Le Covid a bon dos

Toujours pris au beau milieu de la tempête Covid, l’homme en a presque oublié celle, bien plus gigantesque, du changement climatique. Une crise à laquelle, bien plus encore que le virus, l’humanité n’est pas préparée, tant elle promet d’être destructrice en termes d’intensité. Certes, la cause climatique est toujours d’actualité, mais il est un fait que la crise sanitaire aura largement occulté cette question cruciale depuis l’apparition de ce satané virus. En atteste la prochaine COP, et qui aurait dû en fait en être à sa 27e édition si elle n’avait pas été reportée l’an dernier pour cause de… Covid.

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Reste évidemment à savoir maintenant si cette conférence tant attendue atteindra ses objectifs. Et ça, c’est loin d’être sûr. Car non seulement les promesses de 2015 n’auront pas été tenues, mais la question climatique est en outre diversement appréhendée, selon les États, certains y voyant en effet une urgence « moins urgente » que d’autres. Sans compter que dans le tas se trouvent également des gouvernements toujours sceptiques sur la pertinence du combat, si ce n’est sur sa crédibilité, tout au moins sur l’importance des sacrifices (économiques) qu’il impose de consentir.

L’exemple des Etats-Unis est d’ailleurs un cas d’école. Car si le pays de l’Oncle Sam a depuis peu réintégré l’Accord de Paris, n’oublions pas que pendant presque quatre ans, sous l’impulsion de Donald Trump, les USA n’auront quasiment pris aucune mesure écoresponsable, le seul mot d’ordre étant la relance des principales industries polluantes. Quatre ans de perdu, donc, pour un des plus gros pollueurs de la planète, rappelons-le. Ce qui pèse lourd dans la balance mondiale. Très lourd.

Rappelons d’ailleurs aussi que Donald Trump, toujours lui, comptait parmi les plus climatosceptiques dirigeants du monde. À ce titre, revenons sur une des conséquences directes du changement climatique, et pas forcément facile à appréhender, de facto pour le plus grand bonheur des « anti-climat » : l’augmentation des vagues de froid. Lorsqu’il était président, Trump avait d’ailleurs relevé ce paradoxe en se moquant ouvertement du réchauffement climatique, détournant alors le drame qui était en train de se jouer dans son propre pays en propagande idéo(stupido)logique. Et pour cause, puisque les Etats-Unis étaient alors pris dans un épisode pour le moins frisquet, certaines régions du pays, peu habituées à cela, ayant même eu à faire face à des blizzards sans précédent. Pour autant, ce phénomène ne discrédite aucunement le « réchauffement climatique ». Au contraire, il le confirme !

Pour comprendre cela, il faut s’en référer à une récente étude, publiée dans le magazine Science, et où ses auteurs mettent en exergue le réchauffement de l’Arctique. Ce phénomène, qui se produit à présent à un rythme deux fois plus élevé que la moyenne, aurait pour conséquence d’induire un étirement du vortex polaire, autrement dit d’un courant atmosphérique circulaire se formant au-dessus du pôle Nord en hiver. Et en s’élargissant, ce vortex engloberait alors des régions jusque-là relativement épargnées. Ce qui expliquerait notamment le froid intense qui a encore touché le Texas en février dernier.

Mais que l’on ne s’y trompe pas : ce phénomène ne durera pas. Avec la hausse graduelle des températures, il finira même par disparaître, et ce, à une vitesse d’autant plus rapide que nous n’agirons pas pour contrecarrer les effets du changement climatique. En France par exemple, affirment des experts de Météo France, dans la perspective d’une éventuelle hausse de température de 3,9 °C en 2100, certaines régions, comme l’ouest du pays, n’auront plus de gelées hivernales. Un phénomène qui aura d’ailleurs tendance à se généraliser dans les régions dites tempérées.

Au final, le plus dur reste donc de convaincre 195 pays, et donc 195 gouvernements et dirigeants, de l’urgence climatique. Car six ans après la COP21, et bien que tous aient signé l’Accord de Paris, peu ont réellement pris la mesure du danger et transformé leur engagement en actions. Certains diront bien sûr qu’entre-temps, le virus sera passé par là. Mais ce ne serait alors qu’un subterfuge. Une honteuse échappatoire signe d’un insolent dédain pour le devenir des peuples du monde.

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