« La décision de fermer les écoles, de par le trop grand nombre de cas de contaminations dans les établissements, est certainement la meilleure option, dans la présente conjoncture, » concède d’emblée la consultante et pédagogue Mariam Gopaul. Elle fait cependant remarquer qu’avec « la reprise des cours via la télé et Online, une fois de plus, nous nous retrouvons avec une situation où tous les enfants ne jouissent pas d’un traitement égal. Je m’explique : en présentiel, l’enseignante est présente devant ses élèves alors qu’elle dispense son cours. Or, à la télé, les élèves sont à la maison, et l’institutrice ne voit personne. Elle ne peut donc pas deviner quand l’un ou plusieurs de ses élèves ont du mal à suivre un chapitre, quand il y a des petits manquements et ratages.
Donc, cette absence cause déjà quelques lacunes. Nombre d’élèves sont alors injustement pénalisés. »
Mariam Gopaul retient que « l’élite reste l’élite : pour cette catégorie d’enfants, les parents par exemple, veillent au grain et assurent à leurs progénitures un encadrement adéquat. Ils vont personnellement veiller que leurs enfants aient bien compris les leçons, et vont même rester en contact avec les enseignants et il y a des échanges téléphoniques et aussi via des réseaux sociaux, pour maintenir une qualité d’éducation de bon niveau. » Mais, note la consultante et pédagogue, « ce n’est pas là le cas de la grande majorité des élèves.
Certes, je connais personnellement des enseignants des écoles publiques d’ailleurs, autant que du privé, qui ont, de leur propre initiative, créé des groupes WhatsApp, avec les parents de leurs élèves, afin d’assurer un suivi approprié. Cela vient ainsi en apport aux cours dispensés à la télé. Toutefois, ce type d’attitude n’est pas légion, hélas ! Et le plus triste dans toute cette affaire, c’est que le fossé entre les bien-lotis et les laissés-pour-compte se creuse désormais encore plus, hélas ! Ces bouleversements causent des ruptures importantes dans notre société. La note sera certainement très salée. »
Ce qui amène Miriam Gopaul à faire ressortir qu’« après l’épisode du premier confinement et la présente situation, je ne peux que remarquer, à mon grand regret, que nous allons nous retrouver avec des générations de jeunes qui seront paumés et largués; voire, carrément en retard ! Pas plus tard que cette semaine, des jeunes étudiants de HSC m’ont confié leur désarroi et leur déprime. Ils m’ont fait remarquer que c’est bel et bien fini le temps où on terminait le collège à 18, 19 ans et qu’on était déjà étudiant d’université à 21 ans. Ils se sentent déjà vieux, alors qu’ils n’ont que leur HSC. Ça peut paraître anecdotique pour certains, mais croyez-moi, pour ces jeunes, ça fait une différence énorme sur le reste de leur vie, et ça impacte leur choix de carrière et leur vie, surtout. »
Et cette année, c’est rebelote, et avec l’explosion du variant Delta, ces dernières semaines, la situation s’est davantage corsée. Ce que se demande la consultante et pédagogue, c’est pourquoi le/les ministères concernés n’ont rien prévu, prépare ni élaboré comme plan d’action pour pallier les lacunes et faiblesses qui sont inévitables dans ce cas de figure ?
« Tous les pays du monde ont eu les mêmes problèmes que nous. Mais beaucoup ont pris les devants et travaillé sur des programmes de cours de rattrapage et des cours supplémentaires afin que la grande masse de jeunes ne souffre pas, at the end of the day. Pourtant, à Maurice, rien ! Je trouve cela bien dommage et triste pour nos jeunes. »
Ce clivage, conclut la consultante et pédagogue, « aura certainement des retombées négatives après quelque temps. Il ne faudra pas s’étonner de voir un appauvrissement de la société, tant matériellement qu’académiquement. Et, par incidence, cela entraînera aussi des comportements déviants et des attitudes marginales. »