Reflesi bien : Tikkenzo, au nom du rap

Reflesi bien marque le retour de Tikenzo sur l’avant-scène après son album sorti en 2010. Le rappeur des OSB reprend sa place à travers une poésie crue et directe héritée de l’âge d’or du rap. Chaque trimestre, un single et un clip viendront raconter le film de sa vie.

“Pour moi, ce sera le rap jusqu’à la mort.” Tikenzo garde le flot sur Reflesi bien et revendique son appartenance à la old school. Sur le single lancé la semaine dernière il réaffirme son allégeance à Public Ennemy, Naughty by Nature, Tupac, IAM et ses autres rappeurs de la première heure qui avaient happé un gamin de 13 ans de Rose-Hill dans les mailles du hip hop.

- Publicité -

Mais le rap n’est pas que style. Tikenzo rappelle qu’il est le véhicule d’un message censuré par les bien-pensants qui ont longtemps voulu boucler sa gueule au ghetto. Le texte de l’Otentik Street Brother reste un poem koaltar, qui, en sus d’avoir une belle structure choisit et place les mots pour les rendre accrocheurs et puissants. Ce qui vient rappeler que le bad boy en apparence a derrière lui une trentaine d’années d’écriture : “Même si je n’ai pas été sur la scène ces derniers temps, je n’ai jamais cessé d’écrire. Je n’ai jamais cessé d’être artiste.”

L’écriture est son exutoire. L’ex-matricule BC166 continue à décrier les choses qui l’interpellent, ses coups de gueule, ses blues, ses espoirs. À Beau-Bassin comme à Petit Verger, les bibliothèques des prisons lui avaient donné de quoi étoffer ses connaissances : “Durant cette période de condamnation, j’ai lu tout ce que j’ai pu.” La vie entre les murs l’avait fait grandir et lui avait permis d’affuter sa vision de la société. Trois ans dan liniversite : “j’en suis ressorti plus discipliné, la prison a fait de moi un homme.” BC166 a aussi été le titre de son album sorti en 2010. Sur cet opus : plusieurs textes composés andan ou inspirés de livres découverts en prison.

Depuis la vie a repris son cours et sa réintégration s’est faite dans les meilleures conditions. Sa maturité et son long parcours artistique permettent à Tikenzo de revenir au-devant de la scène pour reprendre une place qu’il n’avait jamais laissé vacante. L’homme est toujours une des grandes références de la street culture de Maurice qu’il a aidée à porter vers la reconnaissance.

Reflesi bien avait été composé vers 2019, cette histoire qui raconte sa vie a attendu le bon moment pour sortir : “J’ai compris que sak kiksoz ena so moman. Sak Kiksoz ena so rezon.” Dans le cas présent, c’est aussi sa rencontre avec des fans derrière la boîte de Production Big Mountain qui a permis de faire les choses correctement.

Son clip est sombre et reste sur l’essentiel sans chercher des éléments qui auraient pu dévier l’attention du texte. “Je veux que les gens prennent le temps d’écouter et de comprendre le message.” Le prochain single sortira dans trois mois et il renouvellera l’expérience de manière trimestrielle. Chaque chanson sera accompagnée d’un clip : “Quand tous seront mis côte à côte ce sera comme un grand film. Cette vision m’était venu quand j’étais en prison.”

Tikenzo a encore en tête la fierté ressentie quand il a participé à faire bouger des milliers de spectateurs ou encore quand des fans l’ont approché pour lui confier que ses textes avaient positivement impacté sur leurs vies. Rencontré à la Résidence La Cure où il vit avec sa famille depuis quelques années l’homme reste empreint d’humilité préférant une certaine discrétion au show off qui bouffe certains. “Même sur la scène j’ai toujours préféré rester un peu en retrait. C’est aussi pour cela que mon clip est sombre.”

Mais ses convictions sont intactes et Tikenzo revendique ses combats contre les injustices sociales, contre la discrimination, pour la prise de conscience et encore la reconnaissance du kreol. Il avait 13 ans quand, influencé par son cousin venant d’Italie avec dans les bagages le style et les musiques rap, il s’était aussi mis à l’écriture. Ses raps à lui étaient en kreol et ce sont ces textes qui lui ont permis de se faire remarquer des autres jeunes qui sortaient du ghetto par la musique. C’est ainsi qu’il se retrouva à cheminer avec les Street Brothers où il a vécu la grande aventure.

HT

Kwin Artis à La Cure

Les travaux sont toujours en cour, mais niché au bord de la rivière au cœur de la cité, Kwin Artis a déjà de la gueule. Il s’agit d’un espace musical et artistique construit par les résidents de La Cure à l’intention des personnes de la région. Dans la pièce principale, plusieurs instruments de musique, de sono et des lumières pour offrir aux intéressés un cadre attrayant où venir s’exprimer. D’autres projets sont en chantier autour afin que l’espace soit dynamique et plaisant.

“Nous avons fait ce projet parce qu’il n’y a rien d’autre”, expliquent ceux qui ont contribué à cette initiative que nous a faite découvrir Tikenzo. Lui-même et d’autres artistes de la région y apportent aussi leur soutien à travers le partage des expériences et des jams et concerts. Un nouvel espace de vie qui prend tout son sens dans cette partie de la capitale et qui apporte d’autres couleurs et une nouvelle énergie à La Cure.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -