À la veille de la Watershed Meeting d’Air Mauritius, les dirigeants de l’entente de l’Espoir ont fortement critiqué la gestion des administrateurs nommés, Sattar Hajee Abdoula et Arvindsingh Gokhool depuis avril de l’année dernière. « Comment expliquer que le déficit financier (de MK) soit passé de Rs 2,5 milliards en avril 2020 à Rs 9,5 milliards aujourd’hui ? », s’est demandé le leader de l’opposition Xavier-Luc Duval. Paul Bérenger considère que les administrateurs ont vendu quatre avions « pou dipin diber ». Roshi Bhadain estime, pour sa part, qu’Air Mauritius est un bel exemple de « l’accaparement de Lakwizinn Airways ». Ils ont réclamé unanimement une enquête sur la gestion des administrateurs. « Sinon le prochain gouvernement le fera », a prévenu le leader du MMM.
Roshi Bhadain est venu remettre le dossier d’Air Mauritius sur le tapis « La stratégie d’accaparement d’Air Mauritius par l’actuel gouvernement est claire. Il y a un fil conducteur entre l’affaire Seetaramadoo, le programme de transformation de Sherry Singh et la fusion d’Air Mauritius, d’AML, d’ATOL et MDFP par Ken Arian », a-t-il fait ressortir.
Pour le leader du Reform Party, Air Mauritius était en faillite bien avant l’avènement du Covid-19. Le fleuron d’autrefois avait déjà enregistré une perte de 25 millions d’euros en décembre 2018, un déficit qui s’était envenimé en 2019. « On se souvient de la vente d’actions détenues par Air Mauritius au sein de Pointe-Coton Hotel à Rodrigues. Il y a eu l’émission de 27 millions d’actions qui ont été attribuées à AML en échange des 20% d’actions détenues dans MDFP pour un montant de Rs 405 millions, qui est devenu Larzan Zete », dit-il.
Qui plus est, Roshi Bhadain s’est appesanti sur le rapport qu’a soumis Sattar Hajee Abdoula. Il a avancé que ce dernier a touché des honoraires d’un montant de Rs 50 millions alors que les Legal Fees se sont élevés à Rs 111 millions. Il s’est demandé quel montant a été payé au cabinet comptable Grant Thornton. Il s’étonne que Air Mauritius réclame aujourd’hui un montant de Rs 12 milliards alors que dans son rapport Abdoula reconnaît lui-même n’avoir pu vérifier l’« accuracy » des pertes de l’ordre de Rs 2,5 milliards au moment où la compagnie aérienne a été mise sous administration volontaire. Il soupçonne le nouveau holding, qui comprendra Air Mauritius, AML, ATOL et MDFP, de vouloir s’accaparer des Rs 12 milliards sans que l’on sache quel montant ira à Air Mauritius.
Au même chapitre, Xavier-Luc Duval s’est étonné que les pertes enregistrées par Air Mauritius aient augmenté sous l’administration volontaire passant de Rs 2,5 milliards à Rs 9,5 milliards sans qu’aucune explication ne soit fournie. « Pourquoi ont-ils vendu les avions pour quelques centaines de milliers d’euros? Il faudra une enquête complète sur l’administration d’Air Mauritius depuis la nomination de Sattar Hajee Abdoula à ce jour vu que les chiffres n’ont pas de sens », a-t-il insisté. Paul Bérenger s’est interrogé sur la vente de quatre avions « sans solliciter des avis d’experts en la matière ». Il poursuit : ainsi, deux A319 ont été vendus pour 6 millions de dollars seulement et deux A340 ont été vendus comme de la vieille ferraille pour n’obtenir que 350 000 dollars. Quant à savoir s’il faudra privatiser la compagnie Air Mauritius, Paul Bérenger a fait ressortir que cette question a été évoquée et que chaque parti de l’Entente discutera de son côté de la gestion de la compagnie nationale afin que celle-ci puisse être relancée. Les options devant être envisagées devraient inclure la possibilité d’avoir un partenaire stratégique.