Un an après la sortie d’un premier ouvrage sur l’histoire de l’architecture résidentielle de Maurice, l’architecte et urbaniste Thierry de Comarmond lance le deuxième tome de ses « Cahiers du Patrimoine » le 24 octobre au Hennessy Park Hôtel à Ébène. Églises, temples, mosquées, pagodes, les plus beaux édifices religieux de Maurice et Rodrigues donne un coup de projecteur sur l’histoire de l’architecture des édifices religieux dans nos deux îles.
Le livre aborde quatre étapes phares de l’architecture religieuse de Maurice et de Rodrigues. “Dans tous les pays, les patrimoines religieux ont la particularité d’être d’excellence et pour leurs constructions, des maîtres d’œuvre, artisans et artistes de talent étaient choisis pour réaliser ces ouvrages”, fait ressortir cet amoureux du patrimoine. Le livre retrace ainsi quatre religions (chrétiens, musulmans, hindous et bouddhistes) qui se sont implantées au cours des mouvements migratoires vers Maurice à travers ses édifices religieux. Dans son avant-propos, Thierry de Comarmond précise “De nombreux autres lieux de culte auraient mérité de figurer dans ce livre. Il a fallu faire un choix. J’ai cependant tenu à ce que tous les types et les styles d’églises, de mosquées, de temples et de pagodes soient représentés”. En effet, la centaine de pages de son dernier ouvrage présentent à travers des textes détaillés et des illustrations intéressantes l’histoire de ces constructions religieuses, indissociable de l’histoire de Maurice.
Les églises chrétiennes
De même, tout un chapitre parcourt l’histoire des édifices religieux chrétiens. À l’ère de la colonisation française (1715-1810), le code noir interdisait aux esclaves de pratiquer leur religion, leur culture et de parler leur langue. La seule religion autorisée était le catholicisme. Fait notable, “Les premiers lieux de culte catholiques étaient de simples préaux en bois, couverts de chaume où seul le chœur était sous une toiture en chaume”. Graduellement, ils furent remplacés par des édifices en pierre, couverts en bardeaux. Thierry de Comarmond aborde ainsi l’évolution de l’histoire des églises chrétiennes, à partir de la construction de l’église Saint-François d’Assise (1753-1756) à Pamplemousses, la troisième église construite en pierre à Maurice, jusqu’au plus moderne, construit en béton avec l’église Père Laval à Ste Croix (1968). Entre autres parcelles d’histoires à découvrir, les différentes phases de construction de la Cathédrale St-Louis entre 1778 et 1933. Les murs enduits au mortier de chaux et sable, badigeonnés en ocre et blanc, qui rappellent les églises chrétiennes de Pondichéry de l’Église Notre Dames des Anges à Mahébourg (1849). Rodrigues est aussi à l’honneur avec notamment la Cathédrale Saint Gabriel (1939) ou encore l’Église Saint Cœur de Marie Port-Mathurin (1970).
Aussi, quand Maurice devient une colonie britannique, pour satisfaire les administrateurs civils et militaires qui étaient de religions protestantes et anglicanes, des édifices religieux chrétiens furent aussi érigés. À titre d’exemple, l’Église presbytérienne Saint-Jean à la Rue La Poudrière (1841), La Cathédrale Saint-James (1850), etc. Ce sont aussi des architectures qui soulignent un caractère victorien absent durant la colonisation française, comme avec l’Église anglicane Saint-Thomas (1855) à Beau Bassin. “Ce qui est remarquable dans cette histoire de l’architecture chrétienne, c’est que les maîtres d’ouvrages (le clergé chrétien), se sont toujours alignés sur le modèle architectural des pays d’origine, notamment la France et l’Angleterre”, relate l’architecte et urbaniste.
Mosquées, temples et pagodes…
Thierry de Comarmond ouvre le volet sur les mosquées avec la Mosquée Al Aqsa (1805) à Plaine verte, la première à être érigée et surtout le seul édifice religieux non catholique de l’Isle de France à l’époque. De souligner que l’architecture des mosquées de Maurice est indo musulmane, comme celle de la plupart des mosquées d’Inde, notamment la Jummah Masjid. Comme indiqué dans le livre, ses caractéristiques se situe au niveau de “sa maçonnerie en moellons, recouverte d’un épais enduit de sable et chaux moulé en bas-reliefs aux motifs, soit végétaux, soit de formes géométriques répétitives l’extérieur monochrome ou bichrome des tourelles, coupoles, arches en plein cintre, en anse de panier ou en arc outrepassé, souvent polylobés.” Au cours des années, vinrent aussi s’ajouter certains éléments arabo-musulmans, c’est le cas avec la mosquée Markajee (1962) qui se trouve à l’avenue Sir Seewoosagur Ramgoolam. Il comprend un minaret néo-arabe que ne possédaient pas les autres mosquées à l’époque.
En ce qui concerne l’histoire des temples hindous, elle débute lorsque la communauté tamoule, déjà présente sur l’île, demande la permission de construire son premier temple sous l’ère britannique. Leur construction se base sur deux modèles, les temples dravidiens (sud de l’Inde) et les temples nagara (nord de l’Inde). Le Shri Sockalingum Meenatchee Ammen, aussi connu comme Kailasson (1854-1860) épouse le modèle dravidien. Les temples nagara, sont pour leur part, moins riches en sculptures que le style dravidien. Le premier temple construit dans ce modèle dans l’île, Shivalaya (1888-1891), se trouve à Triolet.
Le dernier chapitre fait un tour d’horizon des plus belles pagodes de Maurice. Thierry de Comarmond souligne que “l’architecture et la décoration des pagodes chinoises de Maurice sont inspirées des pagodes de Chine, témoignant de l’attachement de la communauté à la tradition”. Entre autres pagodes, vous retrouverez celles Kwan Tee (1842) Les Salines, Heen Foh Lee Kwon construite par les Hakkas en 1860 pour terminer avec la plus récente, la Pagode Tien Tan (1951) au pied de la montagne des signaux.
L’ouvrage est déjà en vente en librairie à Rs 1100.