Attachée commerciale dans l’une des plus grandes imprimeries du pays, Chrystelle Gardenne s’est découvert une passion pour l’élevage de poules, de poissons et les plantes bio. Dans sa maison à Pointe-aux-Sables, elle se plaît dans son potager bio qui foisonne de légumes frais tout juste cueillis et encore gorgés de soleil. Une passion qui lui permet d’avoir des aliments de meilleure qualité dans son assiette.
Une joie de vivre émane de Chrystelle Gardenne et avec une telle positivité, cette mère de deux fillettes est parvenue à faire de belles réalisations dans sa vie. D’abord, il y a son métier d’attachée commerciale dans une des plus grandes imprimeries de l’île. Des études dans la vente en 2001 l’ont conduite à exercer différents métiers dans ce secteur.
Depuis 15 ans, chevillée à son travail, Chrystelle cerne bien le rayon de la vente et du marketing. Toujours de bon conseil avec cette gentillesse qui la caractérise et une grande simplicité dans ses actions, elle a aussi son jardin secret. Et le sien s’articule autour de la permaculture, l’aquaponie, l’élevage des poules de basse-cour. Un passe-temps qu’elle a découvert avec son conjoint Fabrice.
« Il a toujours aimé planter des fleurs, des légumes et en le voyant faire, petit à petit j’y ai pris goût. En décembre 2019, nous avons voulu apprendre à mieux manger en faisant nous-mêmes notre petit potager. Notre première option a été la permaculture. Nous avons cultivé des lalos, bringelles, tomates, cerises, laitues, petits piments, piments cari, céleris, fines herbes, entre autres… J’ai aussi quelques poules qui sont élevées en plein air. Avec elles, j’ai mes propres œufs, elles mangent mes légumes, des fruits, des épluchures et aussi leurs grains. »
Chrystelle tient en ligne de compte qu’un potager bio est un système complexe et que tout un écosystème doit être recréé dans l’élaboration d’un plan de jardin bio, à commencer par la permaculture. La permaculture repose sur trois piliers, selon elle : le soin de la terre, le soin des humains (de soi et des autres), la création d’abondance et la redistribution des surplus. C’est en optant pour ces piliers que Chrystelle est parvenue à se réinventer en pleine pandémie de Covid-19.
Avec son conjoint Fabrice, tous deux ont eu une nouvelle approche de la terre, en décidant de créer leur propre potager. Comme elle l’indique, il n’était pas évident d’avoir des légumes en étant confinés et il a fallu se débrouiller « sur le pouce ». D’où l’idée de la mise en place de son jardin. Pour créer son potager bio, Chrystelle Gardenne s’est donc tournée vers la permaculture.
Elle s’est aussi heurtée à de nombreux problèmes : « Comme les mauvaises herbes à enlever, les bêtes à surveiller. Cela devenait difficile car le mal de dos se faisait sentir à force de se baisser et de se relever pour travailler la terre. C’est là que mon conjoint et moi, nous nous sommes tournés vers la deuxième option qui est l’aquaponie, un système qui unit la culture de plantes et l’élevage de poissons. Vous nourrissez les poissons et vice-versa, les poissons nourriront les plantes. L’avantage avec l’aquaponie, c’est que le système est en élévation, ce qui réduit les courbatures », confie-t-elle.
Zéro pesticide
Pour cela, Chrystelle s’est d’abord inscrite à des cours où elle a appris comment remplir ses bassins d’eau pour l’élevage de poissons tout en vérifiant la température de l’eau. Le système aquaponique aidant pour abriter les poissons d’eau douce, Chrystelle a choisi les Berry qui atteignent 1,5 à 1,8 kg. Par contre, comme elle est originaire de la région de Pointe-aux-Sables, elle trouve le climat peu favorable, voire relativement chaud, pour l’élevage de poules à l’air libre et la culture de ses plantes. D’où l’idée d’un emplacement à l’ombre pour protéger les légumes.
La permaculture, l’aquaponie, les herbes aromatiques, un tout qui constitue le quotidien de Chrystelle Gardenne qui se fait un devoir de protéger ses plantes des pesticides. La raison évoquée : « Aujourd’hui, il y a de plus en plus de maladies comme le cancer, et les pesticides ne sont pas l’unique cause mais ils jouent un rôle. Donc, pour nous, c’est zéro pesticide, on utilise tout ce qui est naturel pour repousser les insectes. Le goût des légumes est différent et ) nos légumes récoltés restent plus d’une semaine au réfrigérateur. »
À la question de savoir si la pandémie a été une bonne chose en amenant les gens à prendre conscience et à être plus prudents par rapport à ce qu’ils consomment dans leurs assiettes, Chrystelle ne semble pas être du même avis. « Je pense que cela s’applique seulement pour certaines personnes. Ce n’est pas évident de faire son propre potager ou d’acheter des légumes bio car cela coûte un peu plus cher et ce n’est pas à la portée de tout un chacun. »
Sur sa ferme à Pointe-aux-Sables, Chrystelle Gardenne a choisi une variété de plantes. On y trouve des laitues, des brèdes tom pouce, des blettes, de la betterave, du mesclun, de la roquette, du basilic et des fines herbes. D’autres légumes ont rejoint le petit groupe dont les petsai, brède bâton blanc, des radis.
Aux Mauriciens qui veulent se lancer comme elle dans la réalisation de leur propre jardin, elle leur conseille de se renseigner d’abord car, dit-elle, le coût est assez élevé. « Il faut avoir au moins une connaissance de base, de la volonté, de la patience et aussi, pourquoi pas comme moi, un conjoint qui vous encourage. » Ses projets futurs : « Placer un nouveau filtre, et surtout avoir une plus grande surface pour construire une grande ferme et avoir une autonomie alimentaire.»
En cette période de pandémie, Chrystelle reconnaît que l’agro-écologie, la permaculture et l’aquaponie font partie des méthodes de production plus respectueuses de l’environnement. De plus, elles permettent de consommer des aliments de meilleure qualité.