Ces femmes ne sont ni médecins ni infirmières, mais elles aussi bravent le danger que représente le Covid. Elles, ce sont ces femmes en charge du nettoyage dans les hôpitaux du pays qui ne pourraient continuer à fonctionner sans leur dévouement.
Et pourtant, à l’hôpital Victoria à Candos où l’on s’est rendu, samedi, des salariées d’une firme de nettoyage se disent insatisfaites des moyens de protection dont elles disposent et qui ne leur permettent pas de travailler sereinement. Sous le couvert d’anonymat, ces femmes de ménage nous racontent leur quotidien depuis que le virus et son variant mortel ébranlent le pays.
Dans les hôpitaux du pays, le nettoyage des chambres est de plus en plus sous-traité à des prestataires. C’est le cas, notamment, à Candos où une dizaine de femmes de ménage exercent pour le compte d’une firme privée et qui ont l’habitude des taches et de la poussière. Or, ces derniers mois, quand on fait appel à leurs services, c’est davantage pour désinfecter les chambres potentiellement infectées par le virus qui a encore tué plus de 122 nouveaux malades cette semaine. Le coronavirus est un ennemi invisible qui peut les tuer à tout moment, mais quasiment toutes entrent dans le combat avec un courage exemplaire. « Nous avons combattu à de nombreuses reprises pour que nos droits soient respectés en ce qu’il s’agit de nos maigres salaires ou de nos congés. Sauf que de par la nature spécifique de notre travail, le combat qu’on mène dans les hôpitaux depuis l’émergence de la pandémie est le plus dur défi qu’on ait eu à relever», soutient Rita qui travaille dans ce secteur d’activité depuis 30 ans.
Pour Sarah, 46 ans, qui est diabétique et d’autant plus vulnérable face au virus, cette derrière statistique est, en revanche, devenue source d’angoisse. « Je vais travailler avec la boule au ventre depuis un mois. Je nettoie tout ce qui est à portée de main. Les boutons d’ascenseur, les rampes, les poignées de porte. J’entre dans les chambres, nettoie sous les lits.
La promiscuité dans la petite cantine
J’estime que les situations à risque pour nous sont à la mesure de celles rencontrées par les infirmières exposées dans leur mission à des cas potentiels des personnes touchées par cette maladie.» Ces salariées sous pression et mises en danger avaient, pourtant, été écartées de l’allocation des primes offertes par le gouvernement aux frontliners, cette année. « Nous refuser cette prime, c’est nier nos efforts et notre importance », s’insurge notre interlocutrice.
Un médecin légiste de l’hôpital ne tarit pas d’éloges pour ces « braves femmes » qui assurent la continuité du service dans le contexte anxiogène: « Comme nous, elles n’en sont pas moins indispensables dans la guerre contre le coronavirus. D’un grand professionnalisme, elles rajoutent la joie, la bienveillance et l’empathie. Elles mériteraient une prime conséquente, compte tenu de leurs maigres salaires. »
Ces femmes de ménage sont d’autant plus frustrées qu’elles n’ont pas l’impression que leur employeur s’évertue à l’hopital offrir des équipements de protection appropriés. « Nous sommes livrés à notre sort à l’hôpital Victoria. Nous côtoyons des malades de Covid-19, alors qu’on ne dispose que d’une paire de gants à utiliser durant un mois. Nou bizin telefone sak fwa pou gagn mask. Nou pa pe diman sarite me en proteksyon maximale. » En outre, les cleaners se plaignent de la promiscuité dans la petite cantine où elles côtoient quotidiennement tout le personnel du service hospitalier. « La cantine dispose de trois tables seulement. On se retrouve, bien souvent, à cinq sur une table », soutient Rita. Nous avons tenté en vain de joindre le directeur de la firme employant ces femmes.