Les nations du monde se sont rassemblées, après près de deux ans d’absence, pour la Conférence sur les changements climatiques. Avec, en fil conducteur de cette 26e édition, deux principales questions : qu’avons-nous fait depuis l’accord de Paris en termes d’engagements individuels et collectifs, et que prévoyons-nous de faire pour atteindre ces mêmes objectifs dans un proche avenir ? À ces questions viendront ensuite se greffer des prévisions, d’ailleurs pas très rassurantes si l’on s’en réfère aux multiples rapports d’experts du climat rendus publics ces derniers mois. Avec, en filigrane, un accent particulier sur cette urgence climatique que l’on feint encore partiellement d’ignorer, si ce n’est dans les discussions tout au moins dans nos actions.
Cette guerre contre le dérèglement climatique est pourtant d’importance cruciale. Une guerre qui, d’ailleurs, comme toutes les guerres, nécessite de l’argent. Beaucoup d’argent. Inutile en effet de parler de changement de paradigme dans l’immédiat, tant il apparaît évident que nous ne sommes « pas encore prêts » à envisager une décroissance si importante que le sens même du terme décroissance en perdrait toute sa substance. En plus de cela, par « chance », l’argent, nous en avons. Et beaucoup. D’autant, encore une fois, que l’argent n’est qu’une notion, une convention, et que les règles qui régissent l’économie, si elles paraissent immuables en temps « normal », peuvent en réalité très rapidement s’adapter aux crises, comme l’on l’a d’ailleurs déjà plus d’une fois fait dans le passé lorsque nous n’avions simplement pas le choix.
Mieux encore : selon un article récent paru dans la célèbre revue Nature, à peine 1% des plus nantis, autrement dit des plus riches, pourraient à eux seuls « sauver notre planète ». Ah bon, mais comment, demanderez-vous ? Eh bien simplement parce que 1% seulement des plus riches est aussi responsable de pas moins de… 15% des émissions globales de gaz à effets de serre. Sans compter que cette infime partie des plus favorisés concentre aussi à elle seule les principaux leviers d’action influant le dérèglement.
Concrètement, cela veut dire quoi ? D’abord, que ceux-ci se doivent, en tant eux aussi que consommateurs, d’agir dans le sens de nos ambitions climatiques, étant donné que ce sont ceux qui prennent le plus souvent l’avion, achètent le plus de voitures neuves ou encore détiennent les plus logements les plus spacieux, pour ne parler que de ces items. Ainsi, en revoyant leur mode d’existence, les super-riches pourraient, directement et indirectement, contribuer à la décarbonation. Cette contribution n’est peut-être pas la plus importante, mais elle serait un marqueur de leurs intentions.
Par ailleurs, les plus riches détenant une part disproportionnée d’actions dans des entreprises et multinationales, de même que de titres financiers ou encore de biens immobiliers, ils ont un pouvoir d’influence à la hauteur de leurs investissements. Ainsi pourraient-ils de cette façon influer l’orientation et les choix de ces mêmes entreprises pour que celles-ci adoptent des modèles environnementalement plus vertueux. Plus encore, les riches étant souvent pris en exemple, leur pouvoir d’influence pourrait même gagner des sphères plus populaires, à l’instar des fans de people du show-biz devenant végétaliens simplement parce que leurs idoles le sont.
Mais leur influence est également politique. « Les 1% des plus riches ont un impact disproportionné de leur citoyenneté grâce à leur pouvoir d’influence et leur proximité avec les cercles de pouvoir et de décision », notent ainsi les auteurs de l’article de Nature. Ainsi, tout comme les magnats du pétrole influencent négativement les politiques, dont ils financent souvent les campagnes d’ailleurs, l’on aime à penser que les détenteurs de tels leviers de pouvoir pourraient agir de la même manière pour la protection de l’environnement.
Certes, nous sommes loin de cette réalité, et les plus riches sont aussi ceux qui, bien que contribuant le plus largement aux promesses des drames à venir, agissent le moins pour le climat, si ce n’est par quelques mesures sporadiques censées contribuer à leur image de personnes soucieuses de leur environnement. D’où l’importance de trouver le moyen de les mobiliser autour de cet enjeu collectif. Encore faut-il évidemment trouver quelle corde sensible faire vibrer chez eux, même si la couleur de cette dernière semble être déjà bien connue !
- Publicité -
EN CONTINU ↻