Importations : les perturbations maritimes continuent d’influencer les prix

Les prix en rayon ne vont pas se stabiliser avant la fin du premier trimestre de l'année prochaine, soit mars ou avril.

  • Les opérateurs plaident pour que les opérations dans le port tournent en 24/7

La situation chaotique dans la chaîne d’approvisionnement mondiale avec les ports congestionnés, le trafic maritime perturbé et le coût du fret qui atteint des sommets va-t-elle enfin connaître des améliorations ? Ces facteurs, qui se conjuguent également avec la dépréciation de la roupie sur le plan local, continuent de faire grimper les prix dans les rayons des supermarchés et au grand dam des consommateurs.

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Tout semble indiquer qu’il n’y aurait pas d’amélioration notable pour le moment, et le porte-monnaie de la méngaère continuerait à souffrir, à en croire les principaux importateurs du pays. « Les perturbations et la hausse du fret maritime persistent malheureusement, surtout pour les importations venant d’Afrique du Sud et de l’Inde. Dans ces deux pays, les ports sont encore plus congestionnés et ils n’arrivent toujours pas à s’en sortir », explique un gros distributeur local. D’après les données dont il dispose, « la situation ne va pas se décanter avant mars ou avril ». Cette analyse a été élaborée juste à la veille de la confirmation de l’existence de ce nouveau variant aux mutations multiples avec l’Afrique du Sud et d’autres pays de la région en isolement sur le plan des échanges en tous genres.

Un autre opérateur, habitué aux gros volumes d’importation, partage le même avis : « Nous étions convaincus que les choses allaient s’arranger vers janvier, mais les spécialistes nous disent malheureusement que tel ne sera pas le cas. » Comment font donc les importateurs, avec les perturbations maritimes, pour s’assurer que les produits arrivent en rayon à temps ?

Ils s’y sont pris bien à l’avance cette année pour les commandes, surtout pour les produits destinés pour les fêtes de fin d’année : « nous nous en sortons car nous passons des commandes en avance et nous avons misé sur des volumes additionnels pour garantir l’approvisionnement du marché. Tous les produits festifs ont été commandés un à deux mois plus tôt que d’habitude. La dinde est déjà rentrée. Le fromage frais, la langouste et les fruits de mer sont là depuis octobre. »

Mais si les produits ne sont pas en retard pour les fêtes, la facture d’importation continue de grimper… et la hausse est bien évidemment répercutée sur les étiquettes de prix des produits en rayon : « nous n’avons pas le choix car le Landed Cost des produits est beaucoup plus élevé. »

« Pas sortis de l’auberge »

Toutefois, si cela peut rassurer les consommateurs, les spécialistes notent que le coût du fret s’est plus ou moins stabilisé depuis deux ou trois mois, mais demeure très élevé par rapport à son niveau d’il y a deux ans. Les prix du fret vont-ils bientôt redescendre, rendant ainsi les prix moins onéreux en supermarché ? Difficile de répondre à cette question. « Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Vous savez, même avant la pandémie, il y avait toujours une majoration du prix du fret en décembre », fait-on comprendre. Et après les fêtes ? Les importateurs espèrent que le prix va continuer à se stabiliser, pour ensuite baisser. « Aujourd’hui, le fret ne peut pas rester à un coût si élevé, c’est incroyable ! À l’époque, un conteneur coûtait USD 3 000 et aujourd’hui on me demande USD 13 000 », lâche cet habitué du circuit des importations.

Un autre commerçant s’aventure à dire que « the worst is behind us ». Car passé décembre, les prix du fret ne pourront pas aller encore plus haut, selon lui. « À la source, nos fournisseurs ont déjà augmenté leur prix et nous avons déjà subi quatre mois d’augmentation. » Cependant, il reste vigilant car « on ne sait pas ce qui peut arriver ».

Système complètement bouleversé

Les perturbations maritimes ont déjà atteint un niveau sans précédent dans le monde et le responsable d’une importante compagnie de logistique très connue localement ne sait plus où donner de la tête : « Le système est complètement bouleversé. Nous ne pouvons plus rien planifier, surtout dans notre domaine où la planification est primordiale pour le bon déroulement de nos opérations. Il y a beaucoup de facteurs hors de notre contrôle et des bateaux qui arrivent en retard ou alors qui sont à l’heure mais sans les conteneurs attendus ! Cela cause énormément de problèmes. »

L’idéal pour lui, c’est que tous les commerçants et importateurs puissent garder trois à quatre mois de stock afin d’éviter toute pénurie sur le marché, « sinon cela va engendrer du Panic Buying et perturber davantage toute la chaîne d’approvisionnement ». Le hic, c’est que commander bien à l’avance pour garder du stock implique évidemment des contraintes financières pour les importateurs car les fonds sont immobilisés et leurs coûts d’entreposage prennent l’ascenseur. Autre problème, le stockage prolongé des marchandises entraîne d’autres risques pour les importateurs et distributeurs liés aux dates d’expiration.

« Tout est répercuté sur le prix final »

Ce spécialiste logistique reconnaît lui aussi qu’au final, c’est le consommateur qui doit casquer pour la hausse de coûts du fret et tous les problèmes maritimes à l’échelle mondiale. « Tout est automatiquement répercuté sur le prix du produit final et cela s’aggrave avec la dépréciation de la roupie, cela d’autant que tous nos achats se font en devises », dit-il. Interrogé sur l’évolution de la situation dans les prochains mois, il ne se mouille pas : « Tout dépendra de la demande et de l’approvisionnement et s’il y a une accalmie. »

Les opérateurs logistiques mauriciens sont un maillon essentiel dans la distribution des produits dans le pays. Ils s’assurent que les énormes volumes de produits qui entrent dans le pays sont réceptionnés, stockés et distribués dans divers points de vente du pays. En même temps, ils doivent gérer leurs immenses espaces d’entreposage afin de pouvoir absorber les volumes entrants et sortants tout en faisant en sorte que les produits soient livrés à temps, selon la demande de leurs clients qui sont généralement des distributeurs et importateurs.

Ces derniers passent commande auprès de leurs fournisseurs étrangers. Les compagnies logistiques prennent en charge ces marchandises à leur arrivée à Port-Louis, les placent dans leurs entrepôts spécialement aménagés pour des produits Dry, Chilled ou Frozen, généralement situés dans le port franc. Et dès que leurs clients concluent des ventes, les logisticiens assurent la livraison des marchandises aux points de vente concernés.

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