Wakashio – Paiement de Rs 134 000: « On a donné de faux espoirs aux pêcheurs »

Le revirement de situation concernant le paiement de Rs 134 000 aux pêcheurs et le recours à la justice de l’assureur Japan J&I provoquent la colère dans le sud-est. Pour Tony Apollon, porte-parole des pêcheurs et des plaisanciers, le gouvernement est responsable de cette situation car le dossier n’a pas été bien géré.

- Publicité -

Il se demande ainsi pourquoi le ministre Sudheer Maudhoo a promis cette somme aux pêcheurs avant même d’avoir trouvé un accord avec l’assureur. Il déplore aussi le fait que le gouvernement n’ait pas exigé au propriétaire du MV Wakashio de dédommager les victimes tant que l’épave restera sur les récifs de Pointe-d’Esny.

Chose promise chose due, dit l’adage. Toutefois, pour le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, la situation s’annonce plus compliquée. Mardi dernier, à l’Assemblée nationale, répondant à une question de Ritesh Ramful, le ministre a révélé que l’assureur du vraquier japonais, Japan P&I, était réticent à verser Rs 134 000 aux pêcheurs et 140 000 aux banians de la région du sud-est.

- Publicité -

Cette somme ne représentait pas la compensation qu’ils réclamaient pour les préjudices causés par la marée noire du MV Wakashio, mais le manque à gagner, sur le Wakashio Solidarity Grant.

En effet, entre août 2020 et mars 2021, les pêcheurs – professionnels et amateurs – ainsi que les banians, ont eu droit à une allocation de Rs 10 200 par mois. Tout comme les skippers, plaisanciers et autres opérateurs impactés par la marée noire. En mai dernier, le ministre Sudheer Maudhoo est venu annoncer que suite à des calculs réalisés par les officiers de son ministère, basés sur les prises enregistrées, une somme supplémentaire de Rs 134 000 serait réclamée pour les pêcheurs et Rs 140 000 pour les banians. Cette décision avait été avalisée par le conseil des ministres. Selon ces calculs, il est estimé que les pêcheurs et les banians ont des revenus d’un peu plus de Rs 27 000 par mois.

- Advertisement -

Réagissant à cette situation, Tony Apollon se demande pourquoi le ministre a fait cette promesse, sans avoir la garantie que l’assureur allait payer. « Cela montre comment nous avons affaire à un gouvernement bluffeur. On promet d’abord et ensuite on va réclamer. Le ministre aurait dû faire son “homework”. Il aurait dû savoir que l’assurance n’allait pas se contenter de payer tout ce qui lui est réclamé. » Selon les éléments de réponse donnés par Sudheer Maudhoo à l’Assemblée nationale, Japan P&I demanderait des preuves pour soutenir la somme de Rs 27 000 comme revenus mensuels des pêcheurs et des banians.
Pour Tony Apollon, cette promesse de Sudheer Maudhoo avait pour but de calmer la colère des pêcheurs et de faire oublier les dégâts environnementaux. « On voulait surtout faire oublier la négligence de 12 jours avant de réagir. » Ce dernier ajoute avoir déjà demandé au ministre Sudheer Maudhoo, lors d’une réunion, comment il avait procédé pour savoir que les pêcheurs avaient des revenus mensuels de Rs 27 000. « Déjà, il y avait une incohérence au départ, car le Tourisme avait réclamé Rs 10 200 pour ses opérateurs et la Pêche elle, réclamait Rs 27 000. On a donné de faux espoirs aux pêcheurs, on leur a fait croire qu’ils allaient avoir Rs 134 000 et maintenant, on vient dire le contraire. Il faut arrêter de bluffer. C’est pour cela que les gens se révoltent par la suite. »
Tony Apollon regrette également que le gouvernement ait voulu tout faire lui-même, dans la gestion du Wakashio, au lieu d’engager le dialogue avec les différents “stakeholders”.

« Par exemple, on avait dit que la Wakashio Solidarity Grant devrait être payée aussi longtemps que l’épave du vraquier serait sur les récifs de Pointe-d’Esny. Au moins, les pêcheurs auraient pu avoir cet argent, au lieu d’aller réclamer Rs 134 000 maintenant. »
Il relève aussi que des traces d’huiles sont souvent aperçues sur les plages de la région de Mahébourg, alors que le démantèlement de la poupe du Wakashio est en cours. « Par patriotisme, à cause du tourisme, on ne dit rien, mais tout le monde sait qu’on subit encore l’impact du Wakashio. »

Commentant la plainte logée par l’assureur Japan P&I en vue de limiter les réclamations à Rs 800 M, Tony Apollon avance qu’il fallait s’y attendre. « L’assurance ne va pas mettre la main à la poche pour chaque réclamation que vous lui faites. Même pour un simple accident de la route, on a des difficultés avant d’être dédommagés. Imaginez maintenant pour un incident de cette envergure et par un bateau étranger qui plus est. C’est pour cela qu’il était important de réunir les “stakeholders” autour d’une table afin de préparer un dossier en béton. Où sont les conseillers payés par million ? »

Il souhaite également que le rapport de la Court of Investigation ne démontre pas que les autorités mauriciennes ont une part de responsabilité dans la marée noire, car cela aurait également un impact sur les réclamations.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques