– Des habitants du Sud-Est invités à renoncer à leurs droits aux poursuites contre le propriétaire du vraquier, l’assureur et le gouvernement mauricien… contre une somme de Rs 30 000
– Ashok Subron : « Le GM est-il en train de vendre son propre peuple ? »
Un scandale semblable à celui des Chagossiens. C’est en ces termes qu’Ashok Subron de Rezistans ek Alternativ (ReA) qualifie la démarche de la compagnie japonaise Okiyo Maritime Corp, représentant le propriétaire du MV Wakashio. Celle-ci a fait signer un contrat de quittance à ceux qui ont obtenu une compensation suivant la marée noire dans le Sud-Est. Contre un paiement de Rs 30 000, les résidents doivent ainsi renoncer à toute poursuite contre les parties engagées dans l’affaire du Wakashio, ainsi que contre l’État mauricien.
Ashok Subron dénonce la manière de procéder de la compagnie japonaise, « avec la complicité du gouvernement mauricien » face au désastre écologique et l’impact social causés par la marée noire. « Il y a un complot entre le gouvernement mauricien et les intérêts japonais. Le ministère de l’Économie océanique – qui avait mis sur pied une plateforme pour recueillir les demandes de compensation – doit venir donner des explications à la population. Tout comme le Premier ministre, Pravind Jugnauth. »
Le porte-parole de ReA dit ne pas comprendre comment on peut demander à des personnes qui ont vu leurs vies bouleversées par la marée noire et dont on ne connaît pas encore les impacts à long terme, de renoncer à leurs droits de poursuite. « Une telle démarche survient alors même que la Court of Investigation sur l’échouement du Wakashio est en cours. De plus, la responsabilité d’un gouvernement est de défendre les droits de ses citoyens et non pas défendre les intérêts des parties japonaises. »
Dans ce formulaire remis à ceux ayant reçu un chèque en guise de dédommagement, il est mentionné que le soussigné s’engage à ne s’adonner à aucune poursuite contre toutes les compagnies japonaises impliquées dans ce désastre ; allant du propriétaire à l’assureur, ainsi que du gouvernement mauricien. Cette affaire, poursuit Ashok Subron, soulève de sérieux doutes sur le rôle du gouvernement mauricien. « Y a-t-il eu des négociations à ce sujet lors du passage du ministre des Affaires étrangères japonais ? Le gouvernement est-il en train de vendre son propre peuple? »
Ashok Subron dresse un parallèle entre cette situation et celle des Chagossiens à qui la Grande-Bretagne avait aussi fait signer un tel contrat. « Finalement, la Cour Internationale de Justice a renversé cela. » La position du gouvernement mauricien amène aussi à se demander si celui-ci compte bien engager des poursuites contre le MV Wakashio. « Le Premier ministre doit donner des réponses à la population à ce sujet. »
Par ailleurs, Ashok Subron souligne que la plainte des citoyens contre les responsables du MV Wakashio est en cours de finalisation. Il a invité ceux qui avaient déjà donné leur aval pour cela de confirmer leur position et d’apporter toutes les preuves qui pourraient soutenir leurs demandes.
Selon lui, il ne faut pas non plus négliger l’impact écologique que pourrait avoir la marée noire sur le long terme. Comment céder ses droits, sans savoir ce qui peut arriver à l’avenir, se demande-t-il.