Elle avait 7 ans lorsqu’elle a été victime d’agression sexuelle. Aujourd’hui à 42 ans, Angélique de la Hogue publie un recueil de poésie et de dessins où elle raconte son parcours de résilience. Une thérapie qui l’a l’aidée à prendre soin d’elle. Elle brise le tabou pour s’adresser aux autres victimes.
Il n’est jamais trop tard pour libérer sa parole. Angélique de la Hogue, victime d’agression sexuelle durant son enfance, raconte con parcours en poème et illustrations dans un recueil à paraître le 24 novembre : Avec l’orage qui m’accompagne. Il y est question d’un long combat, individuel, aussi bien que sociétal puisque ce fléau fait de nombreuses victimes. Cela lui a pris plusieurs années : “Pratiquement les 35 ans dernières années de ma vie avant de pouvoir l’exprimer.”
La fondatrice de Tipa (Interactive Pedagogy through Arts) et éducatrice spécialisée explique que l’écriture l’a aidée à prendre soin d’une partie de son histoire, de ce viol dont elle a été victime alors qu’elle était encore enfant. « Ce sont des textes que j’ai écrit dans un contexte particulier. C’était une façon pour moi de comprendre ce que j’avais en moi, de l’écrire et de m’en dénouer. Mais la démarche de commencer ce projet d’auto-publication et d’exprimer ne remonte à pas très longtemps.” Il y a eu en effet plusieurs étapes avant d’en arriver là. Comme dans 80% des cas de violences sexuelles sur les enfants, l’agresseur faisait partie de son entourage. Ce n’est que 10 ans de cela qu’Angélique de la Hogue a porté plainte. Il y a eu un procès mais l’agresseur n’a pas été condamné car les preuves n’étaient pas suffisantes. Elle rajoute être ressortie de six ans de procédure et de cet acquittement avec un certain sentiment d’injustice mais aussi avec une force nouvelle : « J’ai choisi la vérité et le courage, alors que lui, a choisi le mensonge et la lâcheté.”
Lorsqu’elle a pris la décision de se lancer dans cette démarche de publication, Angélique de la Hogue a surtout pensé aux autres victimes car, même si ça lui a pris du temps de se reconstruire, elle est convaincue que la parole peut briser le poids qui pèse sur les victimes : “Faut savoir que les agresseurs nous menacent de nous taire. Il y a une énorme pression sur nos épaules et tout le monde n’a pas forcément les moyens de se payer un accompagnement thérapeutique. Je me suis rendue compte que la question d’agression sur les enfants aussi bien que les femmes est un vrai fléau dont on parle très peu à part dans la rubrique faits-divers.” Ce recueil de 22 textes de poésies accompagnés de dessins est sa façon de tendre la main, puis surtout, de créer des conversations autour du sujet afin de faire évoluer les choses : “On s’intéresse aux conséquences et pas suffisamment à la cause du déséquilibre chez les victimes”.
Le recueil est déjà en pré-vente à Rs 750 à travers le compte Facebook et Instagram Tifi-loraz a parlé. A noter que le projet d’écriture d’Angélique de la Hogue a pris forme grâce à l’aide de Shenaz Patel et Danielle Palmyre qui ont écrit la postface d’Avec l’orage qui m’accompagne : “Je n’ai aucune formation en écriture et mes récits étaient assez spontanés. Toutes m’ont aidée à trouver le fil conducteur pour raconter l’histoire que j’invite les Mauriciens à découvrir.”
Extrait du poème « Entends-tu? »
Entends-tu, au fond de ma gorge
La rumeur de mes mots
Qui se frayent un chemin
Pour enfin rompre le silence
Pour dire, clamer, hurler…
Extraits du poème « Alors j’écris »
Puis mon ciel s’est obscurci davantage
Et toi maudite tristesse tu as donné l’assaut
J’ai tenté de rassembler mon courage
Et de résister à ton étau