurice avait besoin en urgence d’oxygène et que le Barracuda comptait récupérer une cargaison dans l’après-midi même. « Or, au Parlement, le ministre Jagutpal est venu dire que Maurice avait besoin de cette cargaison d’oxygène pour préparer l’avenir. Qui va le croire ? » se demande-t-il. Il ajoute que ce n’est pas uniquement la France qui a fermé ses frontières aux Mauriciens, mais aussi l’Inde et l’Arabie saoudite. « J’espère que le Premier ministre s’adressera à la population afin de rassurer aussi bien les Mauriciens que la communauté internationale comme l’a fait le président sud-africain. Il est de son devoir de défendre les dispositions prises pour contrôler la propagation de la pandémie et dire qu’il n’y a pas d’Omicron sur notre territoire jusqu’ici », ajoute-t-il.
Il a, par la même occasion, dénoncé le fait que le MSM continue son « majakaro » en annonçant que Prakash Maunthrooa a été nommé président de Mauritius Duty Free Paradise Ltd. Il a conclu en disant que le gouvernement est parvenu à fédérer tous les partis de l’opposition. « Cela ne veut pas dire qu’il y a une alliance. Nous avons un groupe parlementaire indépendant. Nous travaillons ensemble sur les grands sujets sur lesquels le Ptr ne rate pas son rendez-vous », fait-il comprendre.
Pour sa part, Michaël Sik Yuen a fait ressortir que le gouvernement a récolté ce qu’il a semé. « Nous avons perdu nos camarades proches parce que le gouvernement ne dit pas la vérité sur la propagation du virus et sur le nombre de décès dû au virus. Le gouvernement manipule les chiffres et dit que tout va bien alors que tout va mal », a-t-il dit.
Le Dr Farhad Aumeer a critiqué la gestion à l’hôpital ENT qui dispose de toutes les compétences médicales nécessaires. Il s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles 70% des patients entrant à l’hôpital ENT n’arrivent pas à survivre. Il a demandé la démission des responsables de l’hôpital. Il a aussi exprimé ses craintes au sujet de certains tests qui ont été expédiés à l’étranger pour les besoins de séquençage et s’est demandé s’ils ne vont pas indiquer la présence du variant Omicron à Maurice.
Arvin Boolell a consacré une large partie de son intervention aux amendements apportés à l’IBA Act. Il a accusé le Premier ministre « d’utiliser l’état d’urgence sanitaire pour faire voter des lois bidon et scélérates avec un certificat d’urgence ». Pour lui, les amendements à l’IBA Act qui ont été adoptés devraient être jetés dans la poubelle de l’histoire. Il estime que ces amendements doivent être contestés en Cour suprême et si besoin est, il faut recourir au Privy Council. « Pravind Jugnauth est un manipulateur qui veut contrôler les radios avec la complicité de Betting Online », a-t-il dit. Il s’est étonné que Dick Ng Sui Wa, qui est à la tête d’une institution indépendante, se soit présenté à la radio comme le représentant du régime.
Arvin Boolell a aussi condamné avec force « la tyrannie du pouvoir et l’utilisation de la majorité parlementaire comme l’arme politique de l’exécutif ». Il a finalement affirmé que « si le président de la République prend les décisions que la population lui demande de prendre, le pays grandira devant les instances internationales ». Il a aussi condamné les « arrestations à la pelle » et l’application de la Public Gathering Act « uniquement pour plaire au MSM, alors que les manifestations se sont déroulées dans la paix et le respect des gestes sanitaires ».