Naufrage du Sir Gaëtan – Le Port Master Barbeau : « Le tug en bon état de navigabilité »

Les travaux de la Court of Investigation, instituée pour faire la lumière sur le naufrage du remorqueur Sir Gaëtan, survenu dans la nuit du 31 août 2020, ont pris fin hier avec l’audition du Port Master Louis Gervais Barbeau. Ce dernier devait insister sur le fait que le Sir Gaëtan était seaworthy ou plus encore in a good running condition. Affirmant ainsi que le Sir Gaëtan était le choix approprié pour cette opération de sauvetage, et ce, malgré le fait d’avoir été confronté aux propos d’autres témoins devant la Court of Investigation et aux Survey Reports sur l’état du remorqueur, qui n’avait notamment pas de Safety et de Class Certificate.

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Le remorqueur Sir Gaëtan a fait naufrage sur le chemin du retour du site de l’échouement du MV Wakashio le 31 août, soit au large de Poudre-d’Or, après que la barge L’Ami Constant de la firme Taylor Smith, qui était remorqué par le Sir Gaëtan, de Pointe-d’Esny à Port-Louis, ait percuté le remorqueur, causant un trou dans sa coque. Questionné sur le choix du tug Sir Gaëtan pour l’exercice de sauvetage, le Port Master a affirmé qu’il avait bien donné son approbation pour que ce soit ce remorqueur qui soit mis en route, après des discussions avec le High Level Commitee en place. Il a été mis en présence de la teneiur d’un Survey Report sur l’état du Sir Gaëtan portant le sceau de Bureau Veritas. Le Port Master devait indiquer qu’il n’avait jamais été en possession de ce rapport, tout en admettant qu’il était toutefois au courant de son existence et que le remorquer avait certaines défaillances.

Le Port Master a aussi été entendu sur le fait que le tug Sir Gaëtan n’avait plus de Class Certificate depuis 2008. Ce à quoi le témoin a répondu : « a Class Certificate doesn’t mean that the tug was not seaworthy. » Il explique que le but était de reclassifier le remorqueur, « et non de le laisser à l’abandon ». Raison pour laquelle, explique-t-il, des Fitness Tests avaient été effectués en 2014 et en 2019.

Le témoin a par ailleurs reconnu qu’il n’y avait pas de manuels de conduite des opérations pour un sauvetage. Toutefois, le skipper détient un Certificate of Competency et il est celui qui prend les rênes lorsqu’il monte à bord du bateau. Il a aussi assuré que l’équipage était adéquatement formé, avec de l’expérience dans ce type d’opération. Le capitaine Barbeau devait indiquer que c’est le skipper qui décide de la route à prendre lors du trajet.

Planification des opérations

Sur la question du trajet du Sir Gaëtan vers Pointe-d’Esny puis vers Port-Louis, le Port Master a expliqué que c’est le capitaine Kavidev Neewoor qui était en charge de la planification des opérations, en consultation avec le capitaine Bheenick. Il affirme qu’il n’était pas impliqué dans cette opération et qu’il n’avait pas été informé que celle-ci aurait lieu le 31 août 2020. Le capitaine Neewoor était On Leave ce lundi fatidique, mais s’était engagé à veiller à la bonne tenue des opérations.

Quant aux conditions météorologiques du jour du drame, Gervais Barbeau a affirmé que cela se passait en hiver et qu’il n’allait pas y avoir de conditions stables et calmes. L’occasion pour lui d’affirmer que le tug Sir Gaëtan « was a well-built tug which attended emergencies in more severe conditions ».

Le Port Master a alors expliqué que ce n’est qu’après l’accident qu’il a été informé de ce qu’il se passait. Il s’était ensuite rendu à Poudre-d’Or pour s’enquérir de la situation, dit-il, disant même avoir parlé avec le capitaine Moswadeck Bheenick dans la soirée, après que le Sir Gaëtan ait été percuté par la barge L’Ami Constant.

« Le capitaine Bheenick m’avait alors expliqué qu’il faisait tout ce qu’il pouvait et que tout était sous contrôle. Il m’a aussi dit qu’il pourrait atteindre Port-Louis. Je lui ai demandé de prendre toutes les précautions nécessaires, de se mettre dans une situation confortable et d’éviter de prendre trop d’eau. Il m’a dit qu’il pensait pouvoir le faire », devait-il.
Il devait aussi assurer, concernant l’état du remorqueur sir Gaëtan, que ce dernier était apte à opérer, malgré certains manquements. « Malgré le fait qu’il y avait des équipements en fin de vie, le remorqueur pouvait opérer sans problème ». Il ajoute : « Le remorqueur était seaworthy le 31 août 2020. » Pour lui, c’était le meilleur remorqueur pour cet exercice de sauvetage. Il a nié tout acte de négligence.

Questionné par la commission d’enquête sur le fait que le jour fatidique, les familles n’avaient pas été rapidement mises au courant de ce qu’il se passait en mer, il déclare : « nous ne voulions pas causer le chaos. Nous attendions d’obtenir toutes les informations afin de pouvoir les donner. Malheureusement, avec les radios et les réseaux sociaux, l’information sur le naufrage est sortie avant que nous ne puissions nous-même la communiquer. »

Après l’audition du Port Master, la commission d’enquête se penchera sur tous les témoignages recueillis et les documents produits afin de pouvoir soumettre ses recommandations. La Court of Investigation sur le naufrage du Sir Gaëtan était présidée par l’ex-juge Gérard Angoh, avec pour assesseurs les capitaines Mahendra Babooa et Jacques Goilot.

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