Nos compatriotes meurent à la pelle. Et ce sont des pelleteuses qui sont mises en œuvre pour fouiller leurs tombes. L’arpent alloué à Bigara étant saturé, selon les autorités, ce sont désormais des fosses du cimetière de Bois-Marchand, à la périphérie de la capitale, qui hébergent les nouvelles victimes de ce fichu virus, qui rend notre gouvernement complètement gaga ! Aucun membre du régime de Pravind Jugnauth ne sort de son mutisme. Aucun ministre, député, PPS ou élu n’a de mots de réconfort et de sympathies pour les familles endeuillées. De temps à autre, le communiqué d’un style on ne peut plus lapidaire du gouvernement s’affranchit d’une formule genre « a le regret d’annoncer… ». Comme si cette soudaine reformulation pourrait soulager les souffrances des uns et des autres. Qu’en pensent les parents et proches de la petite Keira Esther ?
Le Covid-19 a-t-il à ce point donc déshumanisé nos décideurs politiques ? Ou est-ce parce qu’ils sont eux-mêmes acculés et qu’ils ne savent plus quoi faire qu’ils ont opté pour ce silence mortel ? Du point de vue de la rue, de plus de plus de Mauriciens ont le curieux sentiment que ce gouvernement nous a tout simplement abandonnés et laissés pour morts. Que la philosophie désormais du régime de Pravind Jugnauth, c’est le chacun pour soi. Le virus circule et contamine à tour de bras. Pour ceux qui s’en sortent, tant mieux. Pour ceux qui y laissent leur vie, tant pis. Dommages collatéraux…
Les parents et proches de ceux qui succombent de ce satané virus ne sont pas légion à parler aux médias de leurs souffrances et de ce qu’ont enduré les victimes. Par peur de représailles, peut-être. Ou tout bonnement parce qu’ils sont atterrés et n’ont plus la force de parler. Par contre, on a bien entendu les habitants vivant aux abords du cimetière de Bois-Marchand cette semaine !
La confiance d’une large frange de la population s’effrite de jour en jour, surtout par manque d’informations claires et précises. On ne cessera de le répéter : entretenir l’opacité, c’est nourrir le doute et cultiver l’ignorance. La preuve la plus flagrante de ce manque de confiance a été le choix de l’ancien Premier ministre et leader des Rouges, Navin Ramgoolam, testé positif au Covid-19, de s’en remettre aux autorités indiennes plutôt que de confier sa santé à l’équipe de Jagutpal, Joomaye et Gaud ! Cette décision est on ne peut plus révélatrice.
Le flou entretenu autour de la saturation du cimetière de Bigara et la décision de ne plus accueillir que les cas graves à l’hôpital ENT de Vacoas créent davantage de confusion dans la tête des Mauriciens. Déjà que nous sommes bien préoccupés par la quantité d’informations relatives aux décès des patients, relayées par les médias quotidiennement. Refuser de communiquer de manière claire n’aide en rien à rassurer la population. Bien au contraire. Ces mauvaises informations nous entraînent à développer des attitudes irresponsables.
Que s’est-il réellement passé dans le cas de la petite Keira Esther ? Le décès tragique de cette fillette de 15 mois a ému tout le pays cette semaine. Saura-t-on jamais la vérité sur cet énième cas, où il semble bien qu’il y ait eu confusion ou négligence ? Comment se retrouve-t-on avec deux certificats de décès, signés par deux médecins différents, invoquant chacun une raison ayant entraîné la mort de cette petite fille ?
Silence pesant également du MSM autour du décès de l’ex-soldat de la maison orange Soopramanien Kistnen. Un an déjà, très bientôt, que cet activiste a été retrouvé partiellement calciné. N’était-ce la levée de boucliers du panel d’avocats des Avengers depuis l’an dernier, la mort de Kistnen aurait déjà été reléguée aux oubliettes. A-t-il été réduit au silence de peur qu’il n’ébruite certaines vérités entourant les pratiques douteuses de ceux se trouvant au pouvoir, ou gravitant autour ? Cette affaire n’a pas fini de soulever son lot de questions.
La semaine qui débute marque aussi le début du deuxième trimestre scolaire. Et c’est reparti côté stress pour parents, élèves et étudiants. Pour sa part, la ministre de l’Éducation et VPM ne s’en tient qu’à sa communication classique. Au diable les clarifications : ça n’engendre que des débats qui ont la fâcheuse habitude de mettre nos élus dans des situations… cocasses !