Alors que ceux participant aux Jeux olympiques sont rentrés bredouilles de Tokyo, le mois dernier, une athlète en particulier s’est illustrée de la plus belle des manières. Aux Jeux paralympiques, cette fois. Noemi Alphonse a, en effet, représenté dignement la République de Maurice au Japon. Même si elle n’est pas parvenue à monter sur le podium. Avec quatre finales disputées et quatre records nationaux et d’Afrique battus en fauteuil (catégorie T54), on dira que Noemi Alphonse a été tout simplement exceptionnelle. Comme on s’y attendait tous d’ailleurs.
Ce que Noemi Alphonse a accompli en une semaine de compétition seulement mérite l’appréciation de toute une nation. Même s’ils sont nombreux à avoir exprimé leur colère et déception quant à l’absence d’image sur les chaînes de la télévision nationale, boudant ainsi leur plaisir de pouvoir vibrer au rythme des exploits de cette Mauricienne définitivement pas comme les autres ! Non seulement pour ce qu’elle a enduré en tant que personne handicapée, mais également par cette force à pouvoir retourner toute situation en sa faveur.
Cette semaine a donc été décisive pour Noemi Alphonse. Elle qui nourrit, depuis quelques années, le rêve de participer aux Jeux paralympiques. Elle qui est aussi devenue, en mai dernier, le symbole de toute une communauté, en validant la toute première qualification de Maurice à ces Jeux. Même si au temps où elle découvrait le para-athlétisme, il y a six ans de cela, sous la direction de son mentor de toujours, Jean-Marie Bhugeerathee, elle n’y pensait pas forcément. Les regards étant surtout rivés sur les Jeux des Iles de l’océan Indien.
Mais depuis, les choses ont beaucoup évolué. Au prix de beaucoup d’efforts, d’abnégation et de persévérance surtout. L’ado qui venait à peine de goûter, à l’époque, à ses 19 ans a, depuis, beaucoup grandi. Non seulement physiquement, mais aussi psychologiquement. Elle est désormais une femme épanouie et cela se sent en mesurant l’ampleur de ses propos dans les différentes interviews accordées à Week-End depuis ses débuts à ce jour. Les difficultés rencontrées, à une certaine époque, notamment au niveau de la fédération et même avec un ancien ministre, lui ont permis de franchir un palier.
On dira donc que le handisport a donné un autre sens à sa vie. Que le para-athlétisme a changé la vie de Noemi Alphonse et l’a même rendu encore meilleur. Non seulement pour elle, mais aussi et surtout pour ses parents, nommément Jean-Alain et Nathalie. Ces derniers peuvent aujourd’hui en être très fiers de l’accomplissement de leur fille, désormais une héroïne pour un pays tout entier.
Une fierté somme toute légitime pour tout parent et encore plus dans le cas des Alphonse. Cela, en considérant toutes les difficultés rencontrées depuis la naissance de cette athlète hors-pair. Une situation très complexe et à laquelle le maître-mot demeure sans conteste l’amour et la patience. Faut-il aussi trouver le courage de s’adapter aux regards des autres. Un vrai parcours de combattant.
Aujourd’hui, Noemi Alphonse donne, non seulement espoir aux handicapés, mais aussi à ces milliers de parents qui souffrent intérieurement. Désormais aussi, elle a prouvé que n’importe qui a droit au bonheur, à la postérité. Elle a démontré qu’avec de la détermination et un bon encadrement familial et sportif, on pouvait aussi, avec le temps et la patience, transformer son handicap et en faire une véritable force.
Ce qu’a accompli Noemi Alphonse à Tokyo démontre aussi que la vie ne s’arrête pas à son handicap. Qu’on peut vivre et s’exprimer normalement tout en étant différente physiquement des autres. Idem pour ceux souffrant d’une déficience intellectuelle où la complexité est encore plus sévère. Sauf qu’en Eddy Capdor, ceux de cette catégorie ont trouvé un symbole en celui qui a aussi participé à ces Jeux paralympiques à la longueur.
Désormais, Noemi Alphonse n’a plus les yeux rivés sur les Jeux des Iles ou encore de pouvoir se qualifier pour les Jeux paralympiques. L’objectif est maintenant d’aller chercher une médaille aux Jeux de 2024, dans trois ans seulement, à Paris en France. Et elle a des raisons d’y croire, notamment au 100m où elle est descendue à 16:48, et prit une cinquième place en finale, faisant d’elle ainsi une sprinteuse respectée du gratin mondial.
À 25 ans et bientôt 28 en 2024, Noemi Alphonse atteindra l’âge de la maturité à Paris, faisant d’elle l’un des meilleures handisportives mondiales sur la distance et pourquoi pas aussi, une des favorites pour les trois médailles en jeu. Osons rêver grand. Noemi Alphonse est définitivement une athlète pas comme les autres. Elle n’a d’ailleurs pas déçu jusqu’ici et l’on veut tous y croire. Alors, que les très gros moyens soient déployés pour que d’ici trois ans, personne n’ait de regret !