Chaque année, depuis 1983, le 28 octobre marque la célébration de la langue et la culture créoles, dans les pays et les communautés ayant le créole en commun. Ce qui représente plus de 15 millions de personnes à travers le monde. Créé en 1986, le Centre Nelson Mandela œuvre pour la préservation et la promotion de la langue et de la culture créoles ici à Maurice.
Le créole mauricien a pris naissance dans les camps d’esclaves afin de permettre à des personnes de différentes origines de pouvoir communiquer entre elles au sein de cette terre où elles s’étaient retrouvées bien malgré elles. Personal Chair in French and Creole Studies et doyen de la Faculté des Social Sciences and Humanities à l’Université de Maurice, le professeur Arnaud Carpooran, rappelle que cette grande aventure linguistique a commencé durant la période coloniale. Les esclaves étant considérés comme la population servile n’étaient pas autorisés à parler entre eux. De peur qu’ils ne fomentent une mutinerie, les esclaves avaient été ainsi délibérément choisis de différents villages. En entendant la langue du “maître” les esclaves commencèrent à transposer cette langue avec leur propre système de grammaire pour pouvoir communiquer. Il y a d’un côté les mots des langues européennes et un fond grammaticale issu des langues africaines qui en se mélangeant vont progressivement donner forme à quelque chose qui avec le temps devint la langue créole poursuit le professeur Arnaud Carpooran.
Développement de la langue créole.
À l’époque de la colonisation française, il existait le créole mascarin, ancêtre du créole mauricien né au 17ème siècle d’un mix d’une dizaine de langues parmi lesquelles le français, l’anglais, le hindi, l’arabe ou encore le gujerati. Il a été créé par les colons et les esclaves. Ce créole s’est ensuite répandu sur les différentes îles colonisées de l’Océan Indien et a été enrichi par toutes les populations qui sont arrivées. C’est ainsi que sont nées les différences entre créoles mauricien, rodriguais ou réunionnais. Enrichi par l’arrivée d’esclaves afro-malgaches, le créole mauricien a ensuite continué à se développer grâce à l’apport des populations indiennes. Aujourd’hui encore, le créole continue de s’enrichir. Au 19ème siècle, il y a eu le catéchisme en créole destiné à évangéliser les esclaves.
Ouvrages liés à la langue et culture créole.
En 1773, Bernardin de Saint-Pierre publie » Voyage à l’île de France » . De 1730 à 1780, il y a eu également plusieurs procès dans les cours de justice mauriciennes impliquant des vols et des crimes où souvent les esclaves venaient déposer leur plaidoirie en utilisant le créole. En 1822, toujours en période d’esclavage, le colon franco-mauricien, François Chrestien, sorti le tout premier texte littéraire «Les essais d’un bobre africain » traduit en kreol morisien. À la proclamation de l’abolition de l’esclavage à Maurice en 1735, le texte existe en trois versions : anglais, français et créole. En 1880, Charles Baissac publia une étude sur le patois créole mauricien. Quatre ans plus tard, il sorti Récits créoles, contes et nouvelles, œuvre récompensée par l’Académie française. S’ensuit ensuite Le folklore de l’Ile Maurice, recueil de légendes, contes et chansons créoles (1888)… Certaines de ses œuvres furent publiées à Paris dans des revues. Charles Baissac fut fait chevalier de la Légion d’honneur distinction rare pour un Mauricien.
19ème et 20ème siècles.
Le créole connut une autre période grâce à Dev Virahsawmy qui en 1967 présente dans les colonnes de l’Express le créole comme étant la langue nationale de Maurice. Il continue d’écrire dans la même année du mois d’août à septembre, plusieurs textes en créole afin de sensibiliser la population mauricienne que cette langue devrait être prise en compte sur la plan politique, éducatif et culturel. De 1969 à 1970, le MMM le prend sous leur aile et valorise dans ses revendications et programmes la place du créole à Maurice. Arrivé à l’Université de Maurice en 1993, le Prof. Arnaud Carpooran fit parti du nouveau département de sociolinguistique. De plus, la question du créole commence petit à petit à émerger au sein de cette faculté. Le 28 octobre 2000, la Faculté des Social Sciences and Humanities de l’UOM, organise une première journée entièrement consacrée à la langue et culture créole : la kréolophonie et kréolofolie. Le doyen et professeur Arnaud Carpooran publie en 2009 le Diksioner morisien. Et en 2012, le Kreol Morisien fut introduit au sein des établissements scolaires.
Le Centre Nelson Mandela.
Créé le 27 octobre 1986, à la veille de la célébration de la langue et la culture créoles, le Centre Nelson Mandela fête cette année ses 35 ans d’existence. Stéphan Karghoo, directeur suppléant explique que le centre continue à fournir au public un aperçu unique de la culture africaine et créole. De plus, pour commémorer les 191 ans de La Tour Koenig, le monument historique a été restauré. Un calendrier d’activités débutera à partir du 28 octobre jusqu’au mois de décembre. Lespas art , des acitivtés liées à la culture créole. L’exposition intitulée » lafrik dan mwa « , seront présentés. Des ateliers de séga tipik, des poèmes en créole dont ceux de David Constantin seront présentés.